Une projection du film "Barbie" annulée à Noisy-le-Sec après des menaces empreintes d'"obscurantisme et de fondamentalisme"

La ministre de la Culture, Rachida Dadi, a dénoncé "une atteinte grave à la programmation privant familles et enfants d'une activité culturelle."

Article rédigé par franceinfo
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Une affiche du film "Barbie", projeté à Cracovie, en Pologne, le 25 juillet 2023. (BEATA ZAWRZEL / NURPHOTO / AFP)
Une affiche du film "Barbie", projeté à Cracovie, en Pologne, le 25 juillet 2023. (BEATA ZAWRZEL / NURPHOTO / AFP)

"Ce n'est pas la première fois dans ce quartier, et c'est inadmissible, car la majorité des habitants aspirent à bénéficier des actions de notre municipalité". Dans un communiqué, publié lundi 11 août, Olivier Sarrabeyrouse ne cache pas sa colère. Le maire PCF de Noisy-le-Sec (Seine-Saint-Denis) a été contraint d'annuler la projection du film Barbie de Greta Gerwig, initialement prévue le 8 août à 21 heures dans un quartier de la ville.

La séance, prévue en plein air, était organisée dans le cadre d'une animation estivale qui existe depuis 2023. Alors que la programmation avait été choisie par des habitants du quartier du Londeau, qui accueillait la séance, la projection n'a pas pu avoir lieu, des agents municipaux ayant été "menacés de violence". 

Une plainte déposée

"Tandis que les agents installaient, des jeunes les ont menacés, disant qu'ils allaient empêcher le visionnage et démolir le matériel, raconte au Parisien Olivier Sarrabeyrouse. Les agents ont essayé de discuter, mais c'est devenu très agressif. Comme ils se sentaient en danger, les agents m'ont appelé. C'est moi qui ai pris la décision d'annuler la séance." "Ils disaient que [le film] prône l'homosexualité et que c'est une atteinte à l'intégrité de la femme" , ajoute auprès du quotidien Olivier Sarrabeyrouse, qui annonce une plainte. 

"Je déplore qu’un petit groupe du quartier ait mobilisé son énergie sous la pression d’un individu pour empêcher la projection de ce film, pourtant classé tout public en France lors de sa sortie au cinéma en 2023."

Olivier Sarrabeyrouse, maire PCF de Noisy-le-Sec

dans un communiqué

"Ces menaces ont été motivées par des arguments fallacieux, traduisant l'obscurantisme et le fondamentalisme instrumentalisés à des fins politiques", poursuit le maire dans son texte. La ministre la Culture, Rachida Dati, a dénoncé mercredi sur X "une atteinte grave à la programmation privant familles et enfants d'une activité culturelle."

Aurore Bergé, ministre déléguée chargée de l'Egalité femmes-hommes, lui a emboité le pas. "Il ne faut pas traiter cela du point de vue de l'anecdote. Ce n'est pas anecdotique qu'une mairie soit dans l'obligation de renoncer à la projection d'un film qui a pourtant été choisi par les habitants eux-mêmes", a-t-elle fustigé auprès du Figaro. "On ne devrait jamais accepter de plier face à ce type d'attaques contre les choix des habitants et les valeurs qui sont les nôtres", a-t-elle ajouté. 

Jeudi, c'est le ministre de l'Intérieur qui a réagi. "Nous sommes en France et en France il n'y a pas de police des mœurs et de la vertu", a déclaré Bruno Retailleau, selon son entourage à franceinfo. "Ces pressions d'une minorité violente qui veut halaliser l'espace public ne sont pas acceptables, comme n'est pas acceptable le moindre recul face à des revendications communautaires", a-t-il ajouté. 

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