Incendie de l'usine Lubrizol à Rouen : la parole de l'État "n'est pas partiale, elle est partielle", estime Corinne Lepage
"On est en face d'un État qui dit qu'il veut la transparence, sauf que la notion de transparence n'est pas arrivée jusqu'au préfet", estime l'ancienne ministre de l’Écologie.
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Alors que 2 000 personnes ont manifesté samedi à Rouen pour réclamer davantage de transparence sur les conséquences sanitaires de l'incendie de l'usine Lubrizol, Corinne Lepage, ancienne ministre de l’Écologie, présidente de CAP21, a saisi la justice vendredi 11 octobre afin de connaître "toutes les informations sur la pollution et les conséquences", a-t-elle expliqué sur franceinfo.
franceinfo : Vous avez obtenu la semaine dernière la nomination d'un expert indépendant. Cela veut dire que vous doutez de la parole publique ?
Corinne Lepage : J'ai demandé au tribunal administratif de nommer dans le cadre d'un référé-constat un expert qui puisse recevoir les pièces des uns et des autres et faire le point. Pour l'instant, on n'est pas dans la recherche des causes et des responsabilités. Qu'est-ce qu'il y avait comme produit et comme molécule dans ces deux usines ? On a des produits génériques pour Lubrizol et on n'a absolument rien du tout en ce qui concerne Normandie Logistique.
Je demande à ce que les pièces soient produites, c'est-à-dire le dossier administratif de l'une et l'autre de ces entreprises. Pour le moment, c'est mission impossible. On est en face d'un État qui dit qu'il veut la transparence, sauf que la notion de transparence n'est pas arrivée jusqu'au préfet, parce que les pièces ne sont pas communiquées.
Quelle crédibilité accordez-vous à la parole de l'État ?
Depuis le début, je dis qu'elle n'est pas partiale, elle est partielle. La vérité, c'est que nous n'avons pas la plupart des analyses. Nous avons au niveau de Respire [l'association nationale pour la prévention et l'amélioration de la qualité de l'air] des agriculteurs qui sont dans une situation catastrophique.
Nous n'avons pas les analyses de dioxine dans les aliments, on n'a pas les analyses des toxines dans les végétaux. On n'a pas les métaux lourds et on ne sait pas du tout le rôle de l'effet-cocktail de tous ces produits qui peut-être ont été absorbés en petite quantité, mais mis bout à bout dans le même organisme ont peut-être des effets. Grâce aux expertises on va pouvoir savoir, quels produits, quelles substances, quelles études sont faites ou sont en cours et quelles études restent à faire. Déjà on aura beaucoup avancé.
La procédure peut-elle être longue ?
Une procédure, c'est très long. J'ai obtenu vendredi à la cour d'appel de Paris un arrêt qui va être très important pour cette affaire. C'est la première fois que nous avons fait juger qu'il y a mise en danger délibérée d'autrui quand une installation classée dysfonctionne et envoie un panache de dioxine au-dessus de la population [il s'agit de l'incinérateur d'ordures ménagères de Vaux-le-Pénil (Seine-et-Marne) qui recrachait au-dessus des maisons des fumées surchargées en dioxines, des polluants organiques très toxiques]. Cet incinérateur a arrêté de fonctionner en 2002 et nous avons un arrêt de cour d'appel en 2019.
Je ne dis pas que ça va durer aussi longtemps, mais je dis qu'on est partis pour du temps. Ce qui est très important, c'est que nous avons trouvé ce matin avec les organisateurs de Respire les moyens de mettre en place une organisation pour permettre aux victimes de se regrouper, de travailler ensemble avec toute une série de spécialistes qui ont demandé à participer au travail, et c'est très important.
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