Narcotrafic : une nouvelle cellule spéciale anti-corruption mise en place à Marseille

Une vingtaine d'enquêtes ont été confiées aux deux magistrats de la section économique et financière du parquet de Marseille qui comptent lutter contre la corruption liée au trafic de drogue.

Article rédigé par Mathilde Vinceneux
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Des officiers de police judiciaire (Photo d'illustration). (DENIS CHARLET / AFP)
Des officiers de police judiciaire (Photo d'illustration). (DENIS CHARLET / AFP)

Face aux narcotrafiquants qui tentent d'infiltrer la justice, la police, les prisons et qui pourraient menacer des fonctionnaires, des élus ou des agents du privé, le procureur de Marseille a créé une cellule spéciale anticorruption. Une première en France alors que les faits de corruption sont en hausse dans le pays.

Ces magistrats spécialisés vont enquêter sur ces groupes criminels aux moyens "quasi illimités", capables de payer grassement et de faire pression en échanges de services ou d’informations. Cette cellule anti-corruption est composée de deux magistrats de la section économique et financière du parquet de Marseille.

Preuve de la pression exercée par les narcotrafiquants : 18 enquêtes en cours s’empilent déjà sur leur bureau. Elles portent sur des tentatives de corruption ou de la corruption liées au trafic de drogue. Le procureur de Marseille Nicolas Bessone a souhaité faire ce regroupement "pour avoir une vision transversale, puisqu'on peut supposer que quelqu'un qui va corrompre un agent portuaire aura aussi une volonté de corrompre un policier ou un greffier", explique le procureur.

Rester attentifs et vigilants face aux élus

Derrière une petite infraction, comme introduire un téléphone en prison ou consulter un fichier d’enquête, il peut y avoir tout un système de corruption. Et cela peut concerner tous les corps de métiers : des magistrats, greffiers, policiers, gendarmes, douaniers, surveillants pénitentiaires, directeurs d'établissements pénitentiaires ou encore agents de sécurité, par exemple…

Même les élus peuvent être ciblés, notamment dans le cadre des élections municipales à venir en mars, prévient Nicolas Bessone. "Je n'ai pas d'élu dans le viseur, mais nous resterons très attentifs et vigilants", assure-t-il.

"Le président de la commission des comptes de campagne manifeste une certaine inquiétude, peut-être d'une volonté d'entrisme du narcotrafic par le biais des prochaines élections municipales"

Nicolas Bessone, procureur de Marseille

Une vigilance d’autant plus nécessaire, que les narcotrafiquants ont de quoi convaincre : "La corruption a toujours existé et ça a toujours été l'apanage du crime organisé. Sauf que là, les moyens que vous avez en face sont considérables", observe Nicolas Bessonne. Cette cellule anti-corruption permettra aussi de mettre en place des "bonnes pratiques" au sein du tribunal, pour mieux protéger les fichiers d’enquêtes par exemple.

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