"Jungle" de Calais : comment est né "l'appel des 800"
Des cinéastes sont à l'initiative de la pétition. Francetv info raconte comment ils ont réussi à mobiliser des acteurs, des écrivains, des auteurs de BD, des intellectuels et même des responsables d'ONG.
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C'est une pétition "écrite en quelques heures". Quelque 800 artistes et intellectuels ont publié un appel pour mettre fin à "l'indignité" de la "jungle de Calais", dans l'édition datée du 21 octobre du journal Libération. Des milliers de migrants s'entassent dans des conditions misérables dans cet immense bidonville situé en bordure de la ville, dans le Pas-de-Calais.
Les cinéastes Catherine Corsini, Christophe Ruggia, Pascale Ferran, Nicolas Philibert et Romain Goupil sont à l'initiative du texte. "Trois des cinéastes (Ruggia, Philibert et Corsini) revenaient de Calais où ils avaient passé la journée de lundi à rencontrer des migrants et à évaluer une situation humaine et sanitaire devenue intenable", rapporte Libération. "Tout d’un coup on sort de la logique du chiffre, des statistiques, on voit des visages", explique avec émotion Catherine Corsini.
"C'est une poignée d'artistes qui a écrit ce texte"
L'idée a germé samedi soir. "On s’est tous appelé en se disant que quelque chose passait toute mesure", raconte Romain Goupil au quotidien. Une fois le texte rédigé, il est diffusé. Par mail, par sms, par téléphone. Les cinéastes mobilisent leur réseau. L'objectif est de récolter 100 à 200 signatures. Il est vite dépassé. La pétition est signée par 800 personnalités lundi soir, puis elle est mise en ligne. Désormais, elle est ouverte à tous.
"C'est une poignée d'artistes qui a écrit ce texte. Je partage ce point de vue, donc j'ai signé", raconte à francetv info Françoise Sivignon, présidente de l'ONG Médecins du Monde. Des journalistes l'ont contactée lundi après-midi pour lui proposer d'apposer son nom en bas du texte. Dans le même temps, une connaissance commune avec Romain Goupil la sollicite.
"L'appel des 800 me fait chaud au cœur. Je suis heureuse de voir que des artistes se bougent pour que le gouvernement prenne la mesure du drame, poursuit Françoise Sivignon. Il correspond en quasi-totalité à ce qu'on demande depuis des mois. J'étais à Calais il y a quelques semaines. 6 000 migrants vivent dans des conditions qui ne respectent pas les standards des Nations unies sur les camps humanitaires." Tout ce que dit le texte de la pétition, "les infections", "la gale", est vrai, assure-t-elle.
Auteur de bande dessinée, Denis Bajram, lui, n'a aucune idée de qui se cache derrière l'initiative. Peu importe : il signe. "C'est Riad Sattouf [autre auteur de BD signataire] qui m'a transmis le texte. Je me sens concerné en tant que citoyen. En ne faisant rien, on s'en prend aux migrants, explique-t-il à francetv info. C'est bien que le monde de la bande dessinée s'implique, cela montre qu'on est sérieux. C'est aussi le moyen d'affirmer une opinion. J'espère qu'on sera entendus, mais je ne sais pas ce que ça va donner."
"L'Etat ne peut pas les laisser dehors"
Bernard Cazeneuve a salué mardi la "voix d'une France mobilisée, solidaire et généreuse, qui refuse le repli sur soi et le rejet de l'autre", en écho à la pétition. Le ministre de l'Intérieur a rappelé que la situation sanitaire des migrants faisait l'objet d'une mission, dont les conclusions lui seront remises mercredi. Il décidera ensuite des adaptations nécessaires.
Bernard Cazeneuve sera à Calais mercredi en fin d'après-midi. Le ministre a d'ores et déjà indiqué que la capacité d'accueil du centre d'hébergement des personnes vulnérables serait portée de 100 à 200 places d'ici la fin de l'année. Très insuffisant, selon Françoise Sivignon. "Les personnes vulnérables, ce sont des femmes et des enfants. Cela signifie qu'ils se retrouvent dehors. Or, nos équipes décrivent de la violence envers des femmes." La pétition va jusqu'à parler de "viol".
Les cinéastes veulent rester mobilisés. Ils envisagent d'aller chaque semaine à Calais y tourner des images et témoigner de l’évolution de la situation, selon Libération. "L'hiver arrive, c'est de plus en plus difficile, insiste la présidente de Médecins du monde. L'Etat ne peut pas les laisser dehors. C'est sa responsabilité de les protéger. Aux responsables politiques d'imaginer les dispositifs pour les mettre à l'abri et les nourrir."
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