Affaire Jubillar : après cinq ans de mystère, bientôt l’heure du procès

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Article rédigé par France 2 - N. Perez, B. Laigie, M. Birden, A. Poittevin, B. Frydman, L. Bourgoin - Édité par l'agence 6Medias
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Depuis cinq ans, Delphine Jubillar est portée disparue. Son mari, Cédric Jubillar, unique suspect, clame son innocence, tandis que des témoignages et indices troublants, y compris ceux de son fils et d’une ex-compagne, dessinent une affaire de meurtre prémédité sous haute tension judiciaire.

Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.


Cédric Jubillar a-t-il tenté de faire pression sur Jennifer, son ex-compagne, en l’appelant à plusieurs reprises et en laissant ce message sur son répondeur ? : "Réponds-moi ! De quoi as-tu peur ?".

Cherchait-il à lui faire modifier son témoignage ? Il y a quelques semaines, la jeune femme avait révélé qu’au cours d’un parloir, il lui aurait avoué le meurtre de Delphine, son épouse. Un meurtre prémédité, dit-elle. Il aurait même repéré un terrain vague pour y enterrer son corps. "Il m’a avoué qu’il avait repéré cet endroit-là un mois avant, en passant devant cet endroit pour aller sur un chantier. Il m’a dit l’avoir étranglée chez eux." témoigne Jennifer.

Pourtant, dans ses lettres à Jennifer, qu’il savait lues par l’administration pénitentiaire, il tenait un tout autre discours à propos de son épouse. "J’ai espoir de revoir Delphine au plus vite et de pouvoir passer à autre chose que cette prison de ouf", peut-on lire dans l’une d’entre elles.

Une disparition mystérieuse

Depuis bientôt cinq ans, plus personne n’a jamais revu Delphine Jubillar. Cette jeune femme pleine de vie, que l’on voit sur de rares images vidéo, a mystérieusement disparu. Depuis le début, un seul suspect : Cédric Jubillar, son mari.

Tout a commencé le 16 décembre 2020, lorsque Cédric Jubilar reçoit les gendarmes au petit matin après avoir signalé la disparition de son épouse. Première surprise : sa tenue, qu’il va garder pendant toute l’audition, n’est pas du goût des militaires, au point de le mentionner dans leur procès-verbal avec la photo d’une tenue similaire : "Un pyjama de type panda avec la capuche à oreilles et la queue."

Les indices qui accablent

Dès lors, toute l’attention des gendarmes se concentre sur Cédric Jubillar. Après six mois d’enquête, il est incarcéré, accusé du meurtre de sa femme. Il n’y a pourtant aucune preuve irréfutable : pas de corps, pas de scène de crime et pas d’aveu, mais une accumulation d’indices suffisants pour faire de lui le suspect numéro un. Selon l’accusation, Cédric Jubillar a commis une première erreur. Ce soir-là, il coupe son téléphone à 22 h 30. Il ne le rallumera qu’à 4 h 09 pour appeler les gendarmes.

Un élément à charge balayé par Me Emmanuelle Frank, avocate de Cédric Jubillar : "L’intérêt d’éteindre son téléphone portable lorsqu’on est un criminel, c’est de ne pas être repéré à un endroit déterminé. Là, lui, il avait tout intérêt à laisser son téléphone allumé et à le laisser toute la nuit à la maison. Il aurait pu dire ensuite : 'Regardez, je n’ai pas bougé de la maison, la preuve, mon téléphone portable me géolocalise au domicile'."

Peu avant la disparition, une violente dispute aurait éclaté entre les deux époux. En témoignent les lunettes de Delphine, dont elle ne se séparait jamais, retrouvées brisées dans le salon. Puis une des voisines affirme qu’elle aurait entendu les hurlements d’une femme vers 23 heures. Mais ce sont les mots d’enfant, ceux de Louis, 7 ans, le fils aîné des Jubillar, qui vont sceller la conviction des enquêteurs.

Au cours de trois auditions, Louis raconte avec précision ce qu’il a vu ce soir-là, comme le confie Me Malika Chmani, avocate des enfants Jubillar : "Il se couche, il est 23 heures, il entend ses parents se disputer, il se lève et il voit un échange entre son père et sa mère, une dispute et un échange de coups. Et après, il va se coucher. Il dit que ça s’arrête et il veut se coucher".

La justice doit trancher

Que s’est-il passé ensuite ? Qu’est-il arrivé à Delphine ? Depuis presque cinq ans, les enquêteurs n’ont jamais cessé leurs recherches. Toute la région a été passée au peigne fin, en vain. La dernière fouille s’est déroulée il y a quelques mois dans une exploitation agricole, à moins de trois kilomètres de la maison des Jubillar.

Là encore, les gendarmes ne trouveront rien. Cédric Jubillar est-il un génie du crime ou bien un innocent, un fabulateur que tout accable ? Dans quelques jours, ce sera à la Cour d’assises d’en juger.

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