"Ces images sinistres ne sont même pas les pires" : au procès des geôliers d'ex-otages français, les vidéos d'un des lieux de détention diffusées lors de l'audience

Mehdi Nemmouche, auteur de l'attentat contre le Musée juif de Bruxelles en 2014, et quatre autres hommes, sont accusés d'avoir retenu en otages quatre journalistes français en Syrie de 2013 à 2014.

Article rédigé par franceinfo
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Mehdi Nemmouche, le tueur du Musée juif de Bruxelles, à la Cour d'assises spéciale de Paris le 17 février 2025, lors du procès des geôliers d'ex-otages français. (BENOIT PEYRUCQ / AFP)
Mehdi Nemmouche, le tueur du Musée juif de Bruxelles, à la Cour d'assises spéciale de Paris le 17 février 2025, lors du procès des geôliers d'ex-otages français. (BENOIT PEYRUCQ / AFP)

Les vidéos d'un des principaux lieu de détention et de torture du groupe terroriste ont été diffusées lors du procès de Mehdi Nemmouche, rapporte mardi 18 février France Inter. Mehdi Nemmouche est accusé d'avoir été le geôlier de quatre journalistes français détenus pendant près d'un an par le groupe jihadiste Etat islamique en Syrie en 2013 et 2014.

Le procès de Mehdi Nemmouche et ses deux coaccusés qui comparaissent - les deux autres accusés sont jugés par défaut car présumés morts - s'est ouvert lundi pour cinq semaines devant la cour d'assises spécialement composée de Paris. Mehdi Nemmouche est accusé d'avoir été le geôlier de Nicolas Hénin, Didier François, Edouard Elias et Pierre Torres, quatre journalistes français. Il est jugé pour actes de tortures et de barbarie, séquestration, association de malfaiteurs terroriste. Il encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Une peine à laquelle il a déjà été condamné en Belgique en 2019 pour l'attentat du musée juif de Bruxelles en 2014.

Mardi, la cour a donc visionné la vidéosurveillance du centre hospitalier d'Alep. C'est l'ONG CIJA (Commission for International Justice and Accountability, ou en français, la Commission pour la justice internationale et la responsabilité) dont la mission consiste en la collecte de preuves des crimes commis par l'Etat islamique en Syrie, qui a transmis ces images à la justice française.

Des vidéos "édifiantes"

Il s'agit de près de 3 000 heures (2 860 exactement) d'enregistrement de vidéo surveillance du centre hospitalier d'Alep, ces trois bâtiments situés dans le centre de la ville, au sein desquels l'Etat islamique a installé son QG, ses entrepôts de matériels et l'un de ses principaux centres de détention et de torture. Sur les images des 27 caméras du site, en couleur mais dépourvues de son, les enquêteurs ont découvert et épluché des scènes d'interrogatoires, de tortures, à l'encontre des prisonniers, yeux bandés et tête baissée.

Des extraits de ces vidéos ont été diffusés dans la salle d'audience plongée dans le silence et sous les yeux d'otages survivants ou de familles d'otages assassinés. "Ces images sinistres", sur lesquelles apparaissent des prisonniers roués de coups, d'autres suspendus à des tuyaux de chauffage, "ne sont même pas les pires", avertit l'enquêteur en charge de les décrypter "car elles ne montrent que les couloirs mais pas les cellules ou la salle d'interrogatoire". Sur d'autres images diffusées, apparaissent des enfants : "Là on voit un enfant séquestré qui passe les yeux bandés, précise l'enquêteur. Ou là un enfant qui évolue librement et apparaît aux côtés des geôliers".

Ces images constituent une part importante des preuves matérielles de ce dossier. Des vidéos "édifiantes", qui témoignent "des tortures institutionnalisées et des violences gratuites" de l'Etat islamique, a témoigné à l'audience un des enquêteurs de la DGSI en charge de ce dossier. "Les mis en cause commettent des violences avec délectation".

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