Extraction de Mohamed Amra : Bruno Retailleau "n'a absolument aucun avis à donner ou pression à mettre à quelque magistrat que ce soit", affirme l'avocat du narcotrafiquant

Mohamed Amra doit être extrait de sa prison située dans l'Orne pour être entendu la semaine du 9 juin par des magistrats à Paris. En mai 2024, deux agents pénitentiaires avaient été tués dans une précédente extraction du narcotrafiquant.

Article rédigé par David Di Giacomo
Radio France
Publié Mis à jour
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Mohamed Amra lors de son arrestation en Roumanie, le 23 février 2025. (ROBERT GHEMENT / EPA / MAXPP)
Mohamed Amra lors de son arrestation en Roumanie, le 23 février 2025. (ROBERT GHEMENT / EPA / MAXPP)

Bruno Retailleau "n'a absolument aucun avis à donner ou pression à mettre à quelque magistrat que ce soit", a affirmé vendredi sur franceinfo Benoît David, l'un des avocats de Mohamed Amra. Le narcotrafiquant de 31 ans doit être extrait la semaine du 9 juin de sa prison ultra-sécurisée de Condé-sur-Sarthe pour être interrogé par des magistrats sur son évasion meurtrière au péage d'Incarville (Eure) en mai 2024.

Le ministre de l'Intérieur, décrivant "des risques majeurs", a indiqué mercredi qu'il préférait que le juge se déplace plutôt que d'extraire Mohamed Amra. "Faire sortir des types aussi dangereux d'une prison, ce sont des risques majeurs. Il faut que nous nous y adaptions." Il faut "soit que le juge se déplace, soit qu'il y ait une visioconférence", a lancé le ministre. "Bruno Retailleau n'est ni garde des Sceaux, ni magistrat, rappelle Benoît David. Il y a une séparation des pouvoirs. La justice est indépendante et elle ne fait qu'appliquer les textes qui sont en vigueur."

"C'est une bonne justice que d'entendre tout justiciable en physique"

L'avocat est, lui, favorable à l'extraction de Mohamed Amra pour son audition par le juge. "Que ce soit Mohamed Amra ou un prisonnier lambda, toute audition doit se faire en priorité dans un cabinet en face-à-face avec un magistrat et non pas avec une séparation qui est la visio", plaide Benoît David. Selon lui, la visioconférence ne permet pas "un certain ressenti, une spontanéité dans certaines réponses" et fait courir le risque d'une "attitude qui peut être mal perçue parce que vous avez un cadrage" ou "du bruit autour". "C'est une bonne justice que d'entendre tout justiciable en physique."

Mais Benoît David comprend la réaction des syndicats pénitentiaires qui pointent les risques d'une extraction. C'est lors d'une précédente extraction, le 14 mai 2024, qu'un commando a libéré le narcotrafiquant dans l'attaque ultraviolente d'un fourgon pénitentiaire au péage d'Incarville (Eure). Deux agents pénitentiaires ont perdu la vie et trois autres ont été grièvement blessés. Les agents pénitentiaires "sont encore blessés, meurtris par ce qui a pu arriver à leurs collègues. Et j'entends ce qu'ils peuvent dire", admet l'avocat de Mohamed Amra. Mais il estime "qu'il est indispensable que la procédure soit carrée et qu'elle soit respectueuse des droits". C'est, selon lui, "dans les intérêts de monsieur Amra, mais aussi de l'ensemble de la société, des parties civiles, des victimes et des syndicats". Il souhaite ainsi que l'audition du narcotrafiquant "soit en physique".

Dans un communiqué publié jeudi, le premier président de la cour d'appel de Paris a renouvelé "sa pleine confiance" aux juges d'instruction du tribunal judiciaire de Paris en charge de l'enquête.  Jacques Boulard "déplore les mises en causes infondées" qui visent ces magistrats. Selon lui, elles sont "de nature à fragiliser les investigations en cours et à déstabiliser l'institution judiciaire".

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