L'étoile de Cannes (5/14). "Cold War" : l'amour en noir et blanc
"Cold War", de Pawel Pawlikowski, était en compétition jeudi soir à Cannes. Retour sur une belle et grande histoire d'amour sur fond de guerre froide dans la Pologne de l'après-guerre.
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Cold War, du réalisateur polonais Pawel Pawlikowski, était en compétition jeudi 10 mai au Festival de Cannes. Tourné en noir et blanc, le film raconte une histoire d'amour sur fond de guerre froide dans la Pologne de l'après-guerre.
Le réalisateur Pawel Pawlikowski vient du documentaire, il en a gardé le sens de la précision, mais dans la forme, il contourne. Pour restituer la Pologne détruite, absorbée dans le bloc soviétique, il n'a pas cru que la couleur était possible, c'était "gris-marron-vert", dit-il. Son noir et blanc est contrasté, l'image presque carrée. C'est dans ce cadre qu'apparait Zula, son personnage féminin.
Dans une campagne reculée, la jeune fille passe une audition pour une troupe folklorique. Le régime communiste veut mettre en valeur la culture populaire. Wiktor, musicien blasé, plus âgé qu'elle, la repère et on comprend à cet instant que leur amour sera passionnel et impossible. Quand la compagnie devient un instrument de propagande stalinienne, Zula savoure simplement d'en être la vedette et Wiktor, lui, rêve de passer à l'Ouest.
De 1949 à 1964, on les suit, par épisodes, à Berlin, à Paris, de nouveau en Pologne. Elle est insaisissable, femme enfant. Lui est idéaliste, mélancolique. Ces différences ne trouvent pas d'issue géographique. Tomasz Kot et Joanna Kulig, qui chantent aussi divinement bien, sont des interprètes irrésistibles.
Une maîtrise totale
Pour qu'une histoire d'amour soit en compétition à Cannes, il en faut évidemment plus. Pawel Pawlikowski laisse des trous dans le scénario, des silences, dans lesquels le spectateur s'engouffre, porté par une musique très présente qui évolue, des chants paysans vers le jazz dans les caves parisiennes.
Quand les mots ne parviennent plus à dire l'impossibilité de l'amour, la musique et la photographie quasi-picturale (Pawlikoski cite Cartier-Bresson) sont bien plus éloquentes. Quant au contexte historique, il n'est pas un décor, ni un fléau qui persécute ce couple maudit, il accompagne le drame, une histoire impossible dans un pays impossible.
Le cinéaste polonais a imposé son style avec Ida, son précédent film dont il a obtenu l'oscar du meilleur film étranger. À Cannes, il vient aussi défendre sa liberté d'artiste, celle de faire de belles choses. Quand le pouvoir à Varsovie voudrait des films faisant l'apologie de la Pologne, alors oui, une si belle histoire d'amour, c'est aussi un geste politique.
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