"En France, il y a une sorte de fascination pour les accusés" : au procès du braquage de Kim Kardashian, une journaliste de CNN pointe un "clash de culture"

Saskya Vandoorne couvre le procès des braqueurs de la star américaine pour la chaîne américaine. Elle relève une perception différente de cette affaire entre médias américains et français.

Article rédigé par Joanna Yakin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
La star Kim Kardashian à son arrivée au Palais de justice de Paris, le 13 mai 2025. (THOMAS SAMSON / AFP)
La star Kim Kardashian à son arrivée au Palais de justice de Paris, le 13 mai 2025. (THOMAS SAMSON / AFP)

Plus de 400 journalistes ont été accrédités pour couvir le procès des braqueurs de la star américaine Kim Kardashian. Elle doit témoigner mardi 13 mai, en début d'après-midi au Palais de justice de Paris. En 2016, elle s'était fait dérober pour neuf millions d'euros de bijoux au cours d'un braquage traumatisant. Saskya Vandoorne, journaliste pour CNN, cheffe du bureau de Paris, couvre ce procès pour la chaîne américaine CNN. Elle est interpellée par la différence de perception de cette affaire entre les Américains et les Français.

Franceinfo : Vous êtes sur place, au tribunal, afin de couvrir ce procès pour CNN. Cet évènement est-il important aux Etats-Unis ?

Saskya Vandoorne : Oui, cette affaire est prise très au sérieux. On a mobilisé une équipe de cinq personnes pour couvrir le procès. On a un producteur qui est arrivé très tôt mardi matin, dès 5h, pour se mettre dans la file d'attente et parvenir à avoir une place à l'intérieur de la salle d'audience. C'était très important pour nous d'écouter, d'entendre Kim Kardashian, de pouvoir observer ses émotions. Et moi, je serai en train de faire des directs toute la journée à l'extérieur du tribunal, devant. On souligne énormément la violence qui a marqué ce braquage. C'est un procès hors norme, il y a des détails qui sont extraordinaires dans cette affaire qui est un peu rocambolesque. Le fait qu'ils soient appelés "les papys braqueurs", qu'ils aient plus de 60 ans, que l'on n'ait jamais retrouvé la bague de fiançailles, les braqueurs qui se sont enfuis à vélo… Énormément de détails qui en font un procès atypique.

Avez-vous perçu une différence de traitement et de perception de cette affaire entre les médias américains et les médias français ?

Oui. Quand on se repenche sur l'affaire, on voit que, dès le début, elle avait été perçue de manière très différente. Dans la presse française, le fait qu'il s'agissait d'un vol à main armée n'était parfois même pas mentionné. Les médias français semblent fascinés par les "papys braqueurs", ce nom que l'on retrouve dans les titres des articles avec cette idée qu'ils sont peut-être inoffensifs. Aux Etats-Unis, on a plutôt vraiment mis l'accent sur le fait que c'était violent, qu'elle avait été menottée, qu'elle a eu peur pour sa vie et qu'elle pensait qu'elle allait être violée. À l’inverse en France, il y a une sorte de fascination pour les personnages et les accusés de cette affaire.

Comment l'expliquez-vous ?

Dès le lendemain du braquage, aux Etats-Unis, beaucoup de célébrités avaient tweeté des messages de soutien à Kim Kardashian, tandis qu'en France, on a vu assez rapidement des personnes qui en parlaient comme si elle méritait un peu, quelque part, ce qui lui était arrivé. Je me souviens que des personnes comme Karl Lagarfeld avait critiqué Kim Kardashian.

"Il y avait cette idée que si l'on met sa richesse en avant, si on met nos bijoux sur Instagram, il ne faut pas être étonné que quelqu'un vienne les prendre."

Saskya Vandoorne

à franceinfo

Mais aux Etats-Unis, montrer sa richesse est quelque chose qui n'est pas mal vu. C'est quelque chose dont on peut être fier. Donc c'est vrai qu'il y avait cette dissonance et ce "clash de culture" tout de suite après le braquage. La France a peut-être un peu "romantisé" les accusés et il y a vraiment moins de sympathie pour Kim Kardashian qu'aux Etats-Unis.

C'est un aspect dont vous parlez dans vos interventions ?

Absolument. Deux questions reviennent plus particulièrement. D'abord, sur le nom donné à ces accusés, d'abord. Les "papys braqueurs", en anglais "grandpa gang", c'est étrange pour les Américains qu'on les appelle comme cela, ça laisse entendre qu'ils sont âgés, vieux et inoffensifs... La deuxième question, c'est pourquoi l'affaire arrive au tribunal après neuf ans. Cela leur paraît extrêmement long, alors j'essaie d'expliquer qu'il y a notamment eu les attaques terroristes, le Covid, et aussi beaucoup d'accusés qui sont malades.

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