Comment les réseaux sociaux m'ont accusé à tort de terrorisme
Un jeune habitant de Grenoble (Isère) a été la cible de menaces sur les réseaux sociaux. En cause, un selfie avec une plaisanterie douteuse, posté quelques heures avant les attentats de Paris.
/2021/12/14/61b8b98d7c7ee_fabien-magnenou.png)
/2015/11/16/phpco2E7c_1.jpg)
Une blague de mauvais goût a valu 24 heures de garde de vue à Jax*. Accusé sur Twitter de faire partie des auteurs des attentats de Paris, ce jeune habitant de La Villeneuve, un quartier de Grenoble (Isère), a depuis supprimé son compte, échaudé par les réactions virulentes à son égard.
Tout débute vendredi, vers 15 heures, quand il poste un selfie sur Instagram, accompagné d'une légende ambiguë : "Lorsque vous verrez cette photo sur BFM, il sera trop tard." La plaisanterie est certes d'un goût douteux, mais c'est une plaisanterie. "A la base, c'était un délire avec mes collègues, qui me vannent souvent avec Daech et la Syrie, avec ma tête, ma barbe et tout... A ce moment-là, comment pouvais-je imaginer la suite ?"
Dans la soirée, la capitale est plongée dans le sang. "Là, un pote repense à ma photo et fait une capture d'écran, pour la partager sur Twitter en me mentionnant. Comme il voit que ça tourne beaucoup, il la supprime." Il est déjà trop tard. "Un autre gars l'avait reprise (@youri_elm), avec plus de 10 000 abonnés. Son tweet avait fait 1000 retweets. Il n'a pas voulu le supprimer, alors qu'il a reconnu qu'il s'agissait d'une blague." De nombreux utilisateurs tombent dans le panneau et colportent la rumeur.
"Des gens idiots font tourner les photos sans vérifier"
La confusion fait d'abord sourire Jax. "Ce qui m'amusait, c'est de voir que des gens idiots ne vérifient pas l'information et font tourner des photos pour faire du retweet. Je pensais que les gens allaient se rendre sur mon compte et voir que j'étais en train de tweeter..." Mais au fil des menaces et des insultes, les choses évoluent. "Le 'C'est peut-être un tireur' est rapidement devenu 'C'est l'un des tireurs'. Vers 1 heure du matin, ça continuait et ça commençait à partir assez loin." Ses amis tentent d'endiguer la rumeur. En vain.
/2015/11/16/phpyFFcei_1.jpg)
Le réveil est douloureux. "Le matin, ma petite sœur vient me voir pour me signaler que ma photo circule. Pourtant, elle n'est pas très présente sur les réseaux sociaux." Un compte utilise même sa photo et un nom proche pour entretenir la confusion. "Là, je commence à prendre peur. Et puis c'est au tour de mon collègue de m'appeler, pour me demander ce qui se passe... Il me conseille d'aller m'expliquer à l'hôtel de police de Grenoble."
"Après la garde à vue, j'ai supprimé mon compte Twitter"
Jax se présente spontanément au commissariat, samedi matin vers 11 heures. Justement, il était attendu. "Sur place, le directeur de la PJ me reçoit, avec ma photo dans la main ! Il m'a dit que j'étais déjà identifié et que la police avait prévu de se rendre chez moi, avec l'appui du Raid." Lors de la première audition, le jeune homme explique sa plaisanterie, puis la police réalise une perquisition à son domicile. "Ils ont pris des photos de ma box pour confirmer que je m'étais bien connecté chez moi. Mais tout s'est bien passé, car les policiers ont compris dès le début qu'il s'agissait d'une blague." Jax est remis en cellule, avant une seconde audition, vers 17 heures, où il détaille sa journée de la veille.
Son ami est interpellé chez lui pour être interrogé. Son iPhone est fouillé, pour vérifier ses déplacements. Dimanche matin, le jeune homme quitte enfin le commissariat, sans être poursuivi. Son dossier va toutefois être transmis au parquet pour études, précise Le Dauphiné Libéré. "En sortant, j'ai supprimé mon compte Twitter. Il valait mieux que je m'en écarte, ça m'a servi de leçon. Le problème de ce réseau social, c'est que tout le monde se prend pour un journaliste. D'un côté, je regrette cette blague, mais de l'autre, c'est quand même une histoire de fou. Je m'en serais bien passé, n'empêche."
(*) Il s'agit d'un pseudonyme, à la demande de l'intéressé.
À regarder
-
Tempête Amy : deux morts dans les intempéries
-
Guerre à Gaza : le Hamas se dit prêt à libérer les otages
-
Le premier distributeur de frites belges
-
Boucheries, la nouvelle cible des voleurs
-
Deux morts dans une fusillade à Nice
-
Apnée du sommeil : quels risques pour la santé
-
Nouveau gouvernement : le coup de poker de S. Lecornu
-
"Food express", l'expo sur les wagons-bar
-
Ce lycée a un cours unique en France
-
Plus de 49.3, ça veut dire quoi ?
-
Dorothée : le retour gagnant de l'idole des jeunes
-
Mairie de Paris : la guerre des notes de frais
-
Conflit Israël-Palestine : "Une confédération permettra de parvenir à une solution à deux Etats"
-
Des règles plus strictes pour les virements bancaires
-
Le plastique a-t-il vraiment disparu des cantines ?
-
Loto : il oublie de réclamer ses 15 millions d'euros
-
La police de l’immigration au Superbowl de Bad Bunny ?
-
Pizza au matcha : tu valides ?
-
Polémique : Shein ouvre des magasins en France
-
Les Français sont-ils trop propres ?
-
Attaque terroriste : deux morts devant une synagogue à Manchester
-
Pour votre santé, seulement 14g de viande rouge par jour.
-
Ligotés et dénudés : enquête sur un bizutage à Toulouse
-
Boutiques de luxe : nouveau braquage à la voiture bélier
-
Baisses d'impôts : les premières pistes de Sébastien Lecornu
-
On t'emmène à l'entrainement du GP
-
Ces pays où la Gen Z se révolte
-
Immeuble squatté : le désespoir des propriétaires
-
Fraude à 2,3 millions : des dentistes soupçonnés d'escroquerie
-
Au Maroc, deux morts dans les manifestations de la jeunesse
Commentaires
Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.
Déjà un compte ? Se connecter