Abbé Pierre : le président de la Conférence des évêques de France veut comprendre "comment il a pu échapper à la vigilance de tant de gens"

"Dès les années 1957-70", il y a des traces, dans les archives, que l'Église a tenté de "limiter" les actions de l'abbé Pierre. Après 1970, "on ne sait plus rien", s'étonne Éric de Moulins-Beaufort.

Article rédigé par franceinfo - avec '"ici Champagne-Ardenne"
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Le président de la Conférence des évêques de France, monseigneur Éric de Moulins-Beaufort, le 10 novembre 2024. (VALENTINE CHAPUIS / AFP)
Le président de la Conférence des évêques de France, monseigneur Éric de Moulins-Beaufort, le 10 novembre 2024. (VALENTINE CHAPUIS / AFP)

"Je ne cherche pas des coupables spécialement", mais "il faut essayer de comprendre comment [l'abbé Pierre] a pu échapper à la vigilance de tant de gens", souligne mercredi 22 janvier sur '"ici Champagne-Ardenne" le président de la Conférence des évêques de France, monseigneur Éric de Moulins-Beaufort. L'icône de la défense des plus démunis est accusé aujourd'hui de multiples violences sexuelles, plus de 15 ans après son décès. 

Selon lui, "il y a des choses qui méritent qu'il y ait une enquête sérieuse qui soit faite. Nous, l'Église de France, dès le mois du mois de septembre, nous avons ouvert les archives et les archives montrent que, dès les années 1957 à 1970, on essaie de suivre l'abbé Pierre et de limiter son action", poursuit-il. Après les années 1970, "on ne sait plus rien. Donc il faut essayer de comprendre pourquoi brusquement tout s'est arrêté et comment il a pu échapper à la vigilance de tant de gens qu'il a fréquentés". 

"Il des actes vraiment terribles, très répétés, très nombreux, parfois apparemment organisés. Il faut essayer de comprendre ce qui s'est passé et comment cet aveuglement a été possible."

Éric de Moulins-Beaufort, président de la Conférence des évêques de France

sur "ici Champagne-Ardenne"

Emmaüs a réuni une commission historique, "ce qui est très bien, mais sa commission n'a pas de pouvoir d'enquête particulier", regrette le président de la Conférence des évêques de France.

Il assure qu'il "ne cherche pas des coupables spécialement, ce n'est pas qu'au sein du mouvement Emmaüs, il y a eu des biographies", mais il veut comprendre "comment il a pu organiser" ce que des documentaires "diffusés la semaine dernière", comme Envoyé spécial sur France 2, ont évoqué, comme cet appartement "dans lequel il recevait des personnes. On a entendu le témoignage d’une femme qui a été invitée, mais de manière pressante, à venir tous les matins le rencontrer", relate Éric de Moulins-Beaufort.

"Si nous voulons sortir de ces violences sexuelles que nous constatons maintenant dans l'Église mais dans beaucoup de secteurs et en l'occurrence là, dans un secteur social, il faut que nous prenions les moyens de le comprendre", pense-t-il.

Les mots "fondateur Abbé Pierre" vont disparaître du logo d'Emmaüs France. Le mouvement l'a acté mardi en assemblée générale extraordinaire, six mois après les premières révélations d'accusations d'agression sexuelle et de viol qui visent l'ancien prêtre. 33 témoignages ont pour l'instant été vérifiés. 

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