Procès en appel du crash du vol Rio-Paris : "J'irai jusqu'au bout", affirme la présidente de l'association de victimes

Lundi s'ouvre le procès en appel du crash du vol Rio-Paris survenu 16 ans plus tôt. Un nouvel espoir pour les familles des victimes qui espèrent faire reconnaître pénalement la responsabilité d'Air France et Airbus dans le drame.

Article rédigé par franceinfo
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Des débris du vol AF447 Rio-Paris récupérés le 8 juin 2009. (HANDOUT / BRAZILIAN NAVY)
Des débris du vol AF447 Rio-Paris récupérés le 8 juin 2009. (HANDOUT / BRAZILIAN NAVY)

C'est la pire catastrophe de l'histoire d'Air France. Il y a 16 ans, 228 personnes montent à bord du vol AF447 à Rio de Janeiro, au Brésil, pour rejoindre Paris. Quelques heures après le décollage, l'Airbus A330 est pris dans un orage givrant et s'écrase dans l'océan Atlantique, tuant tous les passagers et l'équipage à bord.

Lundi 29 septembre à 13h30 s'ouvre le procès en appel pour homicide involontaire de la compagnie aérienne mais aussi d'Airbus, le constructeur. Ils ont été relaxés en première instance, mais les familles sont déterminées à faire reconnaître la responsabilité des deux groupes. Danièle Lamy a perdu son fils cadet, Eric, 37 ans au moment du crash. "J'irai jusqu'au bout des choses pour Eric. Et j'irai jusqu'au bout des choses pour les familles qui, jusque-là m'ont fait confiance", assure-t-elle.

"C'est le combat d'une vie que je n'avais pas choisi"

La présidente de l'association de victimes "Entraide et solidarité" ne comprend toujours pas pourquoi le tribunal correctionnel de Paris a reconnu des négligences de la part d'Air France et d'Airbus sur les sondes Pitots, qui mesurent la vitesse de l'appareil sans les condamner au pénal. "Lorsque l'équipage et les passagers ont embarqué le 31 mai 2009 à Rio, l'Airbus A330 n'offrait pas un niveau optimal de sécurité parce que les sondes étaient obsolètes, 19 000 heures de vol alors qu'elles sont corrodées dès 10 000 heures de vol, elles n'ont pas été remplacées malgré la recrudescence des incidents de givrage".

"On attend un jugement courageux, un jugement abouti et que les magistrats reconnaissent la responsabilité et la culpabilité des sociétés Airbus et Air France."

Danièle Lamy

présidente de l'association de victimes "entraide et solidarité AF447"


Teddy Robert, frère de l’un des copilotes du vol, invité lundi sur franceinfo, attend, lui aussi, "des coupables", après la disculpation complète des pilotes lors du procès en première instance. "Une première victoire" pour lui. "On ne peut pas s’arrêter là, ce n’est pas possible. 228 victimes ! Ce n’est pas dû à la météo. Ce n’est pas dû aux pilotes, ça a été prouvé. Maintenant, c’est dû à quoi ?" Il réclame une condamnation ferme : "Il faut un coupable, voire deux."

"C'est David contre Goliath"

Parmi les victimes, figurait également Pascal, le frère de Philippe Linguet, vice-président de l’association "Entraide et solidarité AF447". "Je ne sais pas si ce procès va nous permettre de tourner la page, mais ce procès doit nous permettre de connaître enfin la vérité, toute la vérité", espère Philippe Linguet invité d'ICI Orléans (ex-France Bleu) lundi matin. Il reconnaît que l'action des familles est "un peu le combat de David contre Goliath", mais espère que ce procès "va permettre d'améliorer la sécurité aérienne".

Un procès de la dernière chance pour les familles des victimes qui comprennent 72 Français et une trentaine d'autres nationalités. Mais 16 ans après le drame, toutes ne pourront pas être présentes.
"Déjà les gens ont vieilli depuis. Certains ont disparu d'une part. Certaines n'ont plus le ressort pour assister à ce nouveau procès. C'est le combat d'une vie que je n'avais pas choisi. On espère que la justice ira jusqu'au bout", souhaite Danièle Lamy. Air France et Airbus de leur côté assurent qu'ils continueront à démontrer leur innocence dans ce dossier. 

Le 17 avril 2023, Air France et Airbus avaient été relaxés des poursuites pour homicides involontaires. Le tribunal correctionnel avait jugé que, si des "fautes" avaient été commises, "aucun lien de causalité certain" avec l'accident n'avait "pu être démontré". Les deux sociétés seront donc de nouveau jugées ce lundi pour homicides involontaires et risquent à nouveau 225 000 euros d'amende chacune. 

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