Disparition de Lydie Logé : on vous résume l'affaire après les aveux de Monique Olivier

Article rédigé par Violaine Jaussent
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 6min
L'entrée de l'ancienne maison de Lydie Logé, à Saint-Christophe-le-Jajolet (Orne), photographiée le 21 janvier 2025. (LOU BENOIST / AFP)
L'entrée de l'ancienne maison de Lydie Logé, à Saint-Christophe-le-Jajolet (Orne), photographiée le 21 janvier 2025. (LOU BENOIST / AFP)

L'ex-femme du tueur en série Michel Fourniret a reconnu son implication dans la mort de Lydie Logé disparue en 1993 dans l'Orne. Des recherches sont en cours pour tenter de retrouver son corps.

Le 18 décembre 1993, Lydie Logé rentre en voiture chez elle en début de soirée, dans le village de Saint-Christophe-le-Jajolet, dans l'Orne. Cette femme de 29 ans, séparée du père de son fils, qui garde alors leur petit garçon de 7 ans, vient de faire ses courses de Noël avec une amie – elle sera la dernière personne à avoir vu Lydie Logé vivante.

La jeune mère de famille se volatilise devant sa maison. Lydie Logé a une conversation téléphonique avec sa mère et sa tante vers 19 heures. Mais deux heures plus tard, quand l'une de ses sœurs tente de la joindre, le téléphone sonne dans le vide. Le lendemain, sa voiture stationne toujours devant le garage, avec les clés sur le contact, selon Ouest-France. Les cadeaux et le sapin de Noël sont retrouvés dans le coffre, raconte France 2. Lydie Logé, elle, est introuvable. Tout porte à croire qu'il ne s'agit pas d'une disparition volontaire et la piste criminelle est retenue.

Trente-et-un ans plus tard, le corps de la jeune femme est toujours recherché. Mais l'espoir de le retrouver subsiste : mardi 21 janvier, Monique Olivier, la veuve du tueur en série Michel Fourniret, a été extraite de sa cellule de la prison de Fleury-Mérogis pour se rendre dans l'Orne jusqu'à jeudi. L'objectif : "essayer de raviver sa mémoire", explique Corinne Herrmann, l'avocate de la famille de Lydie Logé, sur franceinfo. Un déplacement organisé au lendemain des aveux de Monique Olivier sur son implication dans le meurtre de la jeune femme.

Son ADN retrouvé dans le fourgon du tueur

Il faut remonter à décembre 2019 pour comprendre comment "l'ogre des Ardennes" et son ex-épouse font irruption dans ce dossier. Alors que l'affaire a déjà été classée deux fois, la juge d'instruction Sabine Kheris rouvre l'enquête, dix ans plus tard. La magistrate, experte des dossiers dans lesquels Michel Fourniret est soupçonné, s'est plongée dans l'univers du tueur en série pour mieux l'interroger. A l’époque, elle comprend que le temps est compté : l'état de santé de Michel Fourniret se dégrade rapidement. Une douzaine d'empreintes génétiques inconnues sont prélevées dans sa fourgonnette blanche. "L'ADN trouvé sur un élément pileux dans le fourgon de Michel Fourniret 'matche' avec celui de Lydie Logé", fait savoir Corinne Herrmann.

Comment le couple scellé par un pacte diabolique, qui vivait en Belgique, a-t-il pu croiser la route de Lydie Logé ? Sabine Kheris a découvert qu'en 1993, les époux se rendaient régulièrement à Nantes (Loire-Atlantique), où vivait le père de Monique Olivier, en passant par le département de l'Orne, révèle France 2.

Trois ans plus tôt, c'est à Nantes que le couple enlève Natacha Danais, selon leur scénario bien rodé. La victime est alors âgée de 13 ans. Aurait-il pu s'en prendre à une femme de 29 ans ? La juge d'instruction a trouvé lors d'une perquisition dans la cellule de prison de Michel Fourniret des notes sur les carrières de Tinchebray, situées à une soixantaine de kilomètres du domicile de Lydie Logé. "Pas impossible que j'aie déposé un corps là-bas", concède-t-il face à la juge, d'après France 2.

La dernière personne à pouvoir résoudre les meurtres

Finalement, c'est en novembre 2020, après des heures d'audition face à Sabine Kheris que le tueur en série avoue le meurtre à sa manière. "Je ne crois pas que cela puisse être quelqu'un d'autre que moi qui aie mis fin à son parcours de vie", lâche-t-il, selon France 2. Il révèle également que le 18 décembre 1993, son épouse était à ses côtés. Un mois plus tard, le tueur en série est mis en examen pour enlèvement et séquestration suivis de mort. Quant à Monique Olivier, elle est poursuivie pour complicité d'arrestation, d'enlèvement, de détention ou de séquestration arbitraire. Elle est mise en examen en janvier 2021 dans ce dossier.

Quatre mois plus tard, Michel Fourniret meurt. Depuis, son ex-femme à la personnalité mystérieuse et complexe, qui désarçonne les experts, reste la seule clé pour tenter de comprendre des crimes qu'il a commis et jamais résolus. Sabine Kheris, devenue en 2022 la coordinatrice du pôle des crimes sériels et non élucidés de Nanterre (Hauts-de-Seine), l'a bien saisi. "Il reste une personne humaine en face de nous. Et c'est ce qu'il faut essayer de développer pour pouvoir obtenir des aveux, des indications. Si on reste dans l'affrontement, ça ne sert à rien", a estimé Corinne Herrmann sur RTL. Dans l'affaire Lydie Logé, ses aveux ont eu lieu "en plusieurs temps", note l'avocate auprès de l'AFP. Monique Olivier a été interrogée sur ce dossier en avril et en octobre 2024, selon le parquet de Nanterre.

"Il existe des cas où on a retrouvé des corps plus de trente ans après les faits. Sur les indications de Monique Olivier, c'est plus difficile parce qu'elle se repère mal. Mais il faut toujours tout tenter", a ajouté Corinne Herrmann sur RTL. Aujourd'hui, ce que la famille souhaite, "c'est qu'on retrouve le corps de Lydie Logé pour lui donner une sépulture décente", a expliqué l'avocate à franceinfo. Ses sœurs, qui avaient lancé en juin 2023 un appel à témoins, souhaitent renouveler leur démarche "pour ceux qui ont vu quelque chose", selon Corinne Herrmann, qui ajoute qu'elles espèrent toujours la tenue d'un procès pour Monique Olivier, en guise de point final à cette affaire. "C'est terrible d'admettre que sa sœur a pu finir dans les mains de Michel Fourniret."

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