Attaque sur un marché de Noël en Allemagne : ce que l'on sait du suspect

Une attaque à la voiture-bélier sur le marché de Noël de Magdebourg a fait au moins cinq morts et plus de 200 blessés vendredi soir. Un homme de 50 ans a été arrêté.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Des policiers au marché de Noël de Magdebourg (Allemagne), le 21 décembre 2024, après une attaque meurtrière à la voiture-bélier. (JOHN MACDOUGALL / AFP)
Des policiers au marché de Noël de Magdebourg (Allemagne), le 21 décembre 2024, après une attaque meurtrière à la voiture-bélier. (JOHN MACDOUGALL / AFP)

Vendredi 20 décembre en début de soirée, Magdebourg, une ville de 250 000 habitants située à 150 km de Berlin dans le nord-est du pays, a été la cible d’une attaque à la voiture-bélier sur son marché de Noël. Une attaque qui se produit huit ans presque jour pour jour après l'attentat au camion sur le marché de Noël de Berlin qui avait fait douze morts. Franceinfo fait le point sur ce que l'on sait sur le principal suspect.

L'homme a foncé sur la foule au volant d'un SUV

Vendredi 20 décembre vers 19 heures, un SUV noir a enfoncé les barrières de sécurité du marché de Noël de Magdebourg. Il a ensuite effectué des zigzags dans l’enceinte du marché "sur au moins 400 mètres", selon les témoignages recueillis par le site d’information local Volksstimme, fauchant des badauds au passage.

Le bilan est lourd avec au moins cinq morts, dont un enfant de 9 ans, et plus de 200 blessés. Un suspect est arrêté peu de temps après et pas très loin. Sur des images diffusées par la télévision allemande, on voit l'homme sortir de la voiture pour se rendre. Il lève les bras et s'allonge au sol.

Un médecin d’origine saoudienne

L’homme interpellé est un Saoudien de 50 ans, présenté dans les médias allemands comme Taleb A.. Il est issu d'une famille chiite de la ville de Hofouf, dans la province majoritairement chiite d'al-Ahsa, dans l'est du royaume saoudien. Il est entré pour la première fois en République fédérale d'Allemagne en 2006 où il a obtenu le statut de réfugié dix ans plus tard.

"Il disposait d'un permis d'établissement et donc d'un permis de séjour permanent", a confirmé la ministre de l'Intérieur de Saxe-Anhalt Tamara Zieschang. Médecin-psychiatre, il exerçait dans une clinique de Bernbourg, au sud de Magdebourg, où ont été transférés des blessés de l’attaque.

Un homme "mécontent" du traitement des réfugiés saoudiens

Le profil du suspect intrigue et ses prises de position fréquentes sur les réseaux sociaux dressent le portrait d'un homme se sentant persécuté, ayant rompu avec l'islam et dénonçant les "dangers" d'une islamisation de l'Allemagne. Interrogé sur les motivations du suspect lors d'une conférence de presse samedi, le procureur local Horst Walter Nopens a rappelé que l'enquête était en cours, mais "il semble que le crime pourrait avoir comme arrière-plan un mécontentement à l'égard de la manière dont les réfugiés d'Arabie saoudite sont traités en Allemagne".

Selon le magazine Der Spiegel, les services secrets saoudiens avaient adressé il y a un an une mise en garde à leurs correspondants allemands du BND au sujet du suspect, Taleb Jawad al-Abdulmohsen. En cause : un de ses tweets dans lequel il menaçait l'Allemagne d'un "prix" à payer pour ne pas assez protéger les Saoudiens fuyant leur pays pour échapper à un islam rigoriste, et en revanche d'accueillir à bras ouverts des musulmans radicaux d'autres pays. 

L'intéressé avait notamment dénoncé en août sur son compte X "les crimes commis par l'Allemagne contre les réfugiés saoudiens et l'obstruction de la justice, peu importe la quantité de preuves que nous leur présentons". "Existe-t-il une voie vers la justice en Allemagne sans faire exploser une ambassade allemande ou égorger au hasard des citoyens allemands?, écrivait-il. Je cherche cette voie pacifique depuis janvier 2019 et je ne l'ai pas trouvée".

En 2013 il avait été condamné à une amende à Rostock pour "troubles à l'ordre public" et "menaces de commettre des crimes".

Un homme "islamophobe", selon l'Intérieur

"Le suspect est islamophobe", a déclaré samedi la ministre allemande de l'Intérieur, Nancy Faeser. Sur les réseaux sociaux, le suspect dénonçait les "dangers" d'une islamisation de l'Allemagne et affirmait avoir rompu avec l'islam. Il venait en aide, via une association, à des femmes victimes de l’oppression religieuse.

En 2019, il était interviewé par la BBC pour parler du site web qu'il avait créé pour venir en aide "aux demandeurs d'asile, en particulier ceux qui viennent d'Arabie saoudite et de la région du Golfe", précisait-il. Il s'y présentait comme un "activiste".

La police allemande avait bien mené une "évaluation de risque" le concernant l'an dernier, concluant toutefois qu'il ne posait pas de "danger particulier", indique dimanche le quotidien Die Welt

"Il a agi seul", selon les autorités

Selon la ministre de l'Intérieur de Saxe-Anhalt Tamara Zieschang, "il a agi seul. Il n'y a aucune information sur d'autres auteurs. Tout le reste est sujet à des investigations plus approfondies". "C'est un auteur isolé, a confirmé samedi après-midi Tom Olivier Langhans, chef de la police de Magdebourg. C'est un individu qui a agi seul. On peut exclure un coauteur."

Le procureur local Horst Walter Nopens a précisé samedi que le suspect devrait être placé en détention provisoire à l'issue des interrogatoires. Le chef d'accusation serait à ce stade de cinq meurtres et 205 tentatives de meurtre, a-t-il ajouté. Selon les enquêteurs, un enfant de 9 ans figure parmi les personnes décédées, les quatre autres étant des adultes. Environ 40 personnes sont très grièvement blessées, laissant redouter une aggravation du bilan.

Commentaires

Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.