Interpellation du fondateur de Telegram : "On lui reproche d'être défaillant dans la modération des contenus", explique un spécialiste
Pavel Dourov, fondateur de la messagerie Telegram, a été arrêté samedi à Paris. Franceinfo a interrogé Nicolas Arpagian, vice-président du cabinet Headmind Partners, spécialisé dans l’analyse des risques numériques, pour comprendre cette affaire.
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"Il ne pouvait pas ignorer qu'il faisait l'objet d'une procédure judiciaire et que donc sa seule présence sur le territoire allait conduire à l'exécution du mandat de recherche tel qu'il le concernait. C'est donc étonnant d'avoir bravé cette autorité", note dimanche 25 août sur franceinfo Nicolas Arpagian, vice-président du cabinet Headmind Partners, spécialisé dans l’analyse des risques numériques. Il réagit à l'arrestation du fondateur et PDG de la messagerie sécurisée Telegram, interpellé samedi 24 août à l'aéroport du Bourget en France.
"On ne lui reproche pas de conduire lui-même des activités pédocriminelles ou des activités violentes, on lui reproche d'être défaillant dans les réponses faites aux requêtes judiciaires des pays qui demandent des investigations", explique Nicolas Arpagian. "On lui reproche aussi d'être défaillant dans la modération, dans le fait de suspendre des contenus."
franceinfo : Qui est ce Pavel Dourov qu'on ne connaît pas finalement ?
Nicolas Arpagian : C'est un entrepreneur russe, désormais franco-russe depuis trois ans. En 2021, Emmanuel Macron lui a accordé la nationalité française. Il fait partie de ces entrepreneurs qui, au-delà de l'activité strictement commerciale de leur entreprise, ont un projet politique. Il a une conviction libertarienne. Il considère que l'Etat est problématique, que l'impôt est suspect, que les libertés doivent être maximales. Le fait de ne pas répondre aux sollicitations des magistrats, de ne pas modérer les propos [des utilisateurs], il considère que ce n'est pas dans son rôle et que le contrôle est a priori problématique et qu'il ne lui revient pas de le faire. C'est à la fois ce qui lui est reproché et ce qui attire tous ceux qui ne souhaitent pas voir leur activité régulée : le terrorisme, la pédocriminalité, la violence... Telegram est présent dans un certain nombre d'affaires depuis la création de l'entreprise en 2013 et compte 900 millions d'utilisateurs.
Telegram a son siège à Dubaï, quel est l'avantage d'être dans les Emirats ?
Dubaï pouvait peut-être lui apporter des avantages en termes d'allègement des charges fiscales, le fait d'avoir une latitude relative de circulation par rapport à des pays peut être plus contraignants sur ce volet-là. Deuxième chose, et c'est d'ailleurs ce qui est étonnant dans sa présence sur le territoire français, c'est qu'il ne pouvait pas ignorer qu'il faisait l'objet d'une procédure judiciaire et que donc sa seule présence sur le territoire allait conduire à l'exécution du mandat de recherche tel qu'il le concernait. C'est donc étonnant de sa part d'avoir bravé cette autorité.
En sachant que cette messagerie Telegram était problématique sur des sujets comme la pédocriminalité, pourquoi est-ce qu'on n'a pas agi avant ?
Il y a plein d'interrogations. On ne lui reproche pas de conduire lui-même des activités pédocriminelles ou des activités violentes, on lui reproche d'être défaillant dans les réponses faites aux requêtes judiciaires des pays qui demandent des investigations. On lui reproche aussi d'être défaillant dans la modération, dans le fait de suspendre des contenus, de fermer des comptes ou encore de coopérer dans la mise à disposition d'informations auprès des services judiciaires. Un certain nombre d'autorités considèrent que son inertie relève de la complicité. [À noter que] des gens qui souhaitent conduire des activités illicites n'ont pas attendu d'avoir cette plateforme ou une plateforme technique pour le faire. Si d'aventure, elle était fermée, il est évident que leurs activités malveillantes ou illicites se reporteraient sur d'autres environnements.
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