Affaire Fiona : "Occupé à mentir, le couple ne peut réfléchir à ce qu'il a fait"
Alors que la mère de Fiona a reconnu que sa fillette était morte après avoir reçu un coup de son conjoint, francetv info a voulu comprendre le mécanisme psychologique qui lui a permis de mentir pendant près de quatre mois.
Après avoir menti pendant plus de quatre mois, la mère de la fillette est passée aux aveux, mercredi 25 septembre. La petite Fiona, 5 ans, n'a pas disparu mystérieusement, comme Cécile Bourgeon et son compagnon l'ont prétendu. Elle est morte après avoir reçu un coup de son beau-père. La fausse disparition de la petite fille rappelle d'autres cas judiciaires similaires.
Ce n'est pas la première fois que des parents, après avoir dans un premier temps inventé un scénario, passent aux aveux. Comment expliquer ce phénomène ? Quels sont les mécanismes psychologiques ? Les réponses d'Arnaud Martorell, expert psychiatre et spécialiste de la criminologie.
Francetv info : Comment la mère de Fiona a-t-elle pu mentir devant les médias et donc devant la France entière au sujet de la mort de sa fille ?
Arnaud Martorell : C'est l'un des principaux enseignements de cette histoire : quelle que soit la gravité du mensonge, l'horreur des faits, on est piégé par ses propos. Le mécanisme est le même que dans la vie quotidienne. Quand des gens disent des mensonges, ils en rajoutent et se retrouvent toujours dans une situation incontrôlable. La mécanique vous emporte alors dans votre mensonge tant que vous ne choisissez pas d'avouer ou d'être démasqué. Ce qui choque dans ce cas, c'est que l'on puisse mentir sur la mort de son enfant.
Il y a un moment où le couple s'est dit 'on ne peut pas avouer pour X raisons' et ils ont choisi de se 'protéger' de ce qu'ils pensent que la justice pourrait leur faire. Là, le mécanisme diabolique s'enclenche, une machine infernale dont l'issue sera fatale. A partir de ce moment, ils tiennent le choc jusqu'à ce qu'ils soient démasqués. Le sujet choque, évidemment, mais en matière de criminologie, c'est commun.
La mère de Fiona a-t-elle pu croire à son mensonge ?
C'est une lecture envisageable. Elle n'est pas à exclure mais ce n'est pas déterminant. Quand l'être humain est occupé à donner le change, il s'investit. Dans le cas précis de Fiona, le couple est occupé à son mensonge, ce qui l'empêche de réfléchir à ce qui se passe vraiment : l'horreur de ce qu'ils ont fait et comment ils aggravent leur cas en mentant. En revanche, le mensonge empêche de faire de son deuil. Vous ne pensez pas que l'enfant est vivant, mais vous vous défendez, vous vous battez donc vous souffrez un peu moins.
Peut-on envisager un phénomène de mimétisme avec des affaires d'infanticides dans lesquelles des parents ont aussi menti ?
Ce genre d'affaires, mentir à propos de la mort de son enfant, est finalement rare. Bien sûr, il y a les précédents comme pour Typhaine dans le Nord, ou Marina dans la Sarthe... Ont-ils pu s'inspirer de ces affaires ? On peut le penser, on sait qu'ils ont fait des recherches sur internet au sujet des disparitions d'enfants.
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