Reportage "Quand c'est comme ça, c'est que l'état de sécheresse est avancé" : face au risque de feux de forêts, le rituel de ces agents de l'ONF dans la garrigue

Les spécialistes de la défense des forêts de l'Office national des forêts réalisent des prélèvements sur les plantes, l'été, pour mesurer l'ampleur de la sécheresse. Des indications nécessaires pour déterminer le niveau du risque incendie dans les Bouches-du-Rhône.

Article rédigé par Mathilde Vinceneux
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Dans les Bouches-du-Rhône, les agents de l'ONF prélèvent des végétaux pour mesurer leur poids en eau et en déduire le risque incendie dans la garrigue. (Mathilde Vinceneux / RADIO FRANCE / FRANCEINFO)
Dans les Bouches-du-Rhône, les agents de l'ONF prélèvent des végétaux pour mesurer leur poids en eau et en déduire le risque incendie dans la garrigue. (Mathilde Vinceneux / RADIO FRANCE / FRANCEINFO)

La crainte d'une flambée. En cette période de forte chaleur dans le sud de la France, et alors que de gros feux ont déjà frappé la région, les Agents de l'Office national des forêts (ONF) traquent les signes de sécheresse. Chaque semaine, dans les départements du pourtour méditerranéen, comme un rituel, ils mesurent la teneur en eau des végétaux, en prélevant quelques pousses. Une donnée précieuse pour évaluer le risque incendie.

"On prélève deux essences sur ce site de Carry-le-Rouet : le chêne kermès et le romarin", détaille Luc Venot, coordinateur pour la défense des forêts contre l'incendie à l'ONF, dans les Bouches-du-Rhône.

"C’est la broussaille qui va jouer le premier rôle, primordial, dans la propagation du feu."

Luc Venot, coordinateur pour la défense des forêts contre l’incendie à l’ONF dans les Bouches-du-Rhône

à franceinfo

Pour ne pas fausser la mesure du taux d'humidité, il faut éviter la rosée et les embruns. La cueillette se fait donc toujours aux heures les plus chaudes, quand le soleil cogne.

Des signes de sécheresse

Les signes de sécheresse sont visibles à l'œil nu. "La feuille du chêne kermès commence à être dure et très piquante. Comme le romarin. Vous voyez qu'il commence à être tout jaune, il se referme sur lui. Quand c'est comme ça, c'est que déjà l'état de sécheresse est pas mal avancé", constate Geoffrey Chouquet, conducteur de travaux pour l'ONF.

Pour définir le taux précis d'eau contenu dans les plantes, les pousses sont placées dans des bocaux puis pesées deux fois, avant et après un passage au four en laboratoire. "On les pèse, vert" dans un premier temps, explique Luc Venot, puis "on les passe à l'étuve, 24 heures, à 60 degrés. Et en suite, on pèse le résultat, le végétal sec." Ensuite, "tout simplement, on en déduit le poids d'eau qu'il y avait à l'intérieur du végétal et donc son pourcentage", décrit-il.

Des données essentielles

C'est ce pourcentage qui permet à Météo France d'ajuster ses prévisions de risque incendie. Il permet aussi d'avoir une idée de la taille des éventuels feux. "Généralement, quand on est au-dessus de 50%" d'humidité, "on n'a pas de risque de grands feux" développe Luc Venot. "En dessous de 30%, on est vraiment en risque très fort. C'est-à-dire des risques de grands feux, mais la sécheresse des végétaux n'est pas le seul paramètre. Il y a aussi tous les paramètres météorologiques du jour", comme le vent, le mistral, par exemple.

Cette technique pour mesurer la sécheresse, très présente dans le Sud de la France, commence à s'exporter dans le Nord. Récemment, les agents de l'ONF sont allés former leur collègue en Alsace, dans les Vosges, en Île-de-France, car le risque de feux concerne de plus en plus de régions.

Le reportage de Mathilde Vinceneux à Carry-le-Rouet

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