Des nounous violentes piégées par des enregistrements clandestins
Une assistante maternelle est poursuivie devant le tribunal correctionnel d'Albi après qu'une caméra cachée a révélé des faits de maltraitance. Un cas rare mais pas isolé, comme le montrent d'autres affaires.
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Confier son enfant à une nounou est souvent difficile, mais l'expérience de certains parents vire parfois au cauchemar. Jeudi 21 mars, le tribunal correctionnel d'Albi (Tarn) examine le cas d'une assistante maternelle poursuivie pour violences volontaires sur mineur : elle est soupçonnée de maltraitance sur l'enfant dont elle avait la garde.
L'affaire a en commun avec d'autres le dispositif qui a permis de la mettre à jour : un micro ou une caméra cachée, placée intentionnellement par des parents soupçonneux. Retour sur trois cas tristement emblématiques.
A Albi, des enfants laissés à eux-mêmes et humiliés
L'affaire jugée à Albi, rapportée par Le Parisien, est racontée à la barre par Sébastien, le père de famille. En juin 2012, lui et son épouse soupçonnent la nounou qui s'occupe de leur petit garçon de maltraitance.
"Maxime [prénom utilisé par Le Parisien] était revenu plusieurs fois avec de fortes fièvres, jusqu’à 40 °C, qu’elle ne nous avait pas signalées. Et puis, un jour, il était en pleurs et ne voulait plus y aller. Il disait qu’elle était vilaine et qu’elle l’avait tapé très fort", explique le jeune papa.
Le couple achète sur internet une clé USB dotée d'un micro, qu'il dissimule dans le sac à langer de l'enfant. "Nous ne voulions pas accuser sans preuve, et c’était la seule façon d’en avoir", explique Sébastien. L'enregistrement est accablant : Maxime et les autres enfants gardés par la nounou sont quotidiennement laissés à eux-mêmes, quand ils ne sont pas volontairement humiliés. "Elle se moque du bégaiement d’une petite, dit à une autre que ses parents ne la lavent pas et qu’elle a des morpions", raconte le père de Maxime. Il est également question de fessées données aux enfants.
Lui et les trois autres familles ont porté plainte. Mais ils reprochent aussi à la Protection maternelle et infantile (PMI) un sérieux manque d'encadrement. Selon Sébastien, la nounou n’avait pas été inspectée en trois ans.
A Toulouse, une nounou raciste insultait un bébé
C'est également un enregistrement sonore qui a permis de confondre une autre assistante maternelle, condamnée en décembre 2011 à Toulouse à six mois de prison avec sursis et à l'interdiction définitive d'exercer son métier. L'affaire a été suivie notamment par La Dépêche du Midi et Libération.
Les faits remontent à la fin 2010 : les parents sont alertés par une perte de poids et des rougeurs sur leur bébé, une petite fille métisse âgée de 7 mois. Un enregistrement, réalisé grâce à un magnétophone dissimulé dans le coufin du bébé, les laisse sans voix. "Ta gueule Bamboula ! Tu vas la fermer ?" hurle sa nounou de 53 ans. Selon La Dépêche, celle-ci possédait un agrément pour quatre enfants et exerçait depuis 1997. "J'avais l'habitude de donner des surnoms aux enfants, je ne pensais pas mal faire", a-t-elle expliqué à la barre.
Dans le Nord, un bébé de 18 mois frappé et ligoté
Dans une troisième affaire, jugée en août 2011 à Lille, vingt-quatre mois de prison dont cinq ferme ont sanctionné des faits particulièrement graves. Elodie C., une jeune femme de 23 ans, n'est cette fois pas une nourrice agréée, rapporte Nord-Eclair. Les parents l'ont rencontrée par l'intermédiaire de leur dentiste et ont établi avec elle un contrat pour trente heures de garde hebdomadaires.
Installés dans la ville de Wambrechies (Nord), entre Lille et Roubaix, ils l'emploient depuis un an et demi lorsqu'il constatent un changement de comportement de leur fils de 18 mois, dernier d'une fratrie de cinq enfants. "Il était devenu difficile, agité", a expliqué le père lors d'une audience à laquelle assistait la Voix du Nord. Le couple décide d'installer deux caméras miniatures à son domicile.
Les images sont accablantes : le jeune femme gifle l'enfant, l'attache sur son lit avec des foulards, le jette à travers une pièce. Décrite comme psychologiquement fragile, la nounou, qui cumulait cet emploi avec un poste dans un fast food de la région, s'est effondrée à la barre, s'excusant de "tout le mal" qu'elle avait fait.
Ces cas traumatisants sont heureusement rares. Lors de l'affaire de Toulouse, le conseil général de Haute-Garonne, cité par La Dépêche, avait expliqué que 7 cas de maltraitance avaient été recensés en 2010 pour 7 900 assistantes maternelles agréées dans le département. Mais en cas de soupçons, les parents qui mettent en place un dispositif de surveillance sont dans leur droit, comme le montre un précédent rapporté par L'Express : le tribunal correctionnel de Lyon a relaxé, en février 2012, un couple de parents que leur nounou accusait d'atteinte à la vie privée après avoir été enregistrée à son insu.
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