Un jeune homme de 24 ans meurt des suites d'un pneumothorax, malgré deux appels au Samu

La famille du jeune homme, mort fin janvier au Mans, va porter plainte pour "homicide involontaire". Contacté lundi, l'hôpital du Mans ne fait pas de commentaires à ce stade.

Article rédigé par franceinfo
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L'entrée du Centre hospitalier du Mans, dans la Sarthe, le 4 avril 2019. (ALEXANDRE CHASSIGNON / FRANCE-BLEU MAINE / MAXPP)
L'entrée du Centre hospitalier du Mans, dans la Sarthe, le 4 avril 2019. (ALEXANDRE CHASSIGNON / FRANCE-BLEU MAINE / MAXPP)

Estéban Vermeersch, 24 ans, est mort fin janvier près du Mans (Sarthe) d'un arrêt cardiaque consécutif à un pneumothorax, malgré plusieurs appels au Samu. Alors qu'aucun secours ne s'est déplacé pour le prendre en charge, sa famille a décidé de porter plainte dans les prochains jours pour "homicide involontaire", a appris franceinfo par la voix de leur avocat lundi 25 août, confirmant une information de Ouest-France.

C'est à 22h32, le 28 janvier, qu'Estéban Vermeersch, artisan boulanger, appelle le Centre 15 du Mans pour des difficultés respiratoires. "Il expliquait qu'il avait du mal à respirer, que ses poumons ne se remplissaient pas correctement, qu'il avait vraiment des douleurs à chaque respiration et qu'il n'arrivait pas à bouger non plus", rapporte sa mère, Dorothée, au micro de LCI.

"Une problèmatique musculaire", selon le 15

Au bout du fil, le médecin régulateur ne s'inquiète pas outre mesure de son état et privilégie la piste d"une problématique musculaire". Il conseille la prise d'un antalgique, rapporte Vincent Sehier, l'avocat de la famille joint par franceinfo, qui affirme avoir consulté l'enregistrement des échanges téléphoniques. Aucun secours n'est envoyé sur place.

Le jeune homme souffre en réalité d'un pneumothorax, une accumulation d'air anormale dans la cavité pleurale qui peut se soigner avec l'aide de l'intervention d'un médecin. Dans la nuit, l'état du jeune homme se dégrade, avec des "vomissements à de multiples reprises", selon la même source. "Je suis restée avec lui et avec l'idée que ce n'était rien, seulement musculaire. On fait confiance aux médecins. Je n'ai donc pas rappelé...", retrace la mère de famille auprès de Ouest-France.

Un second appel est finalement passé au Samu en début d'après-midi le 29 janvier, à 14h43 précisément. Estéban Vermeersch est alors "cyanosé, son état s'est dégradé", rapporte l'avocat de la famille. Le 15 continue d'évoquer la piste musculaire, tout en mentionnant la possibilité d'amener le jeune homme aux urgences pour être "rassuré".

Lorsque sa mère tente d'installer le jeune homme dans la voiture pour s'y rendre, il s'effondre dans ses bras. Il est en arrêt cardio-respiratoire. La voisine prend alors le relais et appelle le Samu une troisième fois, tandis que Dorothée effectue un massage cardiaque sur son fils. Les pompiers se rendent sur place et poursuivent les gestes de secours, avant de le transporter au centre hospitalier du Mans. Le jeune homme décédera le lendemain, le 30 janvier.

L'hôpital ne peut pas "commenter à ce stade"

Pour étayer sa plainte, la famille s'appuie sur plusieurs expertises indépendantes, qui confirment l'existence de "différents manquements dans ce dossier", selon l'avocat, qui poursuit : "On aurait très facilement pu le sauver et très rapidement ; le taux de décès d'un patient jeune qui présente un pneumothorax est proche de 0% !" 

Contacté par franceinfo, le Centre hospitalier du Mans fait savoir qu'"une analyse contradictoire est en cours". Et ajoute : "Nous ne pouvons pas commenter [les circonstances de la mort d'Estéban] à ce stade." Il précise que "ses pensées vont à la famille et aux proches du défunt, confrontés à ce décès tragique." L'établissement rappelle par ailleurs avoir organisé une rencontre en avril avec les proches de la victime, le corps médical et un représentant des usagers, "dans le cadre de la procédure de médiation prévue par la loi". A l'issue de cette rencontre, "la famille a déposé une demande d'indemnisation, qui est aujourd'hui en cours d'instruction auprès de la Commission de conciliation et d'indemnisation". L'établissement affirme également avoir "pris acte de l'intention de la famille de saisir la justice" et promet qu'il "apportera naturellement sa pleine coopération à la procédure."

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