"Je n'ai jamais forcé qui que ce soit à faire quoi que ce soit" : au procès en appel des viols de Mazan, la défense de l'accusé mise à mal par Dominique Pelicot
/2021/12/14/61b8bc2c22710_mathilde-live.png)
/2025/10/07/000-77yr3h7-68e5420777013470619009.jpg)
Interrogés mardi, l'ex-époux de Gisèle Pelicot et deux policiers ont contredit la version du seul accusé rejugé en appel, qui assure qu'il pensait participer à un jeu sexuel.
Un adepte de libertinage piégé par un "manipulateur" ou un violeur qui peine à reconnaître ses actes ? Au deuxième jour du procès en appel des viols de Mazan, mardi 7 octobre, l'audition de deux enquêteurs et de Dominique Pelicot, instigateur des viols sur son ex-épouse Gisèle Pelicot, ont mis à mal la version de l'accusé, Husamettin Dogan, le seul des 51 hommes jugés en première instance en 2024 à avoir fait appel de sa condamnation à neuf ans de prison.
La veille, devant la cour d'appel de Nîmes (Gard), l'ancien ouvrier de 44 ans avait réaffirmé n'avoir "jamais voulu violer cette dame", disant ignorer qu'elle était droguée lorsqu'il s'était rendu au domicile du couple à Mazan dans la nuit du 28 au 29 juin 2019. Lors de l'enquête, il avait martelé qu'il pensait participer à un "jeu sexuel" avec un couple libertin rencontré sur le site Coco.fr. Selon lui, Dominique Pelicot l'avait prévenu que sa femme simulerait le sommeil. Une fois sur place, Husamettin Dogan affirme avoir fait l'objet de "menaces" de la part de l'ancien époux de la victime, que la défense a dépeint comme une "personnalité dominante" à la "symbolique paternelle".
"Je lui ai dit que ça allait être filmé"
"Je n'ai jamais forcé qui que ce soit à faire quoi que ce soit, je n'ai jamais dominé qui ce soit, [les hommes reçus chez lui] n'ont pas eu besoin de moi", a répondu Dominique Pelicot, interrogé longuement mardi après-midi. Contredisant la version de l'accusé, le septuagénaire a assuré l'avoir prévenu qu'il "recherch[ait] une personne pour abuser de [son] épouse, endormie par [ses] soins". "Je lui ai dit : pas de tabac, pas de violence, que ça allait être filmé... Tout un tas de choses qui ne laissaient aucun doute sur l'état" de la victime, a-t-il poursuivi. Enfin, il a nié que l'accusé ait pris la fuite pendant la soirée.
"Je l'ai raccompagné à l'entrée de la cuisine, où il s'est rhabillé, et il est parti. La fuite de nuit, sans connaître les lieux, ça me semble difficile."
Dominique Pelicot, instigateur des viols de Mazandevant la cour d'assises du Gard
Questionné par les avocats de la défense, notamment sur les variations de son récit concernant cette soirée, l'ex-mari de Gisèle Pelicot a plusieurs fois refusé de répondre, renouvelant au passage ses excuses à sa famille.
"Les deux hommes agissent de manière très prudente"
Deux policiers ont également égratigné la version de l'accusé, tant sur son absence de connaissance de l'état de la victime que sur sa capacité à résister face à Dominique Pelicot. "Tout son comportement [sur les vidéos] démontre qu'il avait pleinement conscience de l'état de Gisèle Pelicot", a d'abord assuré Jérémy Bosse Platière, commissaire de police chargé de l'enquête à l'époque. "A un moment donné, la victime va légèrement bouger, et immédiatement Husamettin Dogan retire son sexe, se met sur le bord du lit et se fige. On comprend de manière assez explicite qu'il s'inquiète du réveil de la victime", a-t-il justifié.
"Je n'ai aucun doute sur le fait que [l'accusé] ait eu pleinement conscience de l'état de la victime."
Jérémy Bosse Platière, commissaire chargé de l'enquêtedevant la cour d'assises du Gard
Sur les images, "il est clair que les deux hommes agissent de manière très prudente, minutieuse, de manière à ne pas faire de bruit", a ajouté le policier. "Ils chuchotent, ils ont des gestes mesurés de manière à ne pas brusquer la victime et manifestement dans l'intention de ne pas susciter le réveil." Le visionnage de certaines des quatorze vidéos des faits conservées par Dominique Pelicot, initialement prévu mardi, a été repoussé à mercredi faute de temps.
Quid des potentielles "menaces" qui auraient pu pousser Husamettin Dogan à agir sous les ordres de Dominique Pelicot ? Si ce dernier apparaît "directif" sur les images, a reconnu Jérémy Bosse Platière, il a estimé qu'il ne s'agissait pas "d'un rapport de domination" mais de "consignes" pour "guider" un "novice". Sur les vidéos, l'accusé "mâche du chewing-gum, il n'a pas l'air malheureux, il a l'air serein", a abondé Daouia Boumediene, ex-cheffe de brigade de la police judiciaire d'Avignon. "A un moment, c'est lui qui demande, par des gestes, à Dominique Pelicot de lever la jambe de sa femme, pour pouvoir la pénétrer plus facilement", rappelle-t-elle. Elle a confirmé que ce dernier avait évoqué des "menaces", mais "sans être capable d'expliquer en quoi elles constituaient". Le face-à-face entre Husamettin Dogan et Dominique Pelicot n'a finalement pas eu lieu, l'interrogatoire du premier ayant été repoussé à mercredi.
À regarder
-
Coup d'envoi de la vaccination contre la grippe
-
SKAI ISYOURGOD, le phénomène du rap chinois
-
Délit de fuite : la vie brisée de Marion
-
Bac de maths en 1ère, une bonne nouvelle ?
-
Une minute de silence en hommage à ces profs tués
-
IA : des paysages touristiques trop beaux pour être vrais ?
-
Sébastien Lecornu annonce la suspension de la réforme des retraites jusqu'à l'élection présidentielle
-
Pourquoi ton lycée pro est en grève aujourd’hui
-
La joie des Palestiniens libérés des prisons israéliennes
-
Le prix Nobel d'économie est pour la suspension de la réforme des retraites
-
François-Xavier Bellamy défend la posture de Bruno Retailleau qui chute dans les sondages
-
Lecornu II : des nominations surprises
-
Enquête après la mort de Sara, 9 ans
-
Madagascar : le président contesté écarte toute démission
-
Le gouvernement Lecornu II face à la réforme des retraites.
-
"Mange mon cul noir", Yseult (encore) en clash
-
"Ce n'était plus ma femme" : l'ultime interrogatoire de Cédric Jubillar avant le verdict
-
"Il faut suspendre la réforme des retraites jusqu'à la présidentielle"
-
M0rt d'une fillette : un nouveau drame du harcèlement ?
-
Nicolas Sarkozy : il connaît sa date d'emprisonnement
-
Comment Discord est devenu un outil de mobilisation politique pour la jeunesse
-
Immense joie sur la Place des Otages à Tel-Aviv
-
Elle défend Billie Eilish et perce sur les réseaux
-
A Auray dans le Morbihan, les cantines sont alimentées par une ferme municipale
-
Une fillette de 9 ans retrouvée morte à son domicile en Moselle
-
Les dates à retenir pour Parcoursup
-
Bientôt des "Kei cars" en Europe ?
-
Commerce en Chine : le pari du gigantisme
-
La déprime automnale est aussi chimique
-
Le prince Wiliam submergé par l’émotion
Commentaires
Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.
Déjà un compte ? Se connecter