Euro 2025 : de ses graves blessures à l'exil aux Etats-Unis, la précieuse résilience de Delphine Cascarino chez les Bleues
Doublement buteuse dimanche, l'attaquante n'avait plus marqué depuis le printemps 2023 et une grave entorse du genou droit. Partie jouer l'été dernier pour San Diego, l'ex-Lyonnaise s'épanouit dans ce championnat plus physique.
/2025/03/11/anais-rond-67d06d8eb68f7737337115.jpg)
/2025/07/17/sipa-shutterstock41299654-000157-6878b8a66455d857892657.jpg)
"Quand Delphine est comme ça, il ne peut rien nous arriver. Elle est inarrêtable." "Je plains celles qui défendent sur elle. Quand ça pousse, elles ne voient que son dos." Les avis étaient unanimes à l'issue du match Pays-Bas-France (victoire 5-2), en phase de poules de l'Euro, dimanche 13 juillet. À l'instar de Clara Mateo et Maëlle Lakrar, Elisa de Almeida a salué le doublé, conjugué à une passe décisive, de sa coéquipière, sans pour autant se montrer surprise.
"La frappe est incroyable, mais ça ne me choque pas. C'est du Delphine Cascarino, une attaquante de classe mondiale." Pourtant, cette dernière n'avait plus marqué chez les Bleues depuis... 828 jours et sa grave entorse au genou droit en mai 2023. En Suisse, Delphine Cascarino rejoue, au meilleur des moments, à son meilleur niveau.
/2025/07/17/maxsportsfrthree195058-6878ce77dea19816232205.jpg)
Déjà élue meilleure joueuse du match face à l'Angleterre (victoire 2-1), puis de nouveau dimanche, l'attaquante a célébré son premier but dans l'Euro par un cri rageur. "C'était un moment incroyable. J'en souris maintenant, mais sur le coup ça ne sortait pas. Il y avait beaucoup de rage car ça me tenait à cœur d'aider l'équipe à gagner", a retracé la joueuse de 28 ans, en conférence de presse, le 16 juillet.
"On peut voir dans ses buts la rage qu'elle a. C'est une très grande compétitrice. Cela contraste avec la personne qu'elle est dans la vie : très tranquille, discrète, facile à vivre et toujours de bonne humeur."
Camille Abily, ancienne internationale et ex-entraîneure adjointe à l'OLà franceinfo: sport
Sous le maillot bleu depuis octobre 2016, le parcours de la native de Saint-Priest, en banlieue lyonnaise, est empreint de résilience. Le 21 mai 2023, lorsqu'elle s'effondre dans un duel face à Elisa de Almeida, au cours d'un match PSG-OL, elle comprend vite le chemin qui l'attend. Victime d'une rupture partielle du ligament croisé antérieur, elle est contrainte de passer sur le billard et de manquer le Mondial 2023. Cinq ans plus tôt, la joueuse s'était rompu le même ligament du genou gauche, moins de trois mois après sa première sélection en équipe de France.
Vitesse, percussion, dribbles
"En janvier 2017, en stage à La Réunion, elle se blesse lors du dernier entraînement avant le match. Pour elle et nous, cette blessure à six mois de l'Euro aux Pays-Bas, c'était une grosse tuile. Cela a été un moment très fort émotionnellement car elle était en fin de contrat à Lyon et ne savait pas de quoi son avenir allait être fait", se souvient Olivier Echouafni, premier sélectionneur à avoir appelé Delphine Cascarino chez les Bleues alors qu'elle n'avait pas 20 ans. "Elle prouve qu'elle a surmonté tout ça magnifiquement. Elle s'est accrochée et ces blessures l'ont renforcée mentalement", explique-t-il a franceinfo: sport.
Dès ses premiers pas en équipe de France, Delphine Cascarino se distingue par des qualités peu communes dans le foot féminin, selon Olivier Echouafni."C'est une joueuse très rapide, tonique, puissante. Peu peuvent la rattraper sur la vitesse pure." Ses dribbles et sa percussion lui valent souvent des comparaisons avec Kylian Mbappé. "Elle a toujours été douée techniquement", rappelle Camille Abily, qui l'a entraînée à Lyon après l'avoir côtoyée sur les pelouses.
/2025/07/17/sipa-sipa60034741-000059-6878fae58d2a4594988964.jpg)
"Delphine apporte beaucoup de sérénité. Elle a la capacité de faire des différences. On sait qu'il va se passer quelque chose quand on lui donne le ballon. Elle a retrouvé son niveau d'avant sa rupture du ligament croisé", juge Charlotte Lorgeré, ancienne joueuse professionnelle et consultante pour France Télévisions. Sa présence à l'avant facilite le travail de ses coéquipières, assurait de son côté Elisa de Almeida, après le match France-Angleterre : "Je récupère le ballon, lui lance en profondeur. Et là, avec Delphine, ça va beaucoup trop vite. Instinctivement, je sais qu'au moment où elle a le ballon dans les pieds, si elle met la passe, il y a but."
Un physique affûté aux Etats-Unis
Surtout, Delphine Cascarino a passé un nouveau cap sur le plan physique en quittant l'Olympique lyonnais après quinze ans passés dans son club formateur. À l'été 2024, juste avant sa participation aux Jeux de Paris, elle annonce son départ vers le championnat américain et le club de San Diego. "La meilleure option pour moi comme femme et joueuse, c'était de partir. Pour m'améliorer, j'avais besoin de changer et de prendre un risque", a-t-elle justifié au micro du podcast "The Womens Game" mené par l'ancienne internationale américaine Sam Mewis.
"Elle a beaucoup plus de temps de jeu désormais, parce qu'à Lyon, elle était en concurrence avec Kadidiatou Diani. Aux Etats-Unis, le championnat est physiquement très dur. À Lyon, c’était beaucoup plus facile. Elles sont tellement au-dessus qu'elles ont moins à courir", observe Charlotte Lorgeré. L'attaquante des Wave confirme avoir progressé "en cardio" : "Je peux courir davantage. À Lyon, durant la saison, nous avions six matchs difficiles. Ici, toutes les semaines, vous devez être à 100%. Je suis épuisée après chaque match", décrit-elle pour "The Womens Game".
"J'ai du rythme dans les jambes et ça se voit. Le championnat américain est un très bon championnat avec beaucoup de rythme et d'intensité. Il est peut-être un peu moins tactique et technique que ceux en Europe. Mais physiquement, ça m'a fait progresser."
Delphine Cascarinoen conférence de presse, le 16 juillet
Après une première saison prise en cours de route, Delphine Cascarino se montre à son avantage depuis le mois de mars et le début de l'exercice 2025 (il s'achève début novembre). Entrée en jeu à chacune des 13 rencontres déjà jouées, elle a inscrit trois buts et délivré cinq passes décisives. Son dernier match là-bas remonte au 23 juin, alors que les Bleues avaient déjà lancé leur préparation entre Biarritz et Clairefontaine. "Le staff français a très bien géré sa préparation. C'était un bon choix de la laisser aux Etats-Unis, estime Olivier Echouafni. Elle arrive à l'Euro en étant au premier tiers de sa saison, quand les autres sont en fin de saison. Elle est moins usée physiquement et mentalement."
Une leader "technique"
Depuis toujours percutante dans son couloir droit, Delphine Cascarino a aussi gagné en variété. "Aujourd'hui, elle analyse en amont le jeu. Avant, elle ne faisait pas toujours les bons choix. Elle a étoffé son positionnement", analyse Charlotte Lorgeré. "Ce qui est nouveau, c'est qu'elle rentre à l'intérieur pour se mettre sur son pied droit. Auparavant, elle ne débordait que sur son couloir droit", prolonge Olivier Echouafni, qui aimerait la voir frapper davantage du pied gauche et faire plus d'appels en profondeur. De son côté, Camille Abily confirme que son ancienne joueuse a déjà "énormément progressé sur son pied gauche", mais qu'elle pourrait désormais améliorer son jeu de tête. "Mais elle est déjà très complète dans tous les domaines."
Avec désormais 78 sélections (pour 16 buts) chez les Bleues, Delphine Cascarino est la sixième joueuse la plus capée de l'effectif présent en Suisse. Si son caractère réservé l'empêche d'être une leader par les mots, la joueuse ose du bout des lèvres se décrire comme "une leader par sa technique", auprès de Sam Mewies. "Elle aime provoquer et prendre des initiatives" sur le terrain, ce qui est "une autre forme de leadership", appuie Charlotte Lorgeré. En Suisse, elle a l'occasion de se rendre encore plus indispensable en équipe de France.
À regarder
-
"Je ne l'ai pas tuée" : Cédric Jubillar réaffirme son innocence
-
Oeufs, à consommer sans modération ?
-
Ce radar surveille le ciel français
-
On a enfin réussi à observer un électron !
-
"Manifestation des diplômés chômeurs, un concept marocain !"
-
Crise politique : "La dernière solution, c'est la démission du président de la République"
-
Le loup fait taire la Fête de la science
-
Les tentatives de suic*de en hausse chez les adolescentes
-
Défi chips : alerte dans un collège
-
Chine : la folie des centres commerciaux XXL
-
Quand tu récupères ton tel à la fin des cours
-
Ukraine : le traumatisme dans la peau
-
Teddy Riner s'engage pour sensibiliser sur la santé mentale
-
Suspension de la réforme des retraites : les gagnants et les perdants
-
Ukraine : le traumatisme dans la peau
-
L'espoir renaît à Gaza après l'accord de cessez-le-feu
-
Une école pour se soigner et réussir
-
Taux immobiliers : est-ce le moment d'acheter ?
-
La panthéonisation de Robert Badinter
-
Cancer : des patientes de plus en plus jeunes
-
"Le Bétharram breton" : 3 établissements catholiques dénoncés par d'anciens élèves
-
Cessez-le-feu à Gaza : un premier pas vers la paix
-
Quand t'as cours au milieu des arbres
-
Il gravit la tour Eiffel en VTT et en 12 min
-
Pourquoi on parle de Robert Badinter aujourd'hui ?
-
Robert Badinter : une vie de combats
-
La tombe de Robert Badinter profanée à Bagneux
-
Accord Hamas-Israël, la joie et l’espoir
-
"Qu’on rende universelle l'abolition de la peine de mort !"
-
Guerre à Gaza : Donald Trump annonce qu'Israël et le Hamas ont accepté la première phase de son plan
Commentaires
Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.
Déjà un compte ? Se connecter