"Toutes les semaines, on a une annonce..." : une vague de suicides secoue la Direction générale des finances publiques

Treize agents de l'administration fiscale ont mis fin à leurs jours depuis janvier, et huit autres ont tenté de le faire, d'après un bilan confirmé par la Direction générale des finances publiques.

Article rédigé par Anne-Lyvia Tollinchi
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Le ministère de l'Économie, à Bercy (Paris). (VINCENT ISORE / MAXPPP)
Le ministère de l'Économie, à Bercy (Paris). (VINCENT ISORE / MAXPPP)

Une vague de suicides touche la Direction générale des finances publiques. Dans cette administration, rattachée au ministère de l'Economie et des Finances, une vingtaine de salariés se sont suicidés ou ont tenté de le faire, depuis début 2025. Une réunion spéciale est organisée, mercredi 9 juillet, à Bercy, entre les syndicats et la direction. Une réunion pour analyser cette explosion des suicides parce que les syndicats sont particulièrement inquiets.

Dans un tableau sur son ordinateur, Sandra Demarcq, du syndicat Solidaires finances publiques, a dû faire une liste avec le nom des agents décédés depuis le début de l'année : "Toutes les semaines, on a l'annonce d'une tentative de suicide ou d'un suicide. Le 6 janvier, ça, c'est le jeune qui s'est suicidé par pendaison au bureau. Un suicide le 15 janvier, une tentative de suicide au bureau le 29 janvier..." Au total, treize suicides et neuf tentatives, à tous les postes, dans toute la France et à tous les âges.

"L'administration a son rôle d'éviter ce genre de choses"

Le plus jeune avait 28 ans. "Là, en six mois, on a eu autant d'actes suicidaires que l'année dernière", poursuit Sandra Demarcq. Elle a plusieurs explications : les restructurations incessantes, les 32 000 suppressions de postes en 15 ans... La perte de sens, aussi : "On devient des cliques-bouton et on s'aperçoit que beaucoup d'agents se questionnent sur leur utilité sociale." 

"Si on peut être remplacés par une intelligence artificielle, à quoi on sert ?"

Sandra Demarcq

à franceinfo

Les causes peuvent aussi être privées, ajoute Véronique Pascalides, de la CGT : "Mais on pense aussi que si tout va mal à la maison et que tout va bien au travail, on passe moins à l'acte. Donc, si c'est ce qui fait basculer, l'administration a son rôle d'éviter ce genre de choses."

La direction n'ouvre une enquête que quand le suicide a lieu au travail. Les deux syndicats réclament qu'elle le fasse maintenant systématiquement, peu importe l'endroit du décès, pour pouvoir comprendre et trouver des solutions. La direction de la DGFiP, la Direction générale des finances publiques, n'a pas répondu aux sollicitations de franceinfo.

Vague de suicides à la Direction générale des finances publiques : le reportage d'Anne-Lyvia Tollinchi

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