Au pôle cold cases de Nanterre, la justice remonte le temps pour résoudre meurtres oubliés et disparitions mystérieuses

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Article rédigé par France 2 - E. Pelletier, L. Krikorian, T. Guéry, C. Brunet, L. Dulois, V. Christophe, L. Barbier, S. Fel, B. Frydman. Édité par l'agence 6Medias
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Ce pôle judiciaire traque la vérité dans les affaires classées. Grâce à la science et à la patience, le passé rattrape parfois les criminels, et redonne un souffle d’espoir aux familles.

Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder dans son intégralité.


Départ en opération pour les policiers spécialisés. Leur mission : remonter le temps. Ils s'apprêtent à arrêter le suspect d'un meurtre vieux de 14 ans. L'opération millimétrée est préparée dans le plus grand secret. Dans la brigade criminelle, dans la salle de crise, la tension est palpable. Le suspect a été localisé en province, chez des proches. Des années que les enquêteurs attendent ce moment. "Même si c'est une affaire ancienne, il est possible que le suspect, à notre vue, comprenne pourquoi on vient le chercher. Vigilance comme d'habitude", explique un membre de la brigade à son équipe avant l'intervention.

Les policiers ont visé juste. Deux jours plus tard, le meurtrier présumé est confondu par son ADN. Il est aujourd’hui en prison.

Le pôle des énigmes judiciaires

Depuis trois ans, un pôle judiciaire est dédié aux affaires non élucidées à Nanterre (Haut-de-Seine). Les magistrats qui y travaillent nous ouvrent exceptionnellement leurs portes : 449 procédures réexaminées impliquant 563 victimes, très majoritairement des femmes.

Ce sont ces juges qui ont obtenu la condamnation à perpétuité de Monique Olivier, qui enquêtent sur la tuerie de Chevaline ou encore explorent le passé de Nordahl Lelandais. Mais ils reprennent aussi des dossiers presque oubliés, comme le meurtre d’une femme de ménage philippine à Paris en 2011. L’enquête repart à zéro.

Les archives, trésors du passé

Pour remonter le temps, les enquêteurs fréquentent des lieux inattendus comme la bibliothèque historique des postes. Hugue Julié, vice-procureur au pôle "Cold case", explique : "On a toujours l’espoir, quand on traverse la porte, qu’on va peut-être trouver une pépite qui va nous permettre d’aller un petit peu plus loin." Dans ces archives, on retrouve notamment les annuaires téléphoniques des années 80, 90 et début 2000, un outil précieux car ces données ne sont pas numérisées.

Dans les sous-sols du palais de justice de Nanterre, derrière une porte sécurisée, plus de 5 000 scellés attendent : armes, vêtements, objets du quotidien. Autant d’indices restés muets, mais que les progrès de la science, notamment l’ADN, pourraient désormais faire parler.

Quand la science rallume l’espoir

Ces avancées scientifiques redonnent de l’espoir aux proches. Ce jour-là, une femme reçue par le pôle recherche son frère disparu depuis plus de 30 ans. Elle est accompagnée par Marie-Céline Lawrysz, procureure adjointe : "Le pôle représente un espoir incontestable chez les proches des victimes. Parce qu’à la douleur de la perte d’un être cher s’ajoute celle qui est liée à l’incertitude."

Une lettre anonyme vient aujourd’hui relancer les investigations sur cette disparition. Pour la sœur de l’homme disparu, l’espoir demeure : "Tant que la procureure ne me dit pas : “Là, on est au bout, on ne trouve plus rien, on a fait tout ce qu’on a pu”, on garde espoir."

Depuis la création du pôle Cold Case, 13 personnes ont été mises en examen par les juges.

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