Violences urbaines : quatre questions sur les tirs de mortiers d'artifices
Après les émeutes provoquées par la mort de Nahel à Nanterre, les autorités ont répété leur détermination à faire respecter un décret interdisant jusqu'à samedi la vente de tous les articles pyrotechniques, dont les mortiers d'artifice utilisés par les émeutiers comme armes. Mais de quoi parle-t-on ? Explications.
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Mortiers, fusées de feu d'artifice ou encore "chandelles romaines"... Tout est une question de matériel, mais le résultat reste impressionnant, avec des gerbes d'étincelles en pleine rue. Elisabeth Borne a annoncé un décret pour interdire en outre la "vente", le "port" et le "transport de mortiers d'artifices". "Seuls les professionnels, qui organiseront les feux d'artifice dans les communes, pourront en acheter", explique la Première ministre. Les autorités ont répété leur détermination à faire respecter ce décret interdisant jusqu'à samedi la vente de tous les articles pyrotechniques. Un total de "150.000 mortiers d'artifices" ont ainsi été saisis depuis le 27 juin, s'est félicité mercredi 12 juillet Gérald Darmanin.
L'apparition des tirs de mortier d'artifice est devenue une habitude dans les violences urbaines. Depuis une vingtaine d'années et notamment les émeutes de 2005, l'utilisation de ces engins pyrotechniques lors des affrontements contre la police est devenue la norme et leur emploi semble même s'intensifier.
Pour preuve, les tensions et les échauffourées qui ont eu lieu dans plusieurs villes de France après la mort de Nahel, un jeune homme de 17 ans tué par un policier lors d'un contrôle routier mardi à Nanterre (Hauts-de-Seine). De nombreuses vidéos sur les réseaux sociaux montrent des jeunes affronter la police ou viser des bâtiments publics à l'aide de tirs de mortiers d'artifice.
Et avant le 14 juillet 2023, les services de renseignements alertent : si, déjà l'année dernière, les commissariats et gendarmeries ont essuyé des tirs de mortiers, ce qu'il s'est passé les dernières semaines montre que leur utilisation a encore monté d'un cran. Or, comme les stocks utilisés par les émeutiers ont été épuisés durant l'épisode de violences urbaines, les feux d'artifice et mortiers sont activement recherchés dans de nombreux quartiers depuis ces derniers jours, laissant craindre des débordements massifs.
Pourquoi parle-t-on de "tirs de mortiers d'artifices" ?
L'utilisation de l'expression "tir de mortier d'artifice" en France correspond à l’usage de feux d'artifice détournés de leur fonction. La précision "d'artifice", parfois oublié dans des articles ou des communiqués de presse, sert à ne pas faire la confusion avec des tirs d'obus de mortier qui sont des armes de guerre. Le "mortier" désigne ici le tube qui peut-être en carton, en plastique ou en métal et qui contient l'artifice. "Tir de mortier" est donc un abus de langage, comme le rappelle Le Monde, qui souligne que l'on ne dit pas non plus "tir de canon de fusil".
Les tirs de mortiers d'artifice sont-ils en hausse ?
Il ne semble pas y avoir de chiffre officiel pour saisir l'ampleur du phénomène au niveau national. Mais par exemple à Paris et en petite couronne, la préfecture de Police indiquait que les tirs de mortiers d'artifice constatés ont augmenté de 44% au mois d'avril 2021 par rapport au premier trimestre 2021. Et s'ils ont longtemps été associés au Nouvel An et au 14-juillet, ces engins pyrotechniques apparaissent dans de nombreux faits divers ces dernières années, notamment lors de l'attaque de différents commissariats comme à Champigny-sur-Marne en février 2021, ou quand ils font leur apparition au sein d'établissements scolaires. Le 3 avril, un lycée de Mantes-la-Jolie (Yvelines) a été évacué et fermé après des tirs de mortiers d'artifice par des élèves dans la cour de récréation.
Quelle est la dangerosité des tirs de mortiers d'artifices ?
Les blessures engendrées par ces engins pyrotechniques peuvent aller de la légère brûlure à la blessure grave, et ils peuvent même parfois tuer. Fin juillet 2021, des policiers interviennent sur un rodéo urbain. Ils sont visés par des tirs de mortiers d'artifices. L'un d'eux entre dans le véhicule et blesse les trois policiers à bord du véhicule. Un policier brûlé au niveau du dos se voit délivrer 15 jours d'une incapacité totale de travail (ITT). Les deux autres, blessés aux tympans, se voient délivrer 15 et 10 jours d'ITT. Les apprentis artificiers peuvent aussi se blesser gravement en raison de l'instabilité et de l'imprécision de ces engins pyrotechniques, notamment en perdant des doigts.
Quelles sont les règles de vente des engins de type mortier ?
En 2021, la réglementation a été renforcée par la loi dite de "sécurité globale". L’achat, la détention, l’utilisation et la vente de mortiers d’artifice à des non-professionnels sont punis par des peines allant jusqu’à six mois d’emprisonnement et 7 500 euros d’amende, indique le site vie-publique.fr. Si l'achat et la vente se déroulent au moyen de l'utilisation d'un réseau de communications électroniques, c'est-à-dire sur internet, les peines peuvent même être doublées.
Un durcissement voulu notamment après l'attaque du commissariat de Champigny-sur-Marne. Mais il reste possible de se fournir assez facilement ce type d'engins à l'étranger ou en passant par les réseaux sociaux ou des messageries, indique 20 minutes. Les vendeurs de mortiers d’artifice promettent une livraison "discrète" contre une centaine d'euros. Une situation qui inquiétait les autorités durant l'été 2022 alors que les saisies de "mortiers d'artifice" augmentaient.
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