Affaire Agnès Saal : trois questions pour comprendre le scandale des frais de taxi
La présidente de l'INA a démissionné après les révélations sur ses frais de taxis. Francetv info fait le point sur la situation.
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Après la révélation du montant de ses frais de taxi, la présidente de l’Institut national de l'audiovisuel (INA), Agnès Saal, a présenté sa démission à la demande de la ministre de la Culture Fleur Pellerin.
Tout commence en début de semaine dernière. Avertis par une lettre anonyme reçue à leur domicile, les membres du conseil d’administration découvrent qu’Agnès Saal a dépensé près de 41 000 euros en dix mois pour ses déplacements en taxi. Francetv info fait le point sur l'affaire en trois questions.
Comment justifier un tel montant alors qu'elle avait un chauffeur ?
En tant que présidente de l'INA, Agnès Saal a droit à un chauffeur de fonction pour ses déplacements. Mais, comme elle l'a expliqué devant le conseil d'administration, elle ne voulait pas lui imposer des journées trop longues. "Comme je ne peux pas le faire travailler douze à quinze heures par jour ni les week-ends, j'ai également un abonnement aux taxis G7, car je n'ai pas de permis de conduire."
Selon elle, ce dispositif "avait déjà existé avant [son] arrivée ; je l'ai repris". Quotidiennement, la présidente de l'INA avait donc à sa disposition un chauffeur, mais aussi des taxis sur commande, selon les heures et les besoins. Contactée par Francetv info, une source interne à l'INA s'étonne de cette décision. "La plupart des chauffeurs utilisés dans ce genre d'institutions le sont en général sans compter le nombre d'heures", explique cette source.
Situé à Bry-sur-Marne, à 15 kilomètres de Paris, le siège de l'INA est dans une zone où des frais supplémentaires s'appliquent pour les trajets en taxi. Selon nos estimations, un aller-retour entre Paris et Bry-sur-Marne coûterait 120 euros par jour en moyenne avec un abonnement chez la compagnie G7. Seul hic, selon deux sources proches du dossier, les déplacements en taxi auraient été majoritairement effectués dans Paris et dans la très proche couronne.
Combien a-t-elle dépensé exactement ?
Une incertitude demeure sur la somme exacte en cause. Selon Le Figaro, le montant total des frais de taxi s'élèverait à 40 915 euros, dont 7 000 euros d'abonnements chez G7. Vraiment, 7 000 euros ? Les taxis G7 proposent bien des abonnements VIP, mais, selon la direction commerciale de la compagnie, le prix public de celui d'Agnès Saal, intitulé "Club affaires", est en réalité de 1 950 euros. Prix qui peut être baissé après négociation, ce qui était le cas pour l'INA. Cette prestation permet de bénéficier dans les cinq minutes d'un véhicule pourvu de lingettes, de confiseries, d'une tablette, de Wi-fi, etc.
Par ailleurs, selon un mail interne envoyé par la présidence de l'INA aux salariés, que nous avons pu consulter, la facture totale des courses de taxi est de 32 297 euros. Si l'on inclut l'abonnement chez G7, on arrive en tout état de cause à moins de 35 000 euros. Sollicitée à plusieurs reprises pour expliquer cette différence avec les quelque 41 000 euros évoqués par Le Figaro, Agnès Saal n'avait pas donné suite.
La démission marque-t-elle la fin de l'affaire ?
Après la lettre anonyme, la présidente de l'INA avait pris les devants. Elle avait révélé avoir donné son code taxi à son fils, qui aurait selon elle dépensé 6 700 euros. "Une maladresse", assurait-elle, qui pourrait juridiquement être qualifiée d'abus de bien social, même si elle a remboursé cette somme. C'est en tout cas l'avis de Jean-Christophe Picard, président d'Anticor, association de lutte contre la corruption, qui s'exprime dans Le Parisien.
Ce n'est pas tout. Outre les déplacements de son fils, Agnès Saal admettait elle-même que 7 500 euros ont été dépensés pendant le week-end. Et d'assurer que "l'usage professionnel du taxi pendant les week-ends représente environ un tiers ou un quart de la facture." Soit entre 5 000 et 5 625 euros de dépenses personnelles en plus. La présidente de l'INA s'est engagée à les rembourser également.
Reste maintenant à savoir si quelqu'un portera plainte. "Nous pensons que l'INA portera plainte d'elle-même pour abus de bien social. Mais si elle ne le fait pas, nous saisonrs le procureur de la République" a déclaré Jean-Christophe Picard, le président de l'association anti-corruption Anticor, contacté par francetv info. "Il y a 90 millions d'euros d'argent public injectés chaque année dans cette institution, ils doivent être contrôlés."
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