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Migrants : le mur monté à Calais est "complètement inutile"

Le mur en construction à Calais pour protéger les accès au port, est "inutile", estime le président de l'association d'aide aux migrants Salam. Jean-Claude Lenoir, invité de franceinfo mercredi 21 septembre, s'exprime alors que la campagne présidentielle va amener les candidats à prendre position.  

Article rédigé par franceinfo
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Les travaux pour la construction d'un mur à Calais, censé protéger les accès au port, ont commencé mardi 20 septembre (JEAN-PIERRE BRUNET / MAXPPP)
Les travaux pour la construction d'un mur à Calais, censé protéger les accès au port, ont commencé mardi 20 septembre (JEAN-PIERRE BRUNET / MAXPPP)

Nicolas Sarkozy, candidat à la primaire de la droite pour la présidentielle de 2017, se rend mercredi 21 septembre à Calais au lendemain du lancement de la construction d'un mur. Il est censé sécuriser la route et empêcher les migrants de monter dans les camions pour tenter de rejoindre la Grande-Bretagne. Invité de franceinfo mercredi, Jean-Claude Lenoir, président de l'association d'aide aux migrants Salam (Soutenons, aidons, luttons, agissons pour les migrants et les pays en difficulté) estime que ce mur est "inutile"

franceinfo : quelle est la vocation du mur alors que le démantèlement de la "Jungle" de Calais est programmé ? 

Jean-Claude Lenoir : C’est beaucoup d’argent perdu. Après avoir défiguré notre Calaisis avec du double grillage surplombé de fil barbelé sur des kilomètres, après le déracinement des arbres et des buissons par Eurotunnel au détriment de la sécurité puisque nous sommes sur un polder, voici un mur complètement inutile. Pour une fois, en amont, il y a une préparation du démantèlement, du relogement des personnes. Donc, c'est à nouveau de l'argent qui va être bradé de façon stupide.

Le mur est pourtant en construction. Est-ce par crainte de voir venir ou revenir des migrants à Calais ?

Calais restera à 25 km de l’Angleterre. Par contre, si le démantèlement est anticipé, s’il ne reste à Calais que des hébergements officiels, organisés, avec des travailleurs sociaux pour aider les migrants à penser à leur avenir, alors ce mur [financé par la Grande-Bretagne] n’aura plus lieu d’être.  

Faut-il obliger les maires à accueillir les migrants ?

Bien évidemment. La solidarité n’est pas un vain mot. L’équation est simple : entre 10 et 12 000 personnes pour 66 millions d’habitants. Il faut que les politiques de droite ou de gauche et les vrais citoyens aient un discours pédagogique sur la nécessité d’aller vers la paix dans le monde. La paix est à ce prix, dans une période transitoire, pour accueillir les gens à travers l’Europe et à commencer par la France.

Nicolas Sarkozy se rend mercredi à Calais, a priori sans rencontrer les associations qui aident les migrants. Le regrettez-vous ? 

Nicolas Sarkozy comme l’ensemble des candidats à la présidentielle lisent la presse et savent ce qui se passe. Monsieur Sarkozy avait démantelé Sangatte sans aucune préparation, cela avait été un échec cuisant. Il ne semble pas avoir beaucoup progressé dans ce domaine. Avec tout le respect que je peux avoir pour notre ancien président de la République, il a un discours trop clivant, trop identitaire, trop répressif. Les migrants continueront à venir à travers l’Europe. Il faut donc s’y préparer et avoir un discours solidaire.

La campagne présidentielle va-t-elle être utile à la situation sur le Calaisis ?

Je pense que les gens vont être obligés de prendre des responsabilités. Mais aujourd'hui, il y a un climat détestable, une surenchère politique. Bon nombre de gens flirtent avec les idées du Front national. Il faut donc être très prudent, y compris quand on fait de belles actions comme ce logement des gens. Il faut faire attention à ce que cela ne soit pas dévoyé et que la solidarité reste la ligne de mire de notre politique.

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