Exposition attaquée par des militants d'extrême droite en Seine-Saint-Denis : "Je trouve ça choquant, inquiétant, révoltant", s'indigne l'artiste

Cette exposition installée dans la basilique de Saint-Denis a été la cible, mardi, d'une action menée par plusieurs personnes liées à un groupe d'extrême droite. Certaines des œuvres de Sandra Reinflet mettent en avant des portraits de femmes voilées.

Article rédigé par franceinfo
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Vue aérienne de la façade ouest de la basilique Saint-Denis, restaurée en 2015 mais toujours privée de sa tour nord, démontée au XIXe siècle à la suite d'une tempête. (MANUEL COHEN / AFP)
Vue aérienne de la façade ouest de la basilique Saint-Denis, restaurée en 2015 mais toujours privée de sa tour nord, démontée au XIXe siècle à la suite d'une tempête. (MANUEL COHEN / AFP)

"Je trouve ça choquant, inquiétant, révoltant", s'indigne mercredi 12 mars sur France Inter l'artiste Sandra Reinflet, à l'origine de l'exposition "Nouvelles Reines", installée dans la basilique Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Cette exposition a été la cible, mardi, d'une action menée par plusieurs personnes liées à un groupe d'extrême droite. Le collectif "Les Natifs" revendique l'attaque.

Dans une courte vidéo diffusée et relayée sur les réseaux sociaux, on peut voir plusieurs personnes recouvrir les œuvres de grands draps noirs avant d'apposer ensuite des illustrations de Sainte-Geneviève et Jeanne d'Arc. L'exposition de Sandra Reinflet met en avant les portraits d'une trentaine de femmes, dont certaines voilées. "L'idée de cette exposition, explique l'artiste, c'était de mettre en lumière, des femmes de Saint-Denis et d'Aubervilliers, qui sont des résilientes, des résistantes à leur manière parce qu'elles ont vécu des choses difficiles et qu'elles se relèvent quand même. C'est en ça qu'elles sont souveraines".

L'artiste porte plainte

Sandra Reinflet, qui affirme avoir reçu "des intimidations, des messages", a porté plainte pour menaces. Elle raconte qu'il y a eu "une sorte de campagne sur X", un réseau qu'elle n'utilise pas, sur lequel elle a été traitée de "collaborationniste de l'islam" ou encore "de gaucho". "Il y a des menaces aussi qui disent que le moment venu, ils se souviendront de moi et c'est très inquiétant sur la libération de la parole raciste partout", regrette-t-elle.

L'artiste insiste sur le fait que l'exposition "représente la diversité de la ville" et qu'on peut y voir "des femmes de toutes confessions, de toutes origines". "Il y a des femmes voilées, mais elles sont trois sur 32 reines", précise Sandra Reinflet qui ajoute que ceux qui ont agi mardi "se sont focalisés là-dessus".

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"Une entrave à la liberté de création"

Selon elle, l'action menée est "grave". Il s'agit d'une "entrave à la liberté de création". Elle explique que "pour les femmes, c'est très violent d'être recouvertes d'un drap noir, ça dit tellement de ce qu'ils veulent instaurer comme invisibilisation des femmes". Elle s'étonne de voir que ceux qui ont mené l'action ont mis sur ses portraits "des portraits de Jeanne d'Arc et de Sainte-Geneviève, qui sont par ailleurs voilées elles aussi".

"C'est une polémique qui n'a pas lieu d'être", lance l'artiste qui rappelle que cette exposition est en place depuis cinq mois, "pensée avec la ville, avec les monuments nationaux et que le diocèse est d'accord". De son côté, le maire socialiste de la ville, Mathieu Hanotin, a dénoncé et condamné cette attaque. Le diocèse, lui, rappelle bien qu'il "a approuvé l'accueil de cette exposition". Les œuvres sont installées dans la basilique depuis le 19 septembre et l'exposition est programmée jusqu'au 27 avril.

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