: Témoignages Vers une suppression des ZFE ? Élus, professionnels et automobilistes réagissent
Les députés ont approuvé, mercredi, la suppression des zones à faibles émissions. Elles sont 42 en France, mises en place progressivement depuis 2019.
/2025/04/30/guillaume-farriol-6812535e4cecf311846415.png)
/2025/03/27/zfe-67e4f7174ef33034060549.jpg)
Les zones à faible émission (ZFE) en passe d'être supprimées ? Les députés ont approuvé deux amendements en ce sens, mercredi 26 mars, en commission à l'Assemblée nationale, en marge de l'examen du projet de loi "simplification". Les ZFE, ce sont ces zones où les voitures les plus polluantes sont bannies, celles qui ont les vignettes Crit'air 3,4 et 5, pour lutter contre la pollution de l'air.
Ces deux amendements sont un premier pas vers la suppression des 42 ZFE, dont les plus strictes, celles de Paris, Lyon, Montpellier et Grenoble. Ce n'est qu'une première étape, dont la droite et l'extrême droite se félicitent et qui inquiète les associations de défense de l'environnement et de la santé. Les automobilistes et les autres usagers sont divisés.
"Un séparatisme territorial"
Alors que rien que dans la métropole du Grand Paris, plus d'1,5 million de véhicules ont des vignettes trop élevées, les premiers concernés sont mitigés. Comme cette automobiliste, Talia, qui conduit tous les jours pour se rendre à son travail. Elle effectue 50 kilomètres aller-retour entre Noisy-le-Sec, en Seine-Saint-Denis, et Boulogne-Billancourt, dans les Hauts-de-Seine. Et pourtant sur le pare-brise de sa voiture, il y a une vignette Crit'air 3 de couleur orange. Sa voiture est donc normalement bannie de Paris et de sa petite couronne. La jeune femme est consciente d'être "totalement concernée", mais pas question pour elle de changer son véhicule. "Non, pas actuellement parce que je n'en ai pas les moyens. C'est trop cher et elle roule bien, elle n'a pas de problème", explique Talia. Elle est donc soulagée par les amendements votés par les députés : "Maintenant je n'aurai plus d'amende par rapport à ça", se réjouit-elle.
Ces ZFE sont "une blessure sociale, un séparatisme territorial", pour le député RN Pierre Meurin. "Nous devons, en responsabilité, faire le travail pour arrêter cette dinguerie que sont les ZFE", affirme l'élu qui a déposé l'un des amendements adoptés, comme le second, proposé par Les Républicains, voté avec les voix de LR, du RN, mais aussi certains macronistes et l'abstention de députés de gauche.
"Vous êtes en train d'empêcher des gens qui ont des vieilles voitures qui n'ont pas les moyens de s'en payer des neuves, d'accéder au centre-ville, peut-être de travailler."
un automobilisteà franceinfo
Ce cadre parisien, rencontré à une pompe à essence à la sortie du périphérique parisien, se dit également satisfait. Pour lui aussi, les ZFE sont synonymes d'injustice sociale : "Je trouve ça assez discriminant socialement, notamment dans les petites villes où il n'y a pas de transports en commun. Donc je trouve ça plutôt une bonne chose de les supprimer."
En revanche, Éric et Tarik, chauffeurs de taxi, s'agacent, eux, de ce revirement. "On achète la vignette, mais pour quelle raison, si on supprime les mesures derrière ?", s'interroge l'un. "La problématique, rebondit l'autre, c'est qu'on a forcé les gens à passer à l'électrique ou à l'hybride. Donc les gens ont dépensé de l'argent, puis maintenant on va en arrière. Donc c'est vrai que c'est un problème parce qu'on a investi pas mal d'argent pour se mettre en conformité avec ces fameuses zones. Aujourd'hui le coût d'un véhicule électrique est énorme."
Favoriser à nouveau les véhicules moins polluants
La priorité de Perrine, c'est l'environnement. Cette Parisienne ne conduit pas, utilise uniquement les transports en commun et regrette de voir l'écologie passer une nouvelle fois au second plan. "Une politique écologique forte, c'est quand même important. Quand on fait du sport ou quand on va à l'extérieur, s'il y a plus de pollution, c'est moins bien en termes de santé", estime-t-elle.
"En ce moment, on revient beaucoup en arrière sur plein de choses sur l'écologie et ce n’est pas forcément un bon signal."
Perrine, Parisienneà franceinfo
C'est un vote irresponsable, dénonce, pour sa part, Tony Rénucci, de l'association Respire : "Les supprimer ne résoudra rien aux 40 000 morts par an et aux nombreuses maladies respiratoires et cardiovasculaires que la pollution cause en France chaque année." La solution, selon lui, est plutôt d'aider les ménages à s'offrir des véhicules moins polluants. Sauf que c'est l'inverse qui est fait, critique Tony Rénucci. "Le gouvernement a supprimé la prime à la conversion, a réduit le bonus écologique, rappelle-t-il. Moi, ce que j'aimerais maintenant, c'est de voir une proposition de loi qui propose de rétablir les aides qui auraient pu permettre d'acheter des véhicules pour justement pouvoir appliquer ces ZFE." Ce n'est pas au programme. Trois propositions de loi ont bien été déposées au Parlement, mais pour supprimer ou pour suspendre les ZFE.
Commentaires
Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.
Déjà un compte ? Se connecter