A la porte de Vincennes, quatre heures de guerre en plein Paris
Francetv info s'est rendu vendredi après-midi près de l'épicerie casher où une quinzaine de personnes ont été prises en otages. Récit.
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Vendredi 9 janvier, 13h15. Alors que Said et Chérif Kouachi, les deux auteurs présumés de l'attentat perpétré deux jours plus tôt contre Charlie Hebdo, sont cernés depuis plusieurs heures par les forces de l'ordre dans un village de Seine-et-Marne, une prise d'otages survient à la porte de Vincennes, à Paris.
En quelques minutes, le quartier est bouclé. Fait rarissime, le périphérique tout proche est progressivement évacué, avant d'être totalement fermé à la circulation. Un hélicoptère survole la zone. Près de la place de la Nation, dans l'est de la capitale, les curieux commencent à se presser derrière les filets de sécurité installés à la hâte par les policiers. Les informations tombent au compte-goutte. Un homme, qui pourrait être l'auteur de la fusillade survenue jeudi à Montrouge (Hauts-de-Seine), retiendrait plusieurs personnes en otages dans une épicerie casher.
Sirènes hurlantes, bruits d'hélicoptère...
A l'heure du déjeuner, la circulation dans le quartier devient totalement saturée. Dans un climat empreint de peur et de tension, des dizaines et des dizaines de passants affluent, et tentent de comprendre ce qui est en train de se passer. A l'angle de l'avenue de Vincennes et de la rue des Pyrénées, un homme assure que la nièce de son associé est retenue en otage dans l'épicerie. La jeune fille aurait réussi à alerter sa mère par téléphone, et aurait trouvé refuge dans le sous-sol du magasin. A quelques mètres de là, Hamid, un jeune Français de confession musulmane, crie sa colère. "C'est nous qui allons payer leurs gestes ! C'est tellement injuste !" lâche-t-il, la gorge nouée. Les forces de l'ordre et les équipes de secours arrivent en masse. De tous côtés, les sirènes se mêlent aux bruits d'hélicoptère, dans une atmosphère assourdissante.
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A un peu plus de 400 mètres de la prise d'otages, le responsable d'un syndicat de police donne quelques précisions. Le preneur d'otages s'appelle Amedy Coulibaly, il a 32 ans, et serait bel et bien l'auteur de la fusillade de Montrouge, dans laquelle une policière municipale a trouvé la mort, jeudi matin.
Coulibaly connaît les frères Kouachi. Il exige leur libération. A l'intérieur de l'épicerie casher, dans laquelle il a fait irruption vers 13 heures, il retient en otages plusieurs personnes, parmi lesquelles figurent des femmes et des enfants, dont certains en très bas âge.
Armes de guerre, fusils de chasse et boucliers
Sur l'avenue de Vincennes, des policiers munis de casques, d'armes de guerre, de fusils de chasse et de boucliers se préparent à intervenir. Des véhicules de secours continuent sans cesse d'affluer, sous le regard inquiet des badauds. Certains attendent des nouvelles de leurs enfants, confinés dans des écoles toutes proches de la porte de Vincennes. Retenus en sécurité dans leur établissement, eux aussi, des lycéens entonnent brièvement une Marseillaise, et crient des "Nous sommes Charlie !". Etrange ambiance.
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Les hommes du Raid et de la Brigade de recherche et d'intervention tentent une négociation avec Amedy Coulibaly. Un hôpital de fortune est installé en quelques minutes par les équipes de la Croix-Rouge. Tenus à l'écart, les journalistes ne peuvent distinguer visuellement ce qui se passe, et tentent tant bien que mal de recouper leurs informations.
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Un assaut bref, et la crainte d'un bain de sang
16h57. Les choses s'accélèrent subitement. Les alertes des sites d'information retentissent sur les téléphones mobiles. L'assaut est donné à Dammartin, à une quarantaine de kilomètres de là, contre les frères Kouachi. Said et Chérif, suspectés d'avoir commis l'attentat contre Charlie Hebdo, sont abattus. Sur l'avenue de Vincennes, à Paris, de nombreux mouvements de véhicules sont observés. 17h10. En une fraction de secondes, cinq puissantes déflagrations nous coupent le souffle. L'assaut est lancé. L'ordre en a été donné depuis l'Elysée par le président de la République. Pendant plusieurs secondes, un violent échange de tirs se fait entendre, et puis plus rien. Sentiment étrange, entre le soulagement lié à la fin du drame, et la crainte d'un bain de sang.
Le verdict tombe quelques minutes plus tard. Amedy Coulibaly a été abattu. Mais, dans le magasin, se trouvent également les corps sans vie de plusieurs otages – quatre au moins.
Très vite, sirènes hurlantes, des ambulances quittent la porte de Vincennes en direction des grands hôpitaux parisiens. L'assaut est terminé. La nuit est tombée sur la capitale. Au croisement de l'avenue de Vincennes et de la rue des Pyrénées, des dizaines et des dizaines de passants sont encore là. Certains apparaissent très émus. La tension retombe. Il est bientôt 18 heures. Des voitures de police commencent à quitter la zone. Scène rare, la foule, admirative, les applaudit.
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