Reportage "Ça pourrait ajouter de la vie" : une proposition de loi veut faciliter l'ouverture des bistrots dans les villages

Pour revitaliser les villages, le député macroniste Guillaume Kasbarian propose de créer plus facilement des licences IV qui permettent la vente d'alcool fort. Actuellement, une telle licence coûte plusieurs milliers d'euros.

Article rédigé par Anne-Lyvia Tollinchi
Radio France
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Temps de lecture : 3min
Le maire de Nollieux (à gauche), Maxime Fleury, a aménagé une salle de la mairie pour compenser l'absence de bistrot dans le village. (ANNE-LYVIA TOLLINCHI / FRANCEINFO)
Le maire de Nollieux (à gauche), Maxime Fleury, a aménagé une salle de la mairie pour compenser l'absence de bistrot dans le village. (ANNE-LYVIA TOLLINCHI / FRANCEINFO)

Un texte, étudié lundi 10 mars à l'Assemblée nationale en séance publique, entend faciliter la création des licences IV, qui permettent de vendre de l'alcool fort, dans les communes de moins de 3 500 habitants. Aujourd'hui, la législation oblige à les acheter. Le but de cette proposition de loi du député macroniste Guillaume Kasbarian est de redonner vie aux villages en rouvrant des bistrots. 

À Nollieux, un petit village de 200 habitants dans la Loire, à une heure de route de Lyon, les habitants n'ont plus de bistrot depuis une trentaine d'années. À l'époque, ce commerce, avec son bar et son épicerie, se trouvait en face du clocher. Didier, lui, avait 20 ans : "Le meilleur souvenir, c'est le jour où je me suis marié. Après être sortis de l'église, on est allés où ? On est allés au bistrot. Et tous les dimanches matin, les anciens se retrouvaient pour jouer aux boules et on allait boire un petit coup. Pratiquement tous les jeunes se retrouvaient ici"

Depuis, l'établissement a fermé et il a été transformé en habitation. Cela fait un vide pour Gilbert. "Il faut aller à Saint-Germain-Laval, à quatre, cinq kilomètres pour boire un coup", indique-t-il. 

"C'est malheureux de dire ça mais ici, il n'y a rien".

Gilbert, habitant de Nollieux

à franceinfo

"Avant, ils se connaissaient tous. Ma grand-mère me dit tout le temps qu'elle connaît un tel, ou un tel. Alors que nous, à part nos voisins, on ne connaît personne. Ça pourrait tous nous réunir de temps en temps, et puis ça pourrait même faire venir du monde d'à côté, pour parler, se connaître, ajouter de la vie", estime de son côté, Laure. 

"Un moyen de redémarrer la dynamique"

Pour remettre de la vie, de la convivialité, le maire Maxime Fleury a aménagé une salle de la mairie. Il a installé une longue table au centre, un comptoir et un frigo. "Ça a été rénové pour les associations, explique l'élu. On passe souvent par le biais associatif dans les petits villages pour garder de l'animation". Mais pour que ça fonctionne, dit-il, "il nous faut une licence IV le plus rapidement possible"

Cette autorisation permet de vendre de l'alcool fort, ce qui rapporte le plus d'argent. "Le fait de retrouver une licence, ça ne va pas transformer le village comme ça, mais ça permet quand même aux associations de faire des festivités de façon plus libre. Comment imaginer pouvoir organiser un Réveillon sans licence IV ? Ça peut être un moyen de redémarrer la dynamique", assure Maxime Fleury. 

Le nombre de bistrots a été divisé par cinq depuis 1960

Aujourd'hui, ces licences coûtent plusieurs milliers d'euros. C'est trop cher pour le maire de Nollieux, mais si la loi passe, il pourrait en créer une gratuitement. Cela ne réglerait pas le problème de fond, nuance Yves Nicolin, président de l'association des maires de la Loire : "Pourquoi est-ce que, dans nos villages, beaucoup de bars ont été fermés ? Parce qu'on ne trouve plus forcément de personnes pour pouvoir les exploiter. Et il est donc très important qu'il y ait d'abord un équilibre économique qui permette à cette activité de vivre"

Il craint aussi que "les gens aient perdu l'habitude" avec le temps, puisque depuis 1960, le nombre de bistrots en France a été divisé par cinq. Par ailleurs, La France insoumise a déjà annoncé qu'elle s'opposera à cette proposition de loi au nom de la lutte contre l'alcoolisme.

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