Info franceinfo Scandale des eaux en bouteille : le siège de Nestlé perquisitionné

Le siège de Nestlé, près de Paris, a été perquisitionné, jeudi. Nestlé et Nestlé Waters sont soupçonnées d'avoir traité illégalement leurs eaux brutes.

Radio France
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Siège de Nestlé à Issy-les-Moulineaux près de Paris, France, 5 juin 2024. (RICCARDO MILANI / HANS LUCAS)
Siège de Nestlé à Issy-les-Moulineaux près de Paris, France, 5 juin 2024. (RICCARDO MILANI / HANS LUCAS)

Le siège de Nestlé en France, à Issy-les-Moulineaux, a été perquisitionné, jeudi 10 juillet, selon les informations de la Cellule investigation de Radio France, confirmées par la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF). En fin de matinée, des enquêteurs du Service national d'enquête (SNE) de la DGCCRF et de l'Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique (OCLAESP) sont arrivés dans les locaux de la multinationale suisse en fin de matinée. Ils s’y trouvaient encore en début d’après-midi. D’après les informations de la cellule investigation, plusieurs enquêteurs étaient présents, certains portant des brassards siglés "gendarmerie". Nestlé et Nestlé Waters sont soupçonnées d'avoir traité illégalement leurs eaux brutes, afin de masquer leur contamination par des bactéries et des pesticides.

Selon la DGCCRF, ces perquisitions "interviennent à la suite de la plainte avec constitution de partie civile déposée contre X par l’association Foodwatch mais visant les sociétés Nestlé et Nestlé Waters". Plainte ayant donné lieu à l’ouverture d’une information judiciaire par le pôle de santé publique du tribunal judiciaire de Paris en février 2025. Et de préciser : "Les enquêteurs ont été saisis sur commission rogatoire par les deux juges d’instruction cosaisis. L’enquête va se poursuivre pour procéder notamment à l’exploitation des données saisies à l’occasion de ces perquisitions".

Des puits pollués toujours exploités

Pour le groupe Nestlé, les complications judiciaires liées à l’affaire de la fraude aux eaux minérales révélée par la cellule investigation de Radio France et Le Monde en janvier 2024 s’accumulent. L'association de consommateurs UFC Que Choisir a également annoncé, le 3 juin dernier, porter plainte. "Compte tenu de l’immobilisme persistant des pouvoirs publics", l'association a saisi, dans le cadre d’une procédure en référé, le Tribunal judiciaire de Nanterre pour que soient ordonnées des mesures de retrait du marché et de rappel des produits, mais aussi l’interdiction de la commercialisation des bouteilles de Perrier.

En effet, l'intégralité des puits exploités sur le site de Vergèze sont pollués, selon un rapport d’hydrogéologues agréés par le ministère de la Santé, que la cellule investigation de Radio France a pu consulter. Le groupe Nestlé a annoncé il y a quelques jours avoir retiré son système de filtration interdit (microfiltre 0,2 micron) pour le remplacer par un autre (microfiltre 0,45 micron). Mais le problème de la contamination des eaux brutes demeure, puisque Nestlé continue d'exploiter des puits pollués, en contradiction flagrante avec la réglementation, selon laquelle les eaux minérales naturelles doivent être "pures à la source"

D’après nos informations, l’audience en référé, qui devait se tenir cette semaine à Nanterre, a été renvoyée et devrait avoir lieu finalement fin septembre.

Inquiétude sur l'emploi

Le ministère de la Santé a ordonné une inspection de toutes les usines de conditionnement d'eau en France d'ici fin 2026, avec à la clé, si besoin, l'interdiction d'afficher la dénomination eau minérale naturelle, voire des fermetures d'usines. Des menaces pèsent notamment autour du site de Vergèze, dans le Gard, usine historique du groupe Perrier. 

La consommation des eaux de la marque Perrier a baissé de 14% depuis le début de l'année par rapport à la même période de 2024, selon les chiffres récoltés par le Syndicat des eaux de source et des eaux minérales naturelles (SESEMN).

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