Suivi du meurtrier présumé d'Angélique : "L'injonction de soins n'est pas un outil magique et systématique"
Le médecin Christophe Marx a estimé lundi sur franceinfo que "si le délinquant ne se considère pas comme malade, l'indication d'injonction de soins tombe à plat".
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L'injonction de soins n'est pas "un outil magique et systématique", a réagi lundi 30 avril sur franceinfo Christophe Marx, médecin et coordonnateur dans le cadre du suivi socio-judiciaire des auteurs d’infraction à caractère sexuel. Le meurtrier présumé d'Angélique Six, 13 ans, retrouvée morte dans la nuit de samedi 28 au dimanche 29 avril, avait été condamné en 1996 pour viol avec arme sur une mineure de 12 ans. L'homme n'était pas soumis à une obligation de soins car "la législation à l'époque n'autorisait ce type de suivi que dans la cadre d'une libération conditionnelle", a précisé le procureur de la République de Lille. Le médecin Christophe Marx a expliqué que "si le délinquant ne se considère pas comme malade, ou qu'il nie les faits, ou qu'il a une attitude tellement hostile et rebelle qu'on pense qu'aucune thérapie ne pourra l'aider, l'indication d'injonction de soins tombe à plat".
franceinfo : Le procureur de Lille a expliqué qu'il n'y avait pas d'injonction de soins à sa sortie de prison. Ce n'était pas prévu par la loi à l'époque. Est-ce que c'est systématiquement le cas aujourd'hui ?
Christophe Marx : Non ! Ce n'est pas systématiquement le cas. C'est à l'appréciation du juge qui peut éventuellement demander une expertise. C'est sur l'indication du médecin expert qu'une injonction de soins sera décidée. C'est en fonction du niveau de pathologie et en fonction de la possibilité que l'injonction de soins soit effectivement thérapeutique. Il ne faut pas oublier que le soin, c'est pour soigner des gens qu'on considère comme malade. Si le délinquant ne se considère pas comme malade, ou qu'il nie les faits, ou qu'il a une attitude tellement hostile et rebelle qu'on pense qu'aucune thérapie ne pourra l'aider, l'indication d'injonction de soins tombe à plat.
Est-ce que des années de soins ne peuvent pas faire évoluer cet état d'esprit ?
Bien sûr. Il y a des gens qui sont condamnés à des injonctions de soins pendant deux ans, cinq ans, voire dix ans. On a pu voir, malgré les cas où il y a une certaine lassitude, des gens qui, petit à petit, se rendaient compte que leur action était mauvaise pour tout le monde et qui après changeaient d'état d'esprit. Mais ce n'est pas systématique. L'injonction de soins n'est pas un outil magique et systématique.
Est-ce qu'il faudrait un suivi plus important au-delà des soins ?
En France, on n'est pas équipés pour suivre ce qui se passe dans la tête des gens. On n'a pas des rencontres possibles avec des éducateurs, avec des gens qui accompagnent ces délinquants dans des groupes de parole. Une fois que la personne respecte formellement son injonction, on ne peut pas rentrer, ni dans sa tête, ni dans le cabinet de consultation.
Que faudrait-il mettre en place ?
Au Canada, il y a une politique plus volontariste d'accompagnement personnalisé sur des lignes différentes de celles que l'on a en France. En termes d'argent, l'accompagnement social, qui n'est pas un manque de répression, va être plus efficace en termes de prévention de la récidive et moins cher que de mettre les gens en prison. C'est tout un état d'esprit. C'est une ambiance culturelle qui est différente de la nôtre. Mais en France, tous les acteurs n'ont qu'une seule chose en tête, c'est la prévention de la récidive, que ce soit le juge, le juge d'application des peines, le conseiller de probation et d'insertion, le médecin coordonnateur. On a tous ça en tête. Effectivement, de temps en temps il peut y avoir une situation qui échappe.
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