Ce que l'on sait du meurtre d'Elias, 14 ans, tué à Paris vendredi soir

L'adolescent a été poignardé vendredi, peu avant 20 heures, à la sortie de son entraînement de foot dans le 14e arrondissement de Paris. Il a ensuite succombé à ses blessures.

Article rédigé par franceinfo
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Les deux suspects de 17 et 16 ans ont été placés en garde à vue. Une enquête est ouverte pour "extorsion, suivie de mort", crime faisant encourir la perpétuité. (NICOLAS GUYONNET / HANS LUCAS / AFP)
Les deux suspects de 17 et 16 ans ont été placés en garde à vue. Une enquête est ouverte pour "extorsion, suivie de mort", crime faisant encourir la perpétuité. (NICOLAS GUYONNET / HANS LUCAS / AFP)

La sidération et l'effroi. Elias, 14 ans, est mort samedi 25 janvier après avoir été poignardé la veille à la sortie de son entraînement de football, dans le 14e arrondissement de Paris.

Deux suspects de 16 et 17 ans ont été placés en garde à vue. L'un d'eux a avoué avoir porté le coup mortel à l'adolescent, a appris franceinfo lundi de source proche de l'enquête. Voici ce l'on sait de ce meurtre, qui fait largement réagir la classe politique.  

Une agression pour un téléphone portable 

Vendredi, peu avant 20 heures, Elias sortait de son entraînement de football au stade Jules-Noël, situé porte de Châtillon, dans le 14e arrondissement de Paris, lorsqu'il a été abordé par deux mineurs de 16 et 17 ans. Ces derniers lui ont demandé de leur donner son téléphone portable, selon les informations de Radio France recueillies auprès du parquet de Paris, confirmant une information du Parisien. L'adolescent a refusé et l'un des deux mineurs lui a alors asséné un violent coup de couteau à l'épaule. Un ami de la victime présent au moment de l'agression a prodigué à Elias "les gestes de premiers secours et permis d'identifier les agresseurs", a relayé le parquet. 

Pris en charge sur les lieux de l'agression, l'adolescent a perdu connaissance et a dû être réanimé à deux reprises avant d'être transporté par le Samu à l'hôpital Necker. Il a succombé à ses blessures samedi midi, "malgré la prise en charge médicale", a annoncé le parquet dans la foulée.

Elias habitait dans le 14e arrondissement, mais était scolarisé en classe de troisième au collège Montaigne, dans le 6e arrondissement de la capitale. Interrogé par franceinfo, le principal du collège a évoqué des "moments particulièrement difficiles" dans la vie de l'établissement "qui affligent l'ensemble de la communauté éducative". Il a précisé qu'une cellule d'écoute a été mise en place lundi matin "pour recueillir la parole de chacun, adultes comme enfants".

Elias faisait par ailleurs partie "depuis plusieurs années du Patronage Olier", un club de foot du 6e arrondissement, a déclaré sur franceinfo Jean-Pierre Lecoq, maire de cet arrondissement de la rive gauche de la capitale. "Comment peut-on mourir en 2025 parce que quelqu'un veut vous voler votre portable ?", s'est indigné l'élu. "C'est terrifiant. Beaucoup de familles parisiennes peuvent penser peut-être que leurs enfants, leurs petits-enfants peuvent être victimes d'une telle agression", s'est-il encore inquiété. 

L'un des deux suspects a avoué avoir porté le coup mortel

L'enquête, ouverte initialement pour "tentative d'homicide sur mineur de moins de 15 ans et extorsion avec arme", porte désormais sur "l'infraction d'extorsion suivie de mort", "crime faisant encourir la perpétuité", a déclaré le parquet. Le troisième district de la police judiciaire parisienne est chargé de l'enquête.

Les deux suspects mineurs ont été interpellés et placés en garde à vue. L'un d'eux a avoué le coup mortel porté à la victime, a appris franceinfo lundi de source proche de l'enquête. Un couteau a été retrouvé et est en cours d'analyse. 

Les deux adolescents, nés en mai 2007 et en août 2008, résidaient, comme la victime, dans le 14e arrondissement. Ils étaient déjà connus de la justice. L'un avait fait l'objet d'une mesure éducative judiciaire en décembre 2023 pour des faits de vols et extorsion et les deux avaient été déférés le 30 octobre 2024 pour des faits de vol commis avec violence, a détaillé le parquet. 

Les jeunes suspects avaient déjà été identifiés, "arrêtés une première fois" et sous l'effet d'une "mesure de justice pour mineurs et cela n'a pas suffi", a regretté Carine Petit, la maire du 14e arrondissement, interrogée par France Télévisions. L'édile assure que la présence policière est importante dans le secteur dans lequel a eu lieu l'agression mortelle.  

Tous deux avaient interdiction de rentrer en contact l'un avec l'autre. Mais leurs familles vivent dans la même résidence, ce qui a entraîné les critiques de certains policiers. "On laisse faire en espérant que [les choses] se passent bien, en croisant les doigts : ce n'est pas possible, on ne peut pas attendre que ces jeunes basculent dans l'irréparable !", estime Axel Ronde, porte-parole du syndicat CFTC police, interrogé lui aussi par France Télévisions. 

Plusieurs politiques disent leur indignation 

Les réactions politiques à la mort de l'adolescent ont été très nombreuses. A commencer par celle du ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, qui s'est dit "horrifié par cette violence gratuite, résultat d'une perte de repères et de l'effondrement de l'autorité". 

"Elias, 14 ans. Il allait à l'entraînement de foot. Deux mineurs plus âgés veulent le racketter, voler son portable. Ils l'ont poignardé à l'épaule, il a succombé à sa blessure. Ces lignes sont insupportables à écrire. Sentiment d'impunité, violence adolescente, ennemi public", a écrit le Premier ministre François Bayrou, sur le même réseau social

Le meurtre de l'adolescent est "à la fois tragique et intolérable", a estimé la ministre de la Culture, Rachida Dati, dans une longue publication sur X, estimant qu'il était "impératif de mettre un terme à l'insécurité" dans la capitale. 

"Je connaissais Elias. C'était un garçon curieux, enthousiaste, lumineux. Il n'avait que 14 ans et une vie entière devant lui", a réagi Anthony Samama, maire adjoint du 15e arrondissement parisien. "Il a été sauvagement tué par deux barbares pour un portable. Ces deux sauvages, mineurs récidivistes, étaient parfaitement connus des services de justice", a-t-il regretté. 

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