L'avocat d'Adama Traoré demande que la brigade criminelle de Paris reprenne les investigations à la place de l'inspection générale de la gendarmerie
Dans une lettre adressée aux juges d'instruction, Yassine Bouzrou, l'avocat de la famille d'Adama Traoré, estime qu'il "existe des éléments objectifs permettant de douter de la partialité" de l’Inspection générale de la gendarmerie nationale.
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L'avocat d'Adama Traoré demande que la brigade criminelle de Paris reprenne les investigations à la place de l'inspection générale de la gendarmerie, a appris franceinfo jeudi 11 juin dans une lettre de maître Yassine Bouzrou adressée aux juges d'instruction.
L'avocat affirme qu’il "existe des éléments objectifs permettant de douter de la partialité" de l’Inspection générale de la gendarmerie nationale (IGGN) "dans ce dossier, notamment en raison du positionnement public du directeur général de la gendarmerie nationale qui a apporté son soutien et sa confiance aux gendarmes mis en cause". Il fait référence à une lettre que le directeur général de la gendarmerie nationale (DGGN), Christian Rodriguez, a adressée à ses troupes pour dire "tout son soutien et toute sa confiance" aux gendarmes impliqués dans l’affaire Traoré et appeler au "respect de la présomption d’innocence".
Yassine Bouzrou estime également que "l’inspection générale de la gendarmerie nationale n’a jamais envisagé et n’a jamais été capable de mener" les investigations afin de retrouver un "témoin-clé" dans cette affaire, à savoir l'homme qui serait intervenu pour aider Adama Traoré à échapper aux gendarmes lors de la première tentative d'interpellation. "Le témoignage de cet homme est pourtant indispensable à la manifestation de la vérité", insiste l'avocat.
La "nouvelle version des faits livrée par les gendarmes constitue un aveu de culpabilité"
La "nouvelle version des faits livrée par les gendarmes constitue un aveu de culpabilité", a par ailleurs estimé maître Yassine Bouzrou, avocat de la famille d'Adama Traoré mort en juillet 2016 lors de son interpellation par trois gendarmes. "Nous demandons à la justice d'en tirer les conséquences légales et de convoquer ces gendarmes en vue d'une mise en examen, conformément à la loi", réclame-t-il.
Dans une lettre publiée mardi 9 juin, maîtres Pascal Rouiller et Sandra Chirac Kollarik, les avocats de l'un des trois gendarmes impliqués dans l'interpellation à l'issue de laquelle Adama Traoré est mort, ont dénoncé des "amalgames" et assurent qu'à "aucun moment les trois gendarmes n’ont fait peser le poids de leurs corps" sur lui.
Nous apprenons aujourd'hui avec stupéfaction que selon ces avocats 'il n'y a pas eu de plaquage ventral', cela signifie qu'il n'y aurait donc eu aucune pression sur le corps d'Adama Traore qui était allongé sur le ventre.
Yassine Bouzrou, avocat de la famille Traorésur franceinfo
"Dans une première version des faits, les gendarmes indiquent qu'ils sont à trois sur le corps d'Adama Traoré, détaille maître Yassine Bouzrou. Dans une deuxième version, lorsqu'ils sont entendus par les juges d'instruction, ils indiquent qu'il n'y a qu'un seul gendarme qui met ses deux genoux sur le dos d'Adama Traoré et que les deux autres se contentent" de tenir "les jambes et les bras".
Et dans cette troisième version, ils indiquent qu'ils l'ont seulement menotté, ce qui est totalement inadmissible, ces gendarmes sont des menteurs parce qu'ils donnent trois versions différentes.
Yassine Bouzrou, avocat de la famille Traorésur franceinfo
Pour lui, "les gendarmes ont maladroitement tenté de s'adapter à l'évolution des rapports médicaux transmis par les parties civiles, lesquels ont été réalisés par des professeurs de médecine spécialistes et réputés", dénonce Yassine Bouzrou.
"Dans un dossier classique, lorsqu'un suspect se rétracte et livre une nouvelle version, il est peu fréquent que la justice n'en tire pas des conséquences négatives", argumente maître Yassine Bouzrou. "Nonobstant les imprécisions et contre-vérités, il convient ici de souligner que les gendarmes, par la voix de leurs conseils qui sont leurs porte-parole, affirment sans ambiguïté que leurs clients se rétractent et offrent une version inédite".
Une "énième version des faits"
"Dans le cas présent, c'est pire que dans un dossier classique car les gendarmes, eu égard à leurs formation et profession, connaissent parfaitement la loi et la valeur probante d'un procès-verbal d'audition signé", poursuit l'avocat de la famille Traoré. "Il convient également de souligner que cette audition est réalisée par des gendarmes, il serait donc difficile de soutenir que les gendarmes interpellateurs auraient pu subir des pressions pour faire ces déclarations devant leurs collègues".
"Les juges d'instruction ne pourront donc que constater, s'ils souhaitent respecter la loi, que cette énième version des faits est en totale contradiction avec les déclarations initiales faisant notamment état du fait qu'Adama Traoré 'a pris le poids de nos trois corps pendant l'interpellation'", insiste maître Yassine Bouzrou.
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