Incendies en Espagne et au Portugal : "Ce sont vraiment des surfaces exceptionnelles", souligne le porte-parole de la Sécurité civile
Toutefois, s'ils ont des similitudes, les feux européens sont encore loin des mégafeux canadiens ou australiens en termes de surfaces, souligne le colonel Alexandre Jouassard. Pour se préparer à la violence croissante des incendies qui se multiplient en France, la Sécurité civile envoie des militaires apprendre de ces deux pays.
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Des milliers de pompiers, appuyés par des militaires, des hélicoptères et des avions prêtés par les pays voisins mènent depuis près de deux semaines une lutte inlassable contre les flammes qui dévorent l'ouest de l'Espagne et le Portugal. "Ce sont vraiment des surfaces exceptionnelles", souligne jeudi 21 août sur franceinfo, le colonel Alexandre Jouassard, porte-parole de la Sécurité civile et directeur adjoint du Centre opérationnel de gestion interministérielle des crises. Depuis le début de l'année, plus de 600 000 hectares de végétation ont brûlé dans les deux pays, selon le Système européen d'information sur les feux de forêts (EFFIS) de l'institut Copernicus. Près de 400 000 hectares pour l'Espagne, c'est déjà un triste record annuel battu.
"Ce sont des pays qui ont l'habitude d'avoir des feux de haute intensité mais là, c'est une année record", relève le colonel Alexandre Jouassard. La France a envoyé mercredi un hélicoptère bombardier d'eau au Portugal dans le cadre du programme de solidarité européen. L'appareil est mobilisé "sur un feu qui, à lui seul, a ravagé plus de 60 000 hectares, soit la totalité d'une saison feux de forêt en France à haute intensité", précise le porte-parole de la Sécurité civile. Il pense aussi à l'Espagne qui fait face à "six ou sept feux de forêt de plus de 20 000 hectares". Selon lui, "c'est impossible à contenir avec les moyens capacitaires d'un pays".
Des feux qui se propagent "à 7km/h, impossibles à arrêter"
Pour ces violents incendies, "l'approche est totalement différente. Il faut préserver l'essentiel : les vies humaines, les habitations et tout ce qui peut être réalisé pour contenir le feu", explique le directeur adjoint du Centre opérationnel de gestion interministérielle des crises. "Mais lorsque vous avez des propagations à 7 km/h" comme en Espagne, "c'est impossible d'arrêter un feu de ce type-là".
Le colonel Alexandre Jouassard rappelle que cela a été la difficulté des sapeurs-pompiers dans l'Aude. Le feu qui a ravagé, début août, le massif des Corbières, avançait à une vitesse de 5 ou 6 km/h. "On a mis énormément de moyens : plus de 2 000 sapeurs-pompiers, des moyens aériens exceptionnels. Ça nous a permis de limiter la casse, d'éviter aussi que de nombreuses habitations soient brûlées, d'avoir un bilan humain assez léger par rapport à ce qu'on peut constater dans les autres pays actuellement touchés". L'incendie a fait un mort et deux blessés graves, alors que nos voisins dénombraient jeudi matin au moins 7 morts, quatre en Espagne et trois au Portugal.
Au Canada, les mégafeux peuvent "atteindre jusqu'à un million d'hectares"
Le colonel Alexandre Jouassard estime que ces incendies ne correspondent pas, à proprement parler, à la définition de "mégafeux" utilisée pour ceux du Canada. "En termes de vitesse de propagation et de capacité spécifique de ces feux, c'est-à-dire de créer leur propre vent, il y a des grandes similitudes avec ces mégafeux canadiens, américains ou australiens, concède-t-il. Néanmoins, "la différence se joue ensuite sur les surfaces". Le porte-parole de la Sécurité civile prend l'exemple des feux de forêts dans la province du Manitoba, dans l'ouest du Canada. "On était sur des surfaces de plus de 500 à 600 000 hectares". Ces incendies peuvent "atteindre même jusqu’à un million d'hectares. Donc, c'est différent pour la superficie mais sur la vitesse de propagation, on peut utiliser ce genre de sémantique", explique-t-il.
La France se prépare depuis des années à faire face aux violents incendies qui se multiplient. La Sécurité civile a envoyé des experts en Australie ou au Canada pour "observer" le travail des pompiers. Ils "ont ramené des informations précieuses", salue le colonel Alexandre Jouassard. Trois "grands axes" de travail ont été définis. Premièrement, augmenter les moyens. Ainsi, depuis 2023 des "pactes capacitaires feux de forêts" sont mis en œuvre. Ils permettent "aux services d'incendie et de secours de bénéficier d'un cofinancement de l'État et des collectivités territoriales pour acquérir des capacités opérationnelles supplémentaires", explique le ministère de l'Intérieur sur son site. Deuxièmement, avoir plus de spécialistes. Le directeur adjoint du Centre opérationnel de gestion interministérielle des crises précise que l'École d'application de Sécurité Civile (ECASC), située à Valabre (Bouches-du-Rhône) "augmente sa capacité de formation". Troisièmement, renforcer la prévention. Il s'agit par exemple "d'informer la population sur la nécessité du débroussaillage et sur toutes les actions qui permettent d'éviter et de contenir les feux".
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