L'affaire d'extorsion dans un lycée du Nord en quatre questions
Un enseignant remplaçant est poursuivi par la justice pour avoir conclu un accord financier avec deux parents d'élève pour éviter à leur fils d'être exclu.
Il aurait exigé jusqu'à 10 000 euros à des parents d'élève pour éviter à leur fils d'être exclu. Un enseignant remplaçant d'un lycée professionnel du Nord-Pas-de-Calais est poursuivi par la justice pour extorsion. Interpellé mardi avec sa compagne, le professeur de 53 ans a été "placé sous contrôle judiciaire et est interdit d'accès à tout établissement scolaire" jusqu'à sa comparution le 27 février, selon le procureur d'Avesnes-sur-Helpe, Bernard Beffy. Francetv info revient sur les questions qui se posent dans cette affaire.
Comment s'est conclu l'arrangement financier ?
L'affaire avait démarré le 9 décembre 2011 au lycée Pierre-et-Marie Curie d'Aulnoye-Aymeries, lorsque l'élève avait jeté des boulettes en papier sur l'enseignant. En juin 2012, aucune sanction n'ayant été prise, le professeur contacte les parents "pour leur demander des réparations", affirmant avoir subi "de graves conséquences traumatiques" et demande "qu'on lui verse 10 000 euros", selon le procureur. La famille de l'élève étant très modeste, "une négociation un peu sordide" débouche sur une somme de 7 500 euros, répartie en versements mensuels de 300 euros. Le professeur et sa compagne formalisent l'engagement en faisant "signer une convention" aux parents. Le père de l'élève a porté plainte le 11 janvier, au lendemain d'un conseil de discipline lors duquel son fils a été définitivement exclu du lycée pour d'autres faits.
"Je suis victime de la famille de cet élève", s'est défendu l'enseignant dans un enregistrement publié vendredi par La Voix du Nord sur son site internet. "C'est la famille qui m'a demandé un arrangement financier pour que leur fils n'ait pas un casier judiciaire pour l'empêcher de rentrer dans la gendarmerie et pour que le père n'ait pas de répercussions sur son emploi" de concierge dans un collège, affirme le professeur, qui dit au Parisien avoir été "harcelé" par le père pour accepter l'accord financier. "J'ai été trop bon avec cette famille en faisant un geste pour les protéger", affirme-t-il.
"Je n'ai rien demandé", a-t-il livré à nos collègues de France 3 Nord-Pas-de-Calais.
Comment l'enseignant a-t-il été agressé ?
"A la fin d'un cours, plusieurs élèves se sont placés devant moi pour en cacher un autre qui a lancé une boulette d'aluminium de dix centimètres de diamètres avec des morceaux de brique à l'intérieur, livre le professeur d'économie et de gestion dans Le Parisien. Il m'a touché à la tempe. Après l'impact, j'ai perdu connaissance, mais j'ai vite repris mes esprits."
Selon le procureur, "cette version a été démentie par l'enquête". Les déclarations des élèves montrent en effet qu'il n'y a eu que des jets de boulettes. Contrairement à ce qu'il affirme samedi dans Le Parisien, l'enseignant n'a jamais eu d'arrêt de travail et l'examen médical ne montre qu'une "légère lésion", selon le parquet.
Le lycée était-il au courant ?
L'enseignant assure à La Voix du Nord avoir rapporté les faits "au proviseur adjoint" et accuse le chef d'établissement de ne pas avoir pris "les mesures nécessaires à (sa) protection". "La hiérarchie du lycée dément avoir reçu un rapport d'incident. Le document retrouvé chez (l'enseignant) serait un faux", a affirmé le procureur.
Que risque l'enseignant ?
L'enseignant et sa compagne risquent jusqu'à sept ans d'emprisonnement et 100 000 euros d'amende. Le ministre de l'Education Vincent Peillon, dans un communiqué, a fait part de "sa stupéfaction", ajoutant que "le chantage et l'extorsion à l'égard de la famille d'un élève, s'ils étaient avérés, seraient d'une exceptionnelle gravité tant ils sont contraires aux valeurs du service public éducatif qui doivent animer les relations entre l'école, les élèves et leurs parents".
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