: Reportage "Combinaison, masque, gants... Je ressemble à un cosmonaute" : dans le Var, les producteurs de fleurs contraints de s'adapter face au danger des pesticides
Alors que l'association UFC-Que Choisir révèle que "100% des fleurs testées" sont "contaminées" aux pesticides, les horticulteurs du Var, premier marché de production en France, semblent avoir pris conscience des risques et adopté des gestes de précaution.
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C'est l'indétrônable cadeau des amoureux à la Saint-Valentin, le bouquet de fleurs est pourtant aujourd'hui source de vives inquiétudes. "100 % des fleurs testées" sont "contaminées", révèle vendredi 14 février l'association de consommateurs UFC Que choisir. L'association a effectué plusieurs tests en laboratoire qui "révèlent une contamination massive des fleurs coupées" par des pesticides, dont certains interdits en Europe, mettent "en péril la santé de ceux qui les manipulent".
En 2022, la fille d'une fleuriste est même morte des suites d'une leucémie causée par les pesticides présents sur les fleurs que sa mère manipulait sans le savoir pendant sa grossesse. Une évaluation des risques est actuellement en cours pour les professionnels.
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Alors en attendant la réponse de l'agence nationale de la sécurité sanitaire, du côté d’Hyères, dans le Var, les 350 producteurs de fleurs coupées de la région prennent des précautions.
Fleurs résistantes, masque, gants et combinaison
Dans ses serres de la Crau, Ludovic Morel fait pousser toutes sortes de fleurs, anémones, pavot ou encore scabieuse. Adaptées au climat, ces fleurs n'ont pas besoin de chauffage, sont de saison, donc plus résistantes, et ont besoin de moins de pesticides. "On fait le maximum, après il ne faut pas se leurrer, on a encore quelques produits qu'on utilise. Je ne suis pas fan du traitement mais je ne mettrai pas mon exploitation en jeu", confie-t-il.
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Quand il faut utiliser des produits chimiques, c'est donc avec autorisation d'achat et beaucoup de précautions pour Ludovic. "Mes ouvriers, ma femme... Ce sont eux qui touchent les fleurs les premiers. Si je passe un produit, on a un équipement de protection, combinaison, masque, gants, on ressemble à un cosmonaute. Il n'y a personne qui prend plaisir à les traiter. Après, pendant 24 heures, on ne peut pas revenir dans les cultures. Je ne traite que les vendredis, comme ça, je sais que je ne vais pas revenir avant lundi."
Vers un contrôle de la sécurité des fleurs ?
Comme chez 80% des horticulteurs du Var, la culture est hors sol, dans des bacs et non en pleine terre. Si cela n'est pas très probant pour les fraises ou les tomates, c'est en revanche bénéfique dans le cas des fleurs explique Jean-Claude Véga, président du groupement des producteurs. "Il y a un système de récupération des eaux de drainage pour pouvoir réinjecter dans les cultures. C'est donc d'abord une économie d'engrais et en même temps on économise l'eau et on ne rejette pas les effluents à la rivière ou dans les sols."
Mais tout cela reste vain face à une concurrence déloyale estime Gilles Rus, de la direction du marché aux fleurs d’Hyères, car des pesticides interdits en France sont autorisés à l'étranger. Or, 85% des fleurs vendues dans l'hexagone sont importées.
La solution encore en débat consisterait en l'établissement de contrôles sur les fleurs elles-mêmes. "Aujourd'hui il y a des attentes sociétales qui sont fortes, on en a pris conscience, in fine ce sont les résidus sur les végétaux qui sont le juge de paix. Si on contrôle nos produits, il faudrait que tous les produits soient contrôlés au même titre. On peut y faire face, mais il ne faut pas que l'on soit les seuls." Aujourd'hui, les contrôles portent en effet sur la beauté des fleurs, leur durée de vie dans un vase, mais pas sur la sécurité de ces végétaux.
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