Un prêtre aujourd'hui décédé a agressé sexuellement des collégiens de Bitche pendant 25 ans en Moselle

Ce prêtre a sévi au collège Saint-Augustin, une institution catholique réputée en Moselle, qui a fermé en 2012. La rédaction d'ICI Lorraine a identifié une dizaine de victimes, d'anciens internes garçons scolarisés en 6e et 5e. Tous affirment avoir subi des attouchements répétés de la part ce prêtre. Lui n'a jamais été inquiété.

Article rédigé par franceinfo - avec ICI Lorraine
Radio France
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L’ancien collège-lycée Saint-Augustin de Bitche (Moselle) a fermé en 2012. (JULIE SENIURA / ICI LORRAINE / RADIOFRANCE)
L’ancien collège-lycée Saint-Augustin de Bitche (Moselle) a fermé en 2012. (JULIE SENIURA / ICI LORRAINE / RADIOFRANCE)

L'abbé Joseph Didelon, décédé en 2021 à l'âge de 85 ans, est mis en cause par plusieurs personnes pour des agressions sexuelles commises entres les années 1960 et les années 1990, révèle lundi ICI Lorraine (ex-France Bleu Lorraine), qui a enquêté pendant trois mois et a collecté plusieurs témoignages. Ce religieux a enseigné les mathématiques à partir de 1968 au collège-lycée Saint-Augustin de Bitche, institution catholique réputée en Moselle, et au-delà, qui a fermé en 2012.

Selon les témoignages reccueillis par ICI Lorraine, il y a au moins une dizaine de victimes, exclusivement des hommes, et scolarisées à l'internat en 6e et 5e au moment de leur agression. Ils ont subi des attouchements répétés de la part ce prêtre, sans qu'il ne soit inquiété pendant toutes ces années.

Plusieurs victimes racontent que les agressions sexuelles avaient lieu à l'infirmerie, quand les enfants étaient soignés par l'abbé Didelon. "Il me disait 'Tu peux maintenant baisser ton pantalon'. Et je m'exécutais, sans me demander pourquoi. Alors il descendait son visage au niveau de mon sexe, et il me tapotait les fesses", raconte par exemple Louis (prénom d'emprunt).

Des victimes reconnues et indemnisées

Trois hommes, qui ont dénoncé les agissements de l'abbé auprès de l'Instance indépendante de reconnaissance et réparation des personnes victimes de pédocriminalité dans l'Église (l'Inirr) [créé en 2021 par la Conférence des Évêques pour accompagner les victimes de religieux pour lesquelles l'action publique est éteinte, quand les faits sont prescrits ou l'auteur décédé], ont été reconnus victimes et indemnisés financièrement, a précisé mardi, sur ICI Lorraine, sa présidente, Marie Derain de Vaucresson.

Près de trente ans après les faits, certaines langues se délient, comme un ancien surveillant de l'internat qui a parlé à ICI Lorraine sous couvert d'anonymat. Il affirme que tout le monde connaissait l'attirance de l'abbé Didelon pour les jeunes garçons. Il dit regretter aujourd'hui que "l'omerta qui régnait empêchait tout le monde de parler". De son côté, l'évêché de Metz, dont dépendait le collège-lycée Saint-Augustin, affirme que "la direction diocésaine de l’Enseignement catholique de Moselle n’a eu, à aucun moment, d’informations concernant des abus commis par ce prêtre lorsqu’il exerçait à Bitche". Elle exprime son "émotion profonde et [sa] proximité sincère à toutes les personnes qui ont subi de tels actes. Ces violences, que nous condamnons fermement, sont contraires à toute éthique humaine et chrétienne et heurtent profondément notre conscience éducative". 

Marie Derain de Vaucresson, présidente de l'Inirr depuis sa création, constate que "les diocèses sont de plus en plus coopérants". Ceux qui coopèrent "sont majoritaires" alors qu'au début ils refusaient de faire des appels à  témoignages. Aujourd'hui, "de plus en plus d'évêques et de diocèses veulent apporter une réponse aux victimes", dit-elle.


La cellule d’écoute du diocèse de Metz se tient à disposition pour écouter et accompagner toute personne victime de violences, notamment sexuelles, commises par un représentant de l’Église catholique en Moselle. Elle est joignable au 07 49 96 90 81 ou par mail : celluleecoute@catholique-metz.fr

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