Enseignante tuée à Saint-Jean-de-Luz : "C'est surtout entre 16 et 18 ans que les bouffées délirantes peuvent arriver", explique le psychiatre Serge Hefez

"C'est surtout entre 16 et 18 ans que les bouffées délirantes peuvent arriver", a expliqué mercredi 22 février sur franceinfo Serge Hefez, psychiatre, psychanalyste à l'hôpital de la Salpêtrière de Paris. L’élève de 16 ans suspecté d’avoir poignardé mortellement son enseignante en plein cours d’espagnol mercredi matin au sein du lycée Saint-Thomas d’Aquin de Saint-Jean-de-Luz (Pyrénées-Atlantiques), dit avoir entendu des voix et être "possédé", a appris franceinfo de source proche de l'enquête.

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"C'est très rare, mais c'est tout à fait possible. Ça existe !", a confirmé le psychiatre. La personne qui se sent possédé par des voix "est poursuivie par des puissances démoniaques" et "dans ces moments-là, tous les passages à l'acte sont possibles", a-t-il expliqué.

franceinfo : Un acte aussi brutal, aussi violent, commis par un adolescent, ça vous paraît possible?

Serge Hefez : C'est très rare, mais c'est tout à fait possible. Ça existe ! C'est un âge où on fait des bouffées délirantes aiguës. Vous êtes pris quasiment d'une heure à l'autre par un délire extrêmement inquiétant pour la personne qui a l'impression de ne plus être elle-même, elle entend des voix, elle est possédée par ses voix et poursuivie par des puissances démoniaques. Dans ces moments-là, tous les passages à l'acte sont possibles.

Même à cet âge-là ?

C'est surtout entre 16 et 18 ans que les bouffées délirantes peuvent arriver. C'est comme un coup de tonnerre dans un ciel serein, même s'il peut y avoir effectivement des petits signes préliminaires comme il semble y avoir eu pour cet enfant. Apparemment, il s'est un petit peu isolé, ses camarades le  trouvaient un peu étrange. Ils trouvaient que son comportement avait changé et ça peut être effectivement des signes annonciateurs de ce type d'événements tragiques.

Comment accompagner au mieux les élèves qui ont été témoins de ce drame ?

C'est un effondrement du monde pour eux évidemment. C'est quelque chose auquel ils n'étaient absolument pas préparés. Il faut expliquer, expliquer, expliquer ce qu'est la maladie mentale. Les gens la connaissent mal à l'heure actuelle. On sait ce qu'est la dépression. On sait ce qu'est l'anxiété, mais la vraie maladie mentale avec ces éléments délirants, ça reste encore quelque chose d'assez étranger, parce que c'est très rare, mais il faut savoir que ça existe.

À l'heure actuelle, les troubles psychiques chez les adolescents ont été multipliés par deux, ces deux ou trois dernières années dans le post-Covid-19. Il y a beaucoup plus de dépressions et d'angoisses. Il y a beaucoup plus d'anxiété, il y a beaucoup plus de tentatives de suicide. Tous les indicateurs sont au rouge au moment où les services de soins sont exsangues pour pouvoir les recevoir. Je ne vous dis pas que c'est à cause de ça qui a eu cet évènement, mais il y a quand même un contexte d'angoisse et massive chez beaucoup de jeunes qui peut aussi potentialiser ce type d'émergences.