Vols par ruse, délits en série, criminels venus d'Amérique du Sud... La police confrontée aux nouveaux modes opératoires du grand banditisme

Depuis 50 ans, le grand banditisme a changé de visage, explique la brigade de répression du banditisme (BRB) parisienne à franceinfo. Les forces de police de plusieurs pays européens sont confrontées aux mêmes phénomènes.

Article rédigé par Yannick Falt
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Illustration - Un policier à Nancy, le 30 janvier 2018. (ALEXANDRE MARCHI / MAXPPP)
Illustration - Un policier à Nancy, le 30 janvier 2018. (ALEXANDRE MARCHI / MAXPPP)

La célèbre BRB, la brigade de répression du banditisme de la préfecture de police de Paris, fête ses 50 ans en janvier. Le grand banditisme a fortement évolué depuis 1975 : l'époque des Jacques Mesrine, Antonio Ferrara ou du gang des postiches semble loin. Il y a de moins en moins de braquages et de plus en plus de vols en série, parfois très ingénieux, commis notamment par des gangs venus d'Amérique du Sud.

En 50 ans, le nombre d'interpellations pour braquage a été divisé par dix dans la capitale et les départements limitrophes : quatre par an désormais, contre une quarantaine en 1975 pour la BRB. Conséquence, notamment, de la dématérialisation de l'argent, avec les banques en ligne, les paiements sans contact, il y a de moins en moins de liquide en circulation. Les rares braquages concernent des bijouteries ou des enseignes de luxe.

Des membres de gangs originaires d'Amérique du Sud 

L'heure est donc à la reconversion : cambriolages avec séquestration, mais aussi banditisme low cost venu du Chili, d'Équateur ou du Pérou. "Ces gens sont généralement membres de gangs établis en Amérique du Sud, qui souvent ont eu affaire très largement à la justice de leur pays, qui sont recherchés et qui viennent se réfugier en quelque sorte en Europe", explique le commissaire Pascal Carreau, qui dirige la BRB parisienne.

"La configuration habituelle est un groupe de trois ou quatre personnes, qui arrivent avec un visa fondé sur une fausse identité et qui commencent à commettre des infractions et particulièrement des vols par effraction dans toute l'Europe, commençant par l'Espagne, venant en France, passant en Italie avec une efficacité assez redoutable", continue le commissaire. 

Vols "à la tache", au pneu crevé...

Des équipes très mobiles, capables, une fois arrivées en France, de sévir dans plusieurs régions en quelques jours, avec de nombreux modes opératoires pour multiplier en un temps record les vols par ruse, comme les vols à la tache. "On vous projette de la boue sur votre manteau, par derrière, on vous interpelle, on vous fait enlever votre manteau, regarder votre tache, détaille le commissaire. Pendant ce temps-là, un complice en profite pour faire les poches ou le sac à main de la victime.

Pascal Carreau évoque aussi un autre mode opératoire, très fréquent sur les stations-service de supermarchés. "Un pneu est discrètement crevé", sur une voiture de gens qui ont fait leurs courses, "souvent des personnes âgées", précise le commissaire. "Les malfaiteurs suivent les gens en voiture, leur proposent de les aider et en réalité, pendant que l'un des malfaiteurs fait mine de changer la roue, le second en profite pour voler le portefeuille et faire le sac à main des dames."

Des groupes de "rusiers", dans le jargon policier, qui sont dans le collimateur de différentes polices européennes coopérant au sein d'Europol, avec un objectif : des interpellations après avoir constaté une série de vols, pour obtenir de la justice les condamnations les plus lourdes possibles.

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