: Témoignage Attaque mortelle d'un fourgon dans l'Eure : "Nous sommes des cibles", confie un agent pénitentiaire
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Après l'attaque d'un fourgon pénitentiaire qui a coûté la vie à deux agents à qui un hommage doit être rendu ce mercredi, franceinfo a recueilli le témoignage de l'un de ces agents dont le métier est d'escorter les détenus jusqu'aux tribunaux.
Un hommage national sera rendu mercredi 22 mai à midi aux deux agents pénitentiaires tués mardi 14 mai, lors de l’attaque de leur fourgon par un commando au péage d’Incarville dans l’Eure. Le chef de l’Etat devait présider cette cérémonie, mais parti pour la Nouvelle-Calédonie, il a été remplacé par le premier ministre Gabriel Attal.
Le capitaine pénitentiaire Fabrice Moello et le surveillant brigadier Arnaud Garcia, les deux agents tués dans l'attaque du fourgon, qui a permis l'évasion d'un détenu multirécidiviste Mohamed Amra, ne travaillaient pas à l’intérieur d’une prison. Ils étaient uniquement chargés des escortes des détenus vers les tribunaux pour leurs rendez-vous avec les juges ou leurs procès.
"Ça aurait pu être nous"
Ces pôles consacrés aux extractions judiciaires existent depuis 2019, quand, auparavant, policiers et gendarmes assuraient cette mission. Partout en France, les agents qui travaillent pour ces pôles ont été très affectés par le drame du péage d'Incarville et s’interrogent sur leur mission, comme Franck.
À 27 ans, il sillonne depuis quatre ans l'Ile-de-France dans les camions de la pénitentiaire. Chaque matin, il va chercher des détenus, procède aux fouilles et au menottage... Et puis, c'est le trajet jusqu'à l'un des très nombreux tribunaux de la région, ou même au-delà. Franck déplore ces dernières années davantage d'insultes, de menaces et de violences de la part des détenus, mais le père de famille n'envisageait pas réellement une attaque comme celle de la semaine dernière. "On a tous reçu des appels. Vu que l'on est amené à aller un peu partout en France, on prend régulièrement des péages, il nous arrive d'être bloqués dans les embouteillages. Ça aurait pu être nous. Ça fait toujours quelque chose au cœur et au ventre. On s'est dit ce soir-là que nous, on rentrait à la maison, alors que deux de nos collègues non", confie-t-il.
"Être solide mentalement"
Franck a participé au mouvement de blocages des maisons d'arrêts mi-mai. Il confie nourrir l’espoir que le protocole, signé mardi 21 mai, notamment par son syndicat FO Justice, fasse bouger un peu les choses. Avant de glisser qu'il ne fait qu’une à deux séances de tir par an et de déplorer la lenteur et l’absence de blindage des camions dans lesquels il passe ses journées : Franck avoue se sentir bien vulnérable avec son 9 mm face aux armes de guerre des caïds. Franck et ses collègues ont repris le travail mardi avec les yeux partout sur le trajet, inquiets dans les bouchons surtout.
"Logiquement, on ne devrait jamais être statique, toujours être en mouvement, mais sur l'Ile-de-France c'est très compliqué, en plus on a des gros bus parce que l'on sort beaucoup de détenus en même temps. Il faut être solide mentalement sinon je pense que l'on peut vite craquer", confesse Franck qui n'arrive toujours pas à comprendre pourquoi le commando n'a même pas essayé d'épargner ses collègues. La question le hante.
"Pourquoi s'attaquer aux surveillants ? Personnellement tu me menaces avec une arme, je te le donne ton détenu. Je préfère rester en vie et rendre des comptes que de mourir."
Franck, agent pénitentiaireà franceinfo
"On ne sait pas pourquoi ils viennent nous toucher nous. Est-ce pour marquer le coup ? Je pense que c'était gratuit, il faut tuer du bleu, on est habillés en bleu. Nous sommes assimilés à la police, nous sommes des cibles", avance-t-il. À la mi-journée, Franck se recueillera un instant en mémoire de ses collègues morts en service, désormais chevaliers de la Légion d'honneur à titre posthume, selon un décret paru au Journal officiel.
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