Pollution: en Auvergne, des scientifiques ont trouvé des pesticides dans les nuages

Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min - vidéo : 2min
Article rédigé par France 2 - T. Baïetto, M. Gracia, M. Barrois, V. Bouffartigue, J. Durand. Édité par l'agence 6Médias
France Télévisions

Les nuages au dessus de nos têtes ne sont pas que poétiques, ils contiennent également des pesticides. C'est ce qu'ont découvert des chercheurs qui ont étudié le ciel du Puy-de-Dôme, et recensé jusqu'a 139 tonnes de pesticides dans les nuages.

Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour le regarder en intégralité.

À 1 500 mètres d'altitude, au sommet du Puy-de-Dôme, Angelica Bianco, chercheuse au Laboratoire de Météorologie Physique (OPGC, CNRS/Université Clermont Auvergne) chasse les nuages pour les analyser grâce à une boîte qui fonctionne comme un aspirateur. Dans de l'eau de nuage, la scientifique a retrouvé la trace de 32 pesticides. Une étude d'une ampleur inédite menée pendant deux ans.

Entre 6 et 139 tonnes de pesticides selon les jours en France

Selon les scientifiques, au moment de l'épandage des pesticides, des gouttelettes sont emportées par le vent et intégrées aux nuages. Elles sont alors transportées sur de longues distances, avant de retomber au sol avec les pluies. Dans le ciel français, il y aurait entre 6 et 139 tonnes de pesticides selon les jours. Et surprise, certains produits détectés sont interdits dans notre pays depuis des années.

"Il y a plusieurs explications possibles. Une, c'est le transport à longue distance depuis des pays où ils sont encore utilisés. Sinon, une autre explication que nous avons est que ces produits se trouvent dans les nappes phréatiques. Et si l'eau des nappes phréatiques est utilisée pour l'irrigation, on peut avoir une réémission dans l'atmosphère", analyse Angelica Bianco.

Les études se poursuivent

Il est encore trop tôt pour comprendre les conséquences de cette contamination. Les concentrations restent faibles, et les autorités sanitaires ne communiquent pas. Mais un spécialiste de la biodiversité est inquiet. "On peut dire aujourd'hui, avec cette étude, qu'il n'y a finalement aucun endroit, par exemple un parc naturel ou un parc national, qui sera à l'abri de la pollution par les pesticides", avance Philippe Grandcolas, écologue et directeur de recherche au CNRS.

À l'Observatoire du Puy-de-Dôme, les chercheurs vont poursuivre leurs études pour mieux comprendre la pollution.

Parmi Nos Sources : 

"Les nuages sont-ils un réservoir négligé de pesticides ?" Environnemental science and technology, 2025

"Analyse des pesticides présents dans les eaux pluviales en Alsace (est de la France) : comparaison entre les sites urbains et ruraux", Atmospheric Environnement, 2007

"Détection de néonicotinoïdes dans l'eau de pluie au Japon", Environmental Monitoring and Contaminants Research, 2025

"Les pesticides présents dans l'air ambiant, influencés par l'utilisation des terres environnantes et les conditions météorologiques, constituent une menace potentielle pour la biodiversité et les êtres humains", Science of the Total Environment, 2022

"Répartition granulométrique des pesticides actuellement utilisés dans trois environnements atmosphériques européens", Atmospheric Environment, 2024

Liste non exhaustive 

Commentaires

Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.