Entre 2021 et 2024, les assassinats et tentatives d'assassinat ont augmenté de 33% en France, selon une note de la police

Les auteurs de cette note précisent que l'année 2023 plus particulièrement, a été d'une "intensité sans précédent".

Article rédigé par franceinfo
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La note relève qu'entre 2021 et 2024, le nombre de villes touchées par ce phénomène a augmenté. (LOU BENOIST / AFP)
La note relève qu'entre 2021 et 2024, le nombre de villes touchées par ce phénomène a augmenté. (LOU BENOIST / AFP)

Entre 2021 et 2024, les assassinats et tentatives d'assassinat ont augmenté de 33% en France, selon une note de la direction nationale de la police judiciaire (DNPJ) que franceinfo a pu consulter, jeudi 15 mai. Dans cette note de quatre pages rédigée par le Service d'information, de renseignement et d'analyse sur la criminalité organisée (Sirasco), il est écrit que la France dépasse la Belgique et les Pays-Bas en nombre de morts, alors même que ces deux pays concentrent une densité de groupes criminels bien plus importante que dans l’Hexagone.

Les rédacteurs de cette note précisent que "l’année 2023 a été d’une intensité sans précédent (+ 38% par rapport à 2022 avec 418 faits et 598 victimes dont 139 sont décédées) du fait de la succession exceptionnelle d’affrontements mortels entre trafiquants à Marseille dans le cadre du conflit opposant les groupes "DZ Mafia" et "Yoda" (63 faits d’assassinats ou de tentatives générés par ce conflit en 2023, sur 81 faits commis à Marseille)".

Si la baisse des assassinats en 2024 a été constatée (367 faits, 525 victimes dont 110 décédés), cette diminution est expliquée par "l’apaisement de cette guerre interne" entre la "DZ Mafia" et "Yoda", mais "ne doit pas masquer une tendance qui reste nettement à la hausse, y compris dans les petites et moyennes villes autrefois épargnées par ces tensions".

Davantage de villes touchées

Ainsi, la note relève qu'entre 2021 et 2024, le nombre de villes touchées par ce phénomène a augmenté : 144 communes en 2021, 173 villes recensées l’année dernière. Par ailleurs, selon cette note du Sirasco, les auteurs des assassinats sont de plus en plus jeunes. 23% des enquêtes élucidées impliquent des tueurs à gage de moins de 20 ans, rémunérés jusqu’à 20 000 euros par contrat. Ils sont généralement recrutés sur les réseaux sociaux et ont de plus en plus recours au kidnapping et à la torture.

"Une autre tendance marquante est le recours à la sous-traitance", relève la police judiciaire dans la note, "les groupes criminels organisés externalisent de plus en plus leurs coups de force et représailles". Les policiers constatent qu"'aujourd’hui, le 'savoir-faire' marseillais s’exporte sur tout le territoire tandis que des équipes professionnelles originaires d’Ile-de-France agissent à Toulouse, Rennes, Amiens, Lyon, Nice, mais aussi à Marseille". Dans la note, la police judiciaire relève que "des clans perpignanais en conflit [ont] ainsi fait appel à des mercenaires bulgares et à une équipe de tueurs marseillais. Des équipes franciliennes, liées au narcotrafic, exécutaient quant à elle des contrats au bénéfice de la 'moccro-mafia'."

Accroissement de la menace sur certaines personnalités

Autre nouveauté, la menace s'accroit sur les magistrats, avocats, personnalités politiques ou journalistes. La note s'appuie sur plusieurs exemples marquants pour étayer ce propos : les menaces en novembre dernier à l'encontre de la directrice de la maison d'arrêt de Nancy et deux magistrats par un détenu membre de la "DZ Mafia". Ou encore en février dernier en Côte-d'Or, à Norges-la-Ville où un commando de 4 personnes s'apprêtait à enlever un avocat à la sortie de sa maison.

"La criminalité organisée cherche délibérément à instaurer un rapport de force avec l'État", conclut cette note qui insiste sur le rôle joué par l'organisation criminelle marseillaise : "En France, la montée en puissance de certains groupes comme la DZ mafia pourrait faire peser des risques (...) sur les institutions. Le degré actuel de violence de cette organisation et les menaces déjà proférées à l’encontre de représentants des institutions laissent craindre qu’ils n’attentent effectivement à la vie de certains d’entre eux. D’autres réseaux criminels ont pu projeter des actions similaires".


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