Reportage La salle "des grands procès", construite spécialement pour celui des attentats du 13-Novembre, vit ses derniers instants

La salle est démolie à partir de lundi et pendant six mois pour faciliter les travaux de rénovation du Palais de justice de Paris, sur l'île de la Cité.

Article rédigé par franceinfo - Antoine Lifaut
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La salle "des grands procès", construite spécialement pour celui des attentats du 13 novembre. (OLIVIER CORSAN / MAXPPP)
La salle "des grands procès", construite spécialement pour celui des attentats du 13 novembre. (OLIVIER CORSAN / MAXPPP)

Le démantèlement d’une salle où s'est écrit un bout de l’histoire de France commence lundi 3 mars. La salle "des grands procès", construite spécialement pour celui des attentats du 13 novembre, est démolie à partir de lundi et pendant six mois pour faciliter les travaux de rénovation du Palais de justice de Paris, sur l'île de la Cité. Construite pour être provisoire, elle a aussi accueilli les procès des attentats de Nice, de Strasbourg et le procès en appel du Médiator. C’est donc une journée particulière pour ceux qui y ont vécu des moments forts.

Des bancs en bois clair, de la moquette beige au sol : Olivier Laplaud regarde une dernière fois la salle où il a vécu le procès des attentats du 13 novembre 2015. "C'est vraiment une partie intégrante de ma vie pendant laquelle on a pu obtenir des réponses", confie celui était au Bataclan.

"Ça me fait un peu bizarre de la voir et ça convoque pas mal de choses", poursuit-il. Il la prend en photo comme pour ne pas oublier cette salle de 550 places, de 45 mètres de long, ouverte pour la première fois il y a seulement trois ans et demi.

Un endroit apaisant

"La première impression quand on entre dans cette salle, c'est l'immensité, avec ces grandes rangées de bancs, ce grand couloir qu'on pouvait être amené à remonter si on voulait se placer devant", décrit Olivier Laplaud. Il gardera surtout le souvenir d'un endroit apaisant où s'est joué un moment douloureux de sa vie. "Les couleurs qui ont été choisies, une certaine neutralité. Il y avait peut-être moins la lourdeur qu'on retrouve dans les vieilles salles des palais de justice avec des bois très sombres", témoigne-t-il.

"C'était vraiment une salle neutre qui permettait que ça soit moins angoissant pour les parties civiles"

Olivier Laplaud, victime des attentats du 13-Novembre

à franceinfo

"Alors c'est curieux de dire ça, mais c'est quelque part un cocon", dit de son côté l'avocate Virginie Leroy. Elle a plaidé dans trois des 12 procès qui ont eu lieu ici, celui des attentats du 13-Novembre, de Nice et de l'assassinat de Samuel Paty.

"Parce que c'est un cube fermé. Pour le coup, on est vraiment dans un endroit assez clos, qui n'est pas du tout agressif, même s'il s'y passe des choses très dures, très difficiles", raconte l'avocate. "C'est une salle que je trouve assez douce bizarrement", confie-t-elle.

Mais pas de nostalgie à avoir pour elle. C'est simplement une page qui se tourne. "Ça ne me rend pas triste parce que c'est aussi une période, j'allais dire, de l'histoire de France, avec ces attaques coup sur coup quand même, qui ont marqué la France, les procès qui s'achèvent…", énumère Virginie Leroy.

"Je vois ça plus comme un renouveau. En espérant qu'il n'y ait pas d'autres attaques"

Virginie Leroy, avocate des attentats du 13 novembre, de Nice et de l'assassinat de Samuel Paty.

à franceinfo

Le mobilier va bénéficier à d'autres juridictions en France. La barre des témoins, comme d'autres objets symboliques, sera exposée au futur musée mémorial du terrorisme.

"J'ai toujours dit que je ne partirai pas sans un strapontin de cette salle parce que j'y ai passé beaucoup de temps. Mais bon, je pense que je ne pourrais pas, c'est dommage", regrette avec un sourire l'avocate. Le ministre de la Justice dit avoir lancé une mission en vue de construire une nouvelle salle des grands procès.

A Paris, la salle "des grands procès" vit ses derniers instants. Reportage d'Antoine Lifaut

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