Témoignages "Il n'y avait pas de pompiers pendant trois heures" : une semaine après l'incendie à Marseille, la colère toujours vive de ces habitants

Une semaine après le violent incendie qui a touché Marseille le 8 juillet dernier, les sinistrés ont laissé exploser leur colère lors d'une réunion à l'Estaque, quartier très touché par le feu. Ils mettent en cause l'organisation des secours commandée par la préfecture.

Article rédigé par Mathilde Vinceneux
Radio France
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Temps de lecture : 2min
Une des 90 maisons détruites par l'incendie dans le quartier de l'Estaque, à Marseille, le 8 juillet 2025. (MATHILDE VINCENEUX / FRANCEINFO)
Une des 90 maisons détruites par l'incendie dans le quartier de l'Estaque, à Marseille, le 8 juillet 2025. (MATHILDE VINCENEUX / FRANCEINFO)

À l'Estaque, quartier du nord de Marseille, environ 90 maisons ont été touchées par l'incendie, selon un bilan toujours provisoire, qui a ravagé plus de 750 hectares entre les Pennes-Mirabeau et Marseille. Mardi 15 juillet, la mairie a organisé une réunion pour accompagner les habitants. Beaucoup s'interrogent sur la chaîne de commandement lors de l'incendie, alors que c'est la préfecture, et pas la ville, qui était aux commandes.

 La salle de réunion, interdite aux journalistes, est pleine à craquer quand des sinistrés claquent la porte, ulcérés. "C'est du pipeau", lance ce riverain qui vient d'un vallon où les maisons ont entièrement brûlé. Il se repasse le film en boucle depuis le drame. "À 15h15, j'ai appelé les pompiers pour dire 'J'ai le feu devant la maison', raconte-t-il. Je suis resté jusqu'à 18 heures pour combattre, avec un filet d'eau. Il n'y avait pas de pompiers pendant trois heures, le temps de brûler toutes les maisons."

Le préfet "n'a pas donné les ordres qu'il fallait"

Rémy habite au même endroit, des membres de sa famille ont tout perdu. "Mon grand-père, ma belle-mère, le grand-père de ma femme, énumère l'habitant, ils n'ont plus de maison du tout". Pour lui, la faute n'est pas aux pompiers, mais "au préfet, parce qu'il n'a pas donné les ordres qu'il fallait". Un préfet qui n'est même pas là pour donner des réponses, ajoute une retraitée en larmes. 

Hanifa, elle, a fui les flammes en sauvant une voisine octogénaire. Et elle repense à ces messages d'alerte qui ont donné l'ordre de rester confinés : "N'évacuez que sur ordre des autorités locales. Donc, tu les attends, les autorités avec un [mégaphone], avec quelque chose, une sirène. Mais rien."

"On s'est auto-évacués et on s'est auto-sauvés les uns les autres."

Hanifa, habitante du quartier de l'Estaque

à franceinfo

"Il n'y a pas eu de victimes, c'est un miracle", constate de son côté, Mathilde. Dans son lotissement, neuf maisons sur dix ont brûlé. Et quand les pompiers sont enfin arrivés, c'étaient des renforts, venus des départements voisins, déboussolés. "Ils ne savaient pas où étaient les points d'eau, parce qu'ils n'étaient pas d'ici en fait, se désole l'habitante. Mais même quand on n'est pas d'ici, j'imagine qu'il doit y avoir des cartes et des informations qui sont transmises... Mais non." La colère est immense, conclut Mathilde. 

Le reportage de Mathilde Vinceneux avec des sinistrés de l'Estaque

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