Une "fascination pour la mort", "aucun signe de trouble mental"... Ce que l'on sait du collégien qui a reconnu le meurtre d'une surveillante à Nogent
L'élève de 14 ans avait formé le projet de s'en prendre à une surveillante, sans cibler précisément la victime, depuis plusieurs jours, selon ses déclarations rapportées par le procureur mercredi. Il a agi avec un couteau trouvé dans la cuisine de ses parents.
Un profil inquiétant qui conserve de nombreuses zones d'ombre. L'élève de 14 ans en garde à vue pour avoir poignardé à mort une surveillante de son collège à Nogent (Haute-Marne), mardi, a reconnu les faits, et même affirmé, en présence de son avocat, avoir prémédité son geste, a révélé le procureur de Chaumont, Denis Devallois, lors d'une conférence de presse, mercredi 11 juin.
Le magistrat a donné des détails sur la personnalité de ce collégien, chez lequel rien ne semblait laisser penser à un tel passage à l'acte. Sa garde à vue a été prolongée et il devrait être présenté à un juge d'instruction de Dijon (Bourgogne) jeudi, en vue de sa mise en examen. Voici ce que l'on sait du mis en cause dans cette affaire qui a créé l'émoi dans cette petite ville de 3 500 habitants, et bien au-delà.
Un élève "sociable", mais connu pour deux incidents dans l'établissement
Cet adolescent, né en août 2010, est décrit par son entourage "comme sociable et plutôt comme un bon élève", "intégré à la vie de son établissement", le collège Françoise-Dolto, a exposé le procureur. Il y était même "référent harcèlement", comme l'avait révélé la ministre de l'Education nationale Elisabeth Borne mardi. Il est issu "d'une famille unie et insérée professionnellement", qui ne présente "aucun antécédent judiciaire".
Cet élève était toutefois connu pour deux incidents, plus tôt dans l'année scolaire, et avait "fait l'objet de deux sanctions disciplinaires" : en novembre, il avait été privé de cours une journée pour avoir "porté des coups de poings à un camarade de classe" ; en décembre, il avait été exclu de l'établissement une journée "pour avoir frappé un élève de sixième." A la question de savoir si ces éléments auraient pu attirer l'attention, le procureur a répondu qu'ils avaient été gérés "par le collège comme ce genre d'incidents peuvent l'être" et qu'"aucun élément ne laissait présager la gravité des faits commis plus tard".
"Aucun signe de trouble mental" et "pas de regrets" sur les faits
En garde à vue, l'adolescent est apparu "détaché, tant au regard de la gravité des faits que des conséquences vis-à-vis de lui-même", a rapporté le procureur, ajoutant qu'il ne présente "aucun signe évoquant un possible trouble mental". Toujours selon le magistrat, l'élève a reconnu "être l'auteur du passage à l'acte" mais "ne l'explique pas véritablement". Il "n'exprime pas de regrets ni aucune compassion pour" la victime, a poursuivi Denis Devallois.
Après une journée d'interrogatoires, les enquêteurs perçoivent tout de même chez ce garçon "une perte de repères quant à la valeur de la vie humaine, à laquelle il ne semble pas attacher d'importance", et "une certaine fascination pour la mort et la violence, ainsi que pour les personnages les plus sombres des films ou séries télévisées." Il se dit aussi "adepte de jeux vidéo violents, sans pour autant être addict à ces jeux" et "utilise peu les réseaux sociaux", a-t-on encore appris lors de cette conférence de presse.
Le projet de "tuer une surveillante" ressassé depuis le week-end
Sur le contexte dans lequel se sont déroulés les faits, le collégien a malgré tout livré quelques éléments d'explication. "Il ne supportait plus le comportement des surveillantes en général" (toutes des femmes au sein de cet établissement), "qui auraient eu une attitude différente selon les élèves", a relaté le procureur, précisant que l'élève était resté flou sur les "événements qui expliqueraient ces sentiments d'injustice subie".
Il a toutefois raconté avoir été "sermonné par une surveillante", qui n'était pas Mélanie G., "le vendredi 6 juin, alors qu'il embrassait sa petite amie". A la suite de cela, l'adolescent "a ressassé le projet de tuer une surveillante et n'importe laquelle", sans cibler spécifiquement la victime, avec laquelle il n'avait pas de grief connu, a fait savoir Denis Devallois. Cette préméditation pourrait entraîner une requalification des chefs d'accusation, de meurtre en assassinat, à l'issue de la garde à vue. Du fait de sa minorité, le collégien encourt vingt ans de réclusion et non la perpétuité.
Un couteau trouvé dans sa cuisine
Après le week-end de trois jours de la Pentecôte, l'élève a pris, mardi matin, "le plus gros couteau qui se trouvait à son domicile, pour faire le plus de dégâts possibles", selon son récit relaté par le procureur. Il s'agissait d'un couteau de cuisine de 34 centimètres, avec une lame de 20 centimètres, a décrit le magistrat.
La présence inopinée de cinq gendarmes, qui effectuaient un contrôle des sacs surprise et aléatoire devant le collège, comme cela avait déjà été fait le 25 avril, ne l'a pas dissuadé. Ce contrôle n'avait pas été annoncé à l'avance aux élèves, a assuré le procureur.
La surveillante à laquelle il s'en est pris, âgée de 31 ans et maman d'un enfant de 4 ans, vérifiait les carnets de correspondance à l'entrée de l'établissement ce matin-là. Malgré l'intervention rapide des forces de l'ordre puis des secours, la victime est morte sur place. Elle présentait "sept plaies", dont l'une " dans le dos, d'une profondeur de 18 cm", est "à l'origine du décès".
L'élève avait-il le projet de s'en prendre à plusieurs surveillantes, d'autres membres du personnel ou des élèves ? "Il n'a pas exprimé la volonté de faire d'autres victimes" mais "on peut se demander avec effroi ce qu'il aurait pu se passer si les gendarmes n'étaient pas intervenus", a répondu le procureur.
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