: Vidéo Violences urbaines : "C'est un appel au secours", selon l'ex-braqueur et médiateur Yazid Kherfi
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Depuis la mort de Nahel, ce jeune de 17 ans tué par un policier à Nanterre mardi dernier, des émeutes ont lieu un peu partout en France. "Les jeunes vont mal", explique Yazid Kherfi, spécialiste de la prévention de la délinquance.
Les émeutes qui ont lieu depuis mardi 27 juin en France et la mort de Nahel à Nanterre sont "un appel au secours", estime lundi 3 juillet sur franceinfo l'ex-braqueur devenu médiateur dans les banlieues Yazid Kherfi. "Les jeunes vont mal. Ils ont l'impression de ne pas être aimés par les gens, parfois d'être détestés et en tout cas stigmatisés". Spécialiste de la prévention de la délinquance, Yazid Kherfi appelle à "se réconcilier avec eux" et à "les éduquer à la non-violence". "Pour l'instant, la réponse a été très sécuritaire, alors qu'il faut plus d'animateurs, plus de médiateurs, plus d'éducateurs".
franceinfo : Dans quel état d'esprit sont les jeunes que vous rencontrez dans les banlieues que vous sillonnez depuis une semaine ?
Yazid Kherfi : Les jeunes vont mal. Derrière les violences, il y a un appel au secours. C'est une façon de dire "j'existe" et de retrouver de la puissance, du pouvoir. Ils sont dans un mal-être beaucoup plus important que lors des émeutes de 2005 et les réseaux sociaux amplifient le phénomène. Il y a une sorte de compétition. C'est-à-dire que plus tu es violent, plus on parle de ta ville, plus tu "existes". Lors des médiations que j'organise, les jeunes me parlent d'amour. Ils ont l'impression de ne pas être aimés par les gens, parfois d'être détestés et en tout cas stigmatisés. Il faut vraiment se réconcilier avec eux. C'est un appel au secours et peut-être que c'est une opportunité pour que chacun accepte de se remettre en cause.
Cette violence est-elle essentiellement animée par un dégoût de la police ?
C'est surtout l'humiliation. Par exemple, je suis de Mantes-la-Jolie, là où des jeunes ont été mis à genoux par la police. Ils ne l'ont jamais oublié. Là où il y a eu le plus d'émeutes, c'est dans des endroits où il y a eu des rapports policiers-jeunes très compliqués. Il n'y a pas de dialogue. Je dis toujours que le problème des jeunes, c'est d'abord un problème d'adultes. Aux adultes d'aller écouter cette jeunesse. Je pars du principe que la parole est plus forte que la violence. Plus on va écouter cette jeunesse, plus ils vont prendre la parole et moins il y aura de la violence.
Les parents, appelés par Eric Dupond-Moretti et Emmanuel Macron à prendre leurs responsabilités, sont-ils encore écoutés ?
Oui, mais il y a aussi un certain nombre de parents qui sont en difficulté avec leurs enfants. Ils n'arrivent pas à les comprendre et ne savent pas ce qu'ils font. Ce sont souvent des familles monoparentales, pauvres, qui ont parfois peu de moyens. Il faut les aider. Parfois, la rue est beaucoup plus attirante que de rester à la maison pour certains jeunes. Et quand on se promène en France, le soir dans les quartiers, à part les commissariats de police, il n'y a pas grand-chose d'ouvert. Si nous, les adultes bienveillants, on n'occupe pas le terrain, d'autres montent la tête à nos jeunes.
Le gouvernement choisit-il la bonne voie en employant un discours de fermeté ?
Il faut sanctionner, c'est normal. Mais la sanction ne suffit pas. Il faut d'abord comprendre. Comprendre ce qu'il s'est passé et de quelle manière éviter la violence. À un moment donné, il faut éduquer les jeunes à la non-violence. Pour l'instant, la réponse a été très sécuritaire, avec beaucoup plus de policiers, alors que moi, je dis qu'il faut plus d'animateurs, plus de médiateurs, plus d'éducateurs dans les quartiers. On met beaucoup d'argent dans la sécurité au détriment de la prévention. En rénovant les quartiers, on met l'argent dans les murs, mais ce qu'il faut, c'est dans l'humain et dans le vivre-ensemble. Ce n'est pas parce qu'on construit les beaux immeubles qu'il n'y a plus de problème.
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