L'abbé Pierre accusé de violences sexuelles : le Vatican était au courant dès l'automne 1955, selon un livre-enquête

Les archives du Saint-Siège font état de plusieurs signalements dès l'année 1955 concernant les agissements du fondateur d'Emmaüs, d'après les journalistes Marie-France Etchegoin et Laetitia Cherel.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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L'abbé Pierre répond aux questions des journalistes, le 5 août 2005 dans les locaux d'Emmaüs International à Alfortville (Val-de-Marne). (BERTRAND GUAY / AFP)
L'abbé Pierre répond aux questions des journalistes, le 5 août 2005 dans les locaux d'Emmaüs International à Alfortville (Val-de-Marne). (BERTRAND GUAY / AFP)

Le Vatican était au courant dès l'automne 1955 des agissements de l'abbé Pierre, visé depuis juillet 2024 par des accusations d'agressions sexuelles commises entre les années 1950 et 2000, selon un livre-enquête à paraître jeudi 17 avril. "Dès l'automne 1955, non seulement le haut clergé français connaissait la face noire et la dangerosité de l'abbé Pierre mais le Saint-Siège aussi", affirment dans L'Abbé Pierre, la fabrique d'un saint (Allary Editions) les journalistes Marie-France Etchegoin et Laetitia Cherel, qui ont consulté les archives du Vatican.

Elles rapportent une "procédure judiciaire, entamée par l'organe de la curie romaine chargé de contrôler les mœurs et la foi des membres de l'Église, le Saint-Office", qui a été "freinée par les évêques en France, vite refermée et enterrée deux ans plus tard, en 1957".

Les deux journalistes s'appuient sur le compte-rendu d'une réunion plénière de la Suprême congrégation du Saint-Office, sur le cas de l'abbé Pierre, le 18 mars 1957, qui se trouve dans les archives du dicastère pour la doctrine de la foi. Ce "document de dix pages dresse la chronologie des agissements sexuels de l'abbé Pierre de 1955 à 1957, détaille les courriers d'alerte des cardinaux américain et canadien en 1955, et les décisions du Saint-Office", précisent les auteures. Le document rapporte que Paul-Émile Léger, l'archevêque de Montréal, ville où l'abbé Pierre s'est rendu en mai 1955, a eu connaissance des "accusations d'immoralité" à l'encontre du prêtre.

"Des choses immorales" à New York

Une demande a également été formulée le 8 septembre 1955 par le Saint-Office au nonce apostolique (ambassadeur du Saint-Siège) alors en poste en France, Paolo Marella, "de suivre de près le cas de l'abbé Pierre". Un chanoine a en outre "écrit le 25 octobre 1955 au Saint-Office pour dire" qu'il savait que "des choses immorales" avaient été commises par l'abbé Pierre aux Etats-Unis, précisent les deux journalistes.

Le livre-enquête revient par ailleurs sur des propos tenus par l'abbé Pierre sur les juifs le 21 juillet 1944. Il évoquait "des familles contraintes à l'oisiveté (sans qu'il soit de leur faute, certes) mais regorgeant d'or avec quoi elles raflaient avec une impitoyable dureté tout".

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