: Témoignage Jérôme, rescapé du Bataclan : "J'ai vécu mon cauchemar, et je ne sais pas comment c'est possible"
Ce fan de rock assistait au concert des Eagles of Death Metal quand trois terroristes ont pénétré dans la salle. Francetv info l'a rencontré.
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Jérôme, 42 ans, s'installe au café des Officiers, juste à côté de l'Ecole militaire de Paris, dimanche 15 novembre. Il commande un double rhum-coca, allume une cigarette, et déroule son histoire. Ce fan de rock était au Bataclan avec six amis, vendredi 13 novembre, quand trois terroristes ont pénétré dans la salle et commencé à tirer, "trois fois", alors que le groupe Eagles of Death Metal entamait un nouveau morceau. A la quatrième détonation, la foule a compris que ce n'était pas "un effet pyrotechnique" et "tout le monde s'est allongé".
"Il y a deux tireurs qui sont allés au fond de la salle, vers la fosse. L'autre s'est dirigé vers le bar et a nettoyé autour. Il balayait en tirant vers le sol. Je l'ai vu de trois-quarts. Il portait un tee-shirt blanc", se souvient Jérôme, qui se trouvait au fond de la salle, près d'une sortie de secours et de l'escalier qui mène au premier étage. Il prend un stylo. Sur une feuille, il griffonne un schéma : les deux petites croix symbolisent l'emplacement où il se trouvait.
A la psychologue qu'il a rencontrée un peu plus tôt, il a raconté le calme effroyable avec lequel les auteurs ont agi.
Ils marchaient tranquillement. Déterminés. Et ils disaient "chuuut" doucement.
"Quand ils rechargeaient leurs armes, il n'y avait aucun bruit"
Le tireur le plus proche de lui se trouvait à moins de deux mètres. Jérôme et un ami sont épargnés : "La balle est passée entre nous deux." Ce n'est pas le cas des deux personnes à sa droite, deux cousins qui l'accompagnaient, touchés à la hanche et au thorax.
Dans la salle, le silence se fait oppressant. "Quand ils rechargeaient leurs armes, il n'y avait aucun bruit. Ce n'est que quand ils tiraient que les gens paniquaient et criaient", souffle Jérôme, les yeux gonflés et le teint pâle.
J'ai pensé à la mort. Evidemment.
"Mes voisins répétaient qu'ils voulaient revoir leurs enfants, leur femme. Moi, je ne suis pas marié, je n'ai pas d'enfants. J'ai pensé à mon père, et qu'il ne fallait pas être en stress, raconte Jérôme, la voix tremblante. Je n'ai jamais été aussi calme. Je ne sais pas comment j'ai fait. Normalement, je prends des médocs contre la tension."
Une distorsion du temps
A l'intérieur de la salle, le temps devient irréel. "J'ai eu l'impression que ça n'avait duré que trois minutes. Pourtant, quand j'ai appelé ma mère, il était 22h15. Il y a une distorsion du temps énorme, c'est très difficile à décrire", confie Jérôme.
Puis le kamikaze est monté à l'étage, et "on a eu une fenêtre de tir" pour fuir, se souvient-il.
Il y a eu un mouvement de foule. J'ai relevé la personne qui se trouvait à ma gauche. J'ai stabilisé le pote de devant qui chancelait sous l'effet des gens qui se levaient. On a vu qu'on n'était pas trop blessés et on a couru. J'ai vu trois cadavres en sortant.
Le petit groupe, et environ 50 autres personnes, se retrouvent dehors. Tout le monde s'éparpille. Eux se réfugient dans une annexe du Bataclan, sur le boulevard Voltaire. Ils sont ensuite pris en charge par la police, sauvés mais bouleversés.
Deux jours après les faits, Jérôme parvient à mettre des mots sur ce qu'il a traversé. "C'était une loterie et j'ai gagné au loto." Il décrit des sentiments contrastés, à la fois égoïstes et d'injustice. "J'ai vécu mon cauchemar et je ne sais pas comment c'est possible", lâche-t-il, expliquant que, petit, il rêvait souvent d'une prise d'otages qui dégénérait. "Je me réveillais en sursaut en entendant le 'clic'. Et là, j'ai entendu le bruit d'une kalach à deux mètres de moi…"
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