Le médecin qui a soigné les policiers brûlés à Viry-Châtillon témoigne : "Une explosion dans un milieu confiné, c'est le pire qui puisse arriver"
Le professeur Maurice Mimoun, chef du service de chirurgie et de traitement des brûlés de l’hôpital Saint-Louis à Paris, témoigne après s'être occupé des deux agents visés par des tirs de cocktails Molotov le 8 octobre dernier, dans l'Essonne.
Le 8 octobre, la vie de deux jeunes policiers, un homme et une femme, a basculé alors qu'ils surveillaient un carrefour entre Viry-Châtillon et Grigny, dans l'Essonne. Ils sont pris pour cible par une quinzaine d'agresseurs qui incendient au cocktail Molotov les deux véhicules de police postés au carrefour. Les deux agents ont été grièvement brûlés. Aujourd'hui, leur "vie est sauvée", témoigne le professeur Maurice Mimoun, chef du service de chirurgie et de traitement des brûlés de l’hôpital Saint-Louis à Paris, qui les a pris en charge.
franceinfo : Comment se porte le jeune policier, le plus gravement brûlé ?
Professeur Maurice Mimoun : Il a été soigné dans les meilleures conditions possibles, en extrême urgence. Les équipes d’anesthésie-réanimation du professeur Mebazaa et mes équipes chirurgicales ont réagi tout de suite. Il a été opéré sur le champ par deux équipes chirurgicales. Chacune s'est occupée d'une de ses mains. Aujourd’hui, son évolution est rapide, même si ça reste très lourd. Beaucoup de zones brûlées doivent encore cicatriser, notamment au niveau de la face et de ses oreilles. Survivre ne veut pas dire être guéri au plan fonctionnel et esthétique. Il va maintenant falloir notamment s'occuper de ses mains. Le syndrome face-main est typique de ce genre d'accident : le réflexe de tout un chacun est se protéger le visage avec les mains. Un réflexe qui engendre des brûlures sur les mains et le visage, les deux zones les plus visibles, et dont la peau est la plus fragile.
Combien de temps les soins vont-ils encore durer ?
Malheureusement, le parcours du brûlé est toujours très long. Au début, on enlève la brûlure et on la remplace par une greffe. Mais cette greffe n’est pas du tout parfaite au départ. La maturation des cicatrices se fait avec le temps tout d’abord, puis grâce aux soins de rééducation et aux traitements chirurgicaux qui vont aider à limiter les séquelles. Tout ça dure plus d’un an. Ça va être encore très long.
Quelles seront les séquelles pour le jeune policier ?
Il faut être très prudent sur le pronostic. L'importance des séquelles pourra être évaluée dans les mois qui viennent. Il va falloir être très vigilant et adapter tous les traitements de kinésithérapie, de chirurgie, pour amener ce jeune homme au mieux du possible, de son possible car chacun cicatrise à sa manière.
Comment va la jeune policière également brûlée à Viry-Châtillon ?
Elle a quitté l’hôpital il y a quelques jours [mardi 18 octobre]. Nous continuons à la traiter en soins externes. Bien qu’elle soit aujourd’hui hors de danger, les séquelles esthétiques et fonctionnelles sont là. La mobilité de ses mains reste aléatoire.
Ces deux policiers récupèrent-ils aussi vite qu'espéré ?
Tous les deux récupèrent très vite. Ils sont dotés d'une énergie formidable. Ils sont jeunes aussi. Tout ça compte : ils veulent vraiment s’en sortir.
Qu’en est-il des séquelles psychologiques de ces deux policiers ?
Ils ont été très courageux et dignes, aidés par leurs familles, très présentes. Pour l’instant, ils repensent tout le temps aux événements du 8 octobre tout en essayant de ne pas y penser. Ils se trouvent toujours dans la phase aiguë : priorité aux soins pour guérir. Ce n’est qu’après qu’ils se rendront réellement compte de l’énormité de l’agression qu’ils ont subie. Et c'est là qu'il faudra réaliser tout un travail avec les psychologues.
La rapidité et la violence de l'attaque expliquent-elles la gravité de leurs blessures ?
Une explosion dans un milieu confiné, c'est le pire qui puisse arriver. La chaleur est montée à une température énorme. Ils sont sortis très vite mais pas immédiatement. le jeune homme était complètement enflammé. Le collègue qui lui a arraché ce qu’il avait sur lui lui a certainement sauvé la vie.
Pourquoi prendre la parole aujourd’hui ?
Nous n’avons pas voulu communiquer avant d’être certains que l’homme était hors de danger. Et puis ces patients nous ont demandé de témoigner de l’importance de l’agression, du fait que les souffrances ne sont pas finies pour eux même si leur vie est sauvée.
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